Politique « Je ne me le pardonnerai jamais » : Marine Le Pen regrette d'avoir exclu son père du FN
La cheffe de file de l'extrême droite française revient aussi sur la façon dont elle a appris la mort de son père, mort mardi à l'âge de 96 ans.
Dans un entretien paru ce dimanche soir sur le site internet du JDD, Marine Le Pen a dit regretter la décision d'exclure son père, Jean-Marie Le Pen, du Front national (ex-RN) en 2015, « Je ne me pardonnerai jamais cette décision, parce que je sais que cela lui a causé une immense douleur », a confié celle qui lui avait succédé à la tête du parti d'extrême droite en 2011.
Quatre ans après, le finaliste de la présidentielle de 2022 avait estimé que « l'Occupation allemande n'avait pas été particulièrement inhumaine », et promis au chanteur Patrick Bruel une « fournée » : Marine Le Pen, présidente du RN, avait alors décidé de l'exclure du parti, en lui retirant son titre de « président d'honneur ». « Prendre cette décision a été l'une des plus difficiles de ma vie. Et jusqu'à la fin de mon existence, je me poserai toujours la question: "est-ce que j'aurais pu faire autrement?" », fait valoir la triple candidate malheureuse à l'Élysée.
« Injuste » de le juger seulement sur ses « polémiques »
À propos des condamnations de Jean-Marie Le Pen, qui avait notamment renvoyé la Shoah à « un détail » de l'Histoire, la patronne des députés RN à l'Assemblée estime que « c'est un peu injuste de le juger uniquement à l'aune de ces polémiques ». « Sur 80 ans (de vie politique), sauf si vous êtes une sorte d'ectoplasme sarkozyste ou socialiste, il est inévitable d'avoir des sujets qui suscitent des polémiques », relève-t-elle, en considérant toutefois qu'il est « malheureux » que Jean-Marie Le Pen « se soit enferré dans ces provocations ». « Le problème, c'est qu'il recommençait », déplore-t-elle encore.
La mort de Jean-Marie Le Pen a été annoncée mardi par un communiqué signé « Famille Le Pen ». Mais Marine Le Pen, qui se trouvait dans un avion qui la ramenait de Mayotte en métropole, ne l'a appris qu'après, à la faveur d'une escale à Nairobi. « Sur le moment, je n'y ai pas cru. Puis, par acquis de conscience, sachant qu'il avait une santé très fragile, j'ai appelé ma sœur pour savoir ce qu'il en était. Et c'est elle qui me l'a appris », raconte la députée du Pas-de-Calais.
Elle tacle Macron au passage
Marine Le Pen indique encore qu'elle « ne pensait pas » que la classe politique était « capable » de rendre hommage à son père, se disant « agréablement surprise ». Mais, à propos du communiqué d'Emmanuel Macron, selon qui « l'Histoire jugera » Jean-Marie Le Pen, celle qui s'est inclinée à deux reprises au second tour de la présidentielle prédit que le « jugement de l'Histoire » sera bien plus sévère pour le chef de l'État et « retiendra qu'il n'a rien vu et, surtout, rien fait ».