"De nombreuses personnes décèdent dans l’isolement le plus total", une association tire la sonnette d’alarme et dénonce le fléau de "la mort solitaire" en France

Ce mardi 21 janvier, l’association Les Petits Frères des pauvres, qui lutte depuis 2022 contre l’abandon et l’isolement des personnes âgées, a alerté les pouvoirs publics en appelant à la création d’un observatoire sur le sujet de "la mort solitaire".

Ce phénomène touche les personnes âgées qui vivent seules, qui n’ont pas, voir peu, de visites de leurs proches, qui décèdent seules et sont retrouvées des semaines, des mois, voire des années après leur mort. Elle dénonce également "l’absence de statistiques officielles complètes", qui rendent difficile "la prise de conscience de l’ampleur de ce problème social", sur son site internet. Elle écrit également qu'"en France, chaque année, de nombreuses personnes décèdent dans l’isolement le plus total, sans que personne ne s’en aperçoive".

"En France, il n’existe aucune base de données publique centralisée permettant de recenser les morts solitaires", s’indigne l’association. Ni l’INSEE ni les services de santé publique ne mettent en place de bases de données sur ces personnes âgées qui décèdent seules. Les Petits Frères des pauvres indiquent être les seuls à publier, depuis 2022, ce bilan qu’ils qualifient "d’alarmant".

Ce manque de données s’explique par "l’absence d’obligation légale pour les services funéraires de signaler les morts solitaires", mais aussi par des "procédures administratives floues pour identifier les personnes décédées sans entourage".

Des chiffres alarmants

L’association a dressé un bilan en quelques chiffres :

• 33 cas de morts solitaires ont été enregistrés l’an dernier, en France.
• En 2023, ce sont 21 personnes âgées qui sont décédées seules, en France.
• L’année 2022 a recensé 13 décès de morts solitaires, en France.
• 2 personnes âgées et isolées sont retrouvées mortes chaque mois.

Comment agir ?

Les Petits Frères des pauvres écrivent également sur leur site les gestes que peuvent adopter l’entourage ou encore les voisins afin de réduire ces "morts solitaires" et de se rendre compte de manière plus rapide qu’une personne âgée est décédée :

• Sonner ou frapper à la porte, cela permet de "vérifier si la personne est présente ou réagit."
• Se renseigner auprès du voisinage, en échangeant "avec les voisins pour savoir s’ils ont vu ou entendu la personne récemment."
• Alerter le gardien ou le syndic de l’immeuble, car ils "peuvent intervenir ou accéder à des informations utiles."
• Prendre contact avec la mairie, si des doutes persistent, "ils pourront orienter les démarches nécessaires."

Pour que leurs actions soient menées jusqu’au bout, l’association propose différentes solutions en demandant laquelle paraît être la plus urgente à ces visiteurs : la création d’un système d’alerte, un formulaire en ligne de signalement, un observatoire de la mort solitaire et la création d’une date annuelle en hommage à ces décès.

Les actions des voisins européens

L’association met aussi en lumière les actions réalisées par d’autres pays européens.

L’Angleterre commence à mener petit à petit des études et des rapports qui dévoilent au grand jour le nombre de décès solitaires. Et ce n’est pas tout, en 2018, "un ministère dédié à la solitude a été créé, reconnaissant ainsi l’ampleur du problème et la nécessité d’interventions ciblées pour renforcer les liens sociaux et prévenir les décès solitaires", précisent-ils.

Aux Pays-Bas, une autre initiative a été mise en place : celle du rôle des voisins avec le programme "Watch Out for Your Neighbor", qui encourage les habitants à "prêter attention aux signes inhabituels" comme une boîte aux lettres qui déborde.

Du côté de la Finlande, les appartements des personnes âgées vivant seules sont dotés de capteurs de mouvements qui "analysent les mouvements quotidiens (comme aller aux toilettes, ouvrir le frigo ou allumer la lumière)". Dans le cas où aucun mouvement ne serait capté, "une alerte est automatiquement envoyée à un proche ou à un service médical".

L’Espagne lie la jeunesse à ces personnes âgées en les mettant en relation. Un jeune vient en quelque sorte "adopter" une personne âgée et "les deux parties s’engagent réciproquement à se voir régulièrement".

En France, ce sont près de 530 000 personnes qui sont en situation de mort sociale.