« Je ne suis pas un héros », assure Lassana Bathily, dix ans après l’attentat contre l’Hyper Cacher
Il y a dix ans jour pour jour, Lassana Bathily, employé du supermarché Hyper Cacher de la porte de Vincennes, protégeait des otages en les cachant dans la chambre froide et aidait les policiers à préparer leur assaut. Des souvenirs encore frais dans sa mémoire.

Il y a 10 ans, son nom a été associé à celui de héros. Lors de la prise d’otages dans l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes (XXe arrondissement de Paris) le 9 janvier 2015, au cours de laquelle Amedy Coulibaly a assassiné quatre personnes, Lassana Bathily a aidé des clients à se cacher, leur évitant une mort certaine. Il a, aussi, fourni des informations précieuses aux policiers pour les aider avant leur assaut.
10 ans après, jour pour jour, « la cicatrice reste. Ça me revient encore », raconte sur RFI ce jeudi matin celui qui était alors employé dans le supermarché. « J’ai repris une vie normale, même si le souvenir reste ».
Le jour de l’attentat, alors que les frères Kouachi ont décimé une partie de la rédaction de Charlie Hebdo et tué un gardien de la paix deux jours plus tôt, et qu’Amedy Coulibaly a lui-même assassiné une policière à Montrouge, Lassana Bathily travaille au sous-sol de l’Hyper Cacher lorsque des bruits sourds se font entendre. « Au début, je pensais que c’était un accident de voiture », rembobine-t-il aujourd’hui, au micro de RFI. Mais, à force d’entendre les tirs se répéter et voir les clients descendre au sous-sol où il se trouve, il comprend. « C’est un choc pas possible », raconte-t-il.
« Tout le monde parlait de moi, ça m’a dépassé »
Il fait entrer du monde dans la chambre froide et tient la porte fermée de l’intérieur. Il demande alors à tout le monde de mettre son téléphone en silencieux puis propose aux clients présents de s’enfuir en utilisant le monte-charge. Ils refusent, mais lui tente sa chance. « Je connaissais bien le magasin, je me suis dit : pourquoi je ne tente pas quelque chose ? », se remémore celui qui est désormais employé à la mairie de Paris.
À sa sortie, les policiers l’arrêtent et croient pendant un moment qu’il est l’un des terroristes. « J’étais menotté pendant plus d’1h30 ! », raconte-t-il sur RFI 10 ans après. Finalement, son identité est confirmée et les forces de l’ordre trouvent en lui un atout précieux. Lassana Bathily leur fait un dessin détaillé du magasin. En parallèle, les policiers sont en contact avec un otage pour savoir où il se trouve, et peuvent ainsi préparer le raid.
« Je ne suis pas un héros, juste un simple citoyen qui a réagi au bon moment », juge-t-il aujourd’hui, comme il le faisait déjà à l’époque. Car, quelques heures seulement après les faits, il est déjà présenté comme tel par les médias. « Après les attentats, c’était très difficile. Tout le monde parlait de moi, ça m’a dépassé », se souvient-il. Il faut dire que ce Malien (il a, depuis, acquis la nationalité française) musulman qui a sauvé les clients d’un magasin casher est vite devenu un symbole fort. « J’ai sauvé des êtres humains, qu’ils soient juifs, athées… Peu importe la croyance », insiste aujourd’hui celui qui restera, aux yeux de tous, le héros de l’Hyper Cacher.