Proche-Orient Six otages israéliens libérés cette semaine, les Palestiniens autorisés à revenir dans le nord de Gaza

Benjamin Netanyahou a annoncé dimanche soir que les négociations avec le Hamas étaient débloquées, permettant la libération de trois otages jeudi, trois autres samedi, avec en échange l'autorisation pour les déplacés de Gaza de retourner dans le nord du territoire.

La rédaction avec AFP - 27 janv. 2025 à 06:50 | mis à jour le 27 janv. 2025 à 19:40 - Temps de lecture : 4 min
Les Palestiniens du nord de Gaza peuvent regagner ce qu'il reste de leurs habtations dès ce lundi. Photo Abdel Kareem Hana

Les Palestiniens du nord de Gaza peuvent regagner ce qu'il reste de leurs habtations dès ce lundi. Photo Abdel Kareem Hana

Une marée humaine de déplacés s'était mise en route ce lundi vers le nord de la bande de Gaza. Ce lundi soir, le Hamas annonce que 300000 déplacés ont pu rentrer dans cette zone.

Israël avait annoncé que les déplacés pourraient commencer ce lundi à retourner dans le nord du territoire, après un accord avec le mouvement islamiste palestinien Hamas permettant la libération prochaine d'otages. Cette entente permet de préserver le fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, dévastée par 15 mois de guerre et dont la quasi-totalité des habitants ont été déplacés.

Des couacs dans le respect de l'accord

Des « dizaines de milliers » de déplacés, selon la Défense civile, avaient été empêchés dimanche par Israël de retourner dans le nord de Gaza via le passage de Netzarim, qui coupe le territoire en deux. Israël avait justifié son refus de les laisser passer par la non-libération d'une civile, Arbel Yehud, et l'absence de liste sur la situation des otages. Dimanche soir, Benjamin Netanyahou a finalement annoncé un déblocage des négociations et que le Hamas libérerait trois otages jeudi dont Arbel Yehud et, comme prévu par la première phase de l'accord de trêve entre Israël et le Hamas, trois autres samedi.

« Dans le cadre de ces arrangements », Israël "autorisera à partir de (lundi) matin le passage des Gazaouis vers le nord de la bande de Gaza, a ajouté le bureau du Premier ministre. Le Hamas avait de son côté accusé dimanche Israël de « violer » l'accord en empêchant le retour des habitants du nord de Gaza.

« Nous ne quitterons pas Gaza »

Le Hamas tout comme le président palestinien Mahmoud Abbas ont par ailleurs critiqué dimanche la proposition de Donald Trump de déplacer les habitants de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie pour, selon lui, « faire le ménage » dans le territoire. Le président américain a comparé samedi le territoire palestinien dévasté à un « site de démolition ».

L'immense majorité des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre à l'intérieur du territoire assiégé. Pour les Palestiniens, toute tentative de déplacement hors de leur territoire évoque le souvenir de la « Nakba », ou « Catastrophe » en arabe, le nom donné au déplacement de masse qui a suivi la création d'Israël en 1948. « Nous déclarons à Trump et au monde entier: nous ne quitterons pas la Palestine ou Gaza, peu importe ce qui arrive », a déclaré un déplacé originaire de la ville de Gaza, Rashad al-Naji.

Un nettoyage ethnique qui ne dit pas son nom

Les Palestiniens « feront échouer » la proposition de Donald Trump « comme ils ont fait échouer tous les projets de déplacement pendant des décennies », a réagi dimanche Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas. Le Jihad islamique, un autre mouvement palestinien armé, a estimé que ces propos encourageaient les « crimes de guerre et crimes contre l'humanité » à Gaza. Rival du Hamas qui avait chassé l'Autorité palestinienne et pris le pouvoir à Gaza en 2007, Mahmoud Abbas a condamné « tout projet » visant à déplacer les Gazaouis.

La Jordanie, qui accueille environ 2,3 millions de réfugiés palestiniens, tout comme l’Égypte ont réaffirmé dimanche tout rejet d'un « déplacement forcé » des Palestiniens. La Ligue arabe a mis en garde contre « les tentatives visant à déraciner les Palestiniens de leur terre », ce qui « ne pourrait être qualifié autrement que comme du nettoyage ethnique ». Le ministre israélien d'extrême droite Bezalel Smotrich a de son côté qualifié la proposition de Donald Trump d'« excellente idée », affirmant que les Palestiniens pourraient « établir une nouvelle et belle vie ailleurs ».

« Qu'ils ramènent les enfants »

La première phase de l'accord de cessez-le-feu conclu après 15 mois de guerre doit durer six semaines et permettre la libération au total de 33 otages retenus à Gaza contre quelque 1 900 Palestiniens. Dans le deuxième échange survenu durant cette trêve entrée dans sa deuxième semaine, quatre soldates israéliennes ont été libérées samedi par le mouvement islamiste contre environ 200 Palestiniens détenus dans des geôles israéliennes.

Pendant cette première phase doivent être négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre, avant la dernière étape portant sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des otages morts en captivité.