Justice Procès criminel ordonné pour un policier ayant éborgné le gilet jaune Jérôme Rodrigues

Un policier, suspecté d'avoir éborgné le manifestant "gilet jaune" Jérôme Rodrigues avec une grenade à main de désencerclement en janvier 2019 à Paris, sera jugé devant la cour criminelle départementale, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier.

La rédaction avec AFP - 24 janv. 2025 à 13:45 | mis à jour le 24 janv. 2025 à 14:21 - Temps de lecture : 3 min
Jérôme Rodrigues a perdu l'usage de son œil droit. Photo Sipa/Chang Martin

Jérôme Rodrigues a perdu l'usage de son œil droit. Photo Sipa/Chang Martin

Brice C., un policier de 34 ans, suspecté d'avoir fait perdre un œil au "gilet jaune" Jérôme Rodrigues avec unegrenade de désencerclement, passera devant le tribunal. Deux juges d'instruction ont ordonné vendredi qu'il soit jugé pour violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente par personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions, soit un crime passible de 15 ans de réclusion criminelle.

« La politique d'Emmanuel Macron sera jugée »

« Cette décision est l'aboutissement du combat des victimes de violences policières pendant le mouvement des gilets jaunes », a réagi Me Arié Alimi, l'avocat de Jérôme Rodrigues, 45 ans, qui a définitivement perdu l'usage de son œil droit. « Derrière le policier qui sera jugé en cour criminelle, c'est la Police nationale, la préfecture de police de Paris et la politique d'Emmanuel Macron pendant le mouvement des gilets jaunes qui seront jugés », a-t-il ajouté.

En revanche, les juges d'instruction ont ordonné un non-lieu en faveur d'un second policier, soupçonné d'avoir blessé à la jambe Michaël, un ami de Jérôme Rodrigues, par un tir de lanceur de balles de défense (LBD). Les deux fonctionnaires de police avaient été mis en examen en janvier 2021 pour avoir blessé les deux hommes.

Un second policier bientôt jugé

Le 26 janvier 2019, ces policiers, membres de compagnies d'intervention (CSI), intervenaient dans le cadre d'une manifestation tendue des gilets jaunes, place de la Bastille à Paris. De nombreux jets de projectiles de manifestants sur les forces de l'ordre avaient nécessité l'usage d'un engin lanceur d'eau et de grenades lacrymogènes, rappellent les deux magistrats. C'est dans ce contexte que Jérôme Rodrigues avait été blessé à l'œil.

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L'avocat de Brice C. a soutenu qu'il avait agi « en état de légitime défense », le lancer de grenade étant intervenu « dans un contexte insurrectionnel » et « en direction de personnes qui portaient atteinte à l'intégrité physique des policiers », est-il précisé dans l'ordonnance.

Mais les témoignages et les vidéos analysées lors des investigations ont permis d'établir que « le groupe au sein duquel évoluait Jérôme Rodrigues n'était pas violent » donc ne constituait pas « un attroupement violent susceptible de permettre l'usage de la force publique », considèrent les juges d'instruction.

Ce procès criminel serait parmi les premiers concernant les violences commises par des policiers lors des manifestations des gilets jaunes qui ont débuté à l'automne 2018. Un autre policier, Fabrice T., sera également jugé par la cour criminelle départementale de Paris pour avoir éborgné avec une grenade lacrymogène Manuel Coisne, en novembre 2019.