Montée des eaux: une nouvelle méthode révèle l'ampleur "très probable" de la hausse du niveau des mers

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Dans un scénario d'émissions de gaz à effet de serre élevées, le niveau des mers augmentera "très probablement" de 0,5 à 1,9 mètre d'ici à 2100, ont calculé des chercheurs. La fourchette haute serait ainsi supérieure de 90 centimètres par rapport à la dernière projection du Giec (NTU Singapour)

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"Très" probable, ou juste probable ? Si la nuance peut sembler relativement floue dans le langage commun, en termes scientifiques, cela correspond à deux réalités définies avec précision : neuf chances sur dix que l'événement se produise (90 % de probabilité), ou seulement deux chances sur trois (66 %), respectivement.

Les projections du niveau de la mer d'ici 2100 reposent sur la modélisation des processus climatiques, c'est-à-dire leur simplification et leur représentation informatique. Certaines d'entre elles incluent des phénomènes bien compris, tels que la fonte des glaciers. D'autres, en revanche, intègrent des événements plus incertains : l'effondrement brutal d'un gros morceau de banquise, par exemple.

En ne tenant compte que des facteurs que l'on sait simuler de manière fiable, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) avait obtenu une fourchette "probable" entre 0,6 et 1 mètre dans un scénario d'émissions de gaz à effet de serre élevées. Des chercheurs singapouriens et néerlandais, eux, se sont attelés au calcul de l'ampleur "très probable".

90 centimètres de plus (fourchette haute)

Publiée en décembre dernier dans la revue Earth's future (B. S. Grandey et al., 2024), leur étude repose sur l'approche dite de la "fusion" – appelée ainsi parce qu'elle combine à la fois les modèles existants et l'impact d'évènements plus incertains. En fonction de l'avis des experts au sujet de ces derniers, un "poids" plus ou moins important leur est accordé dans le calcul des projections.

La fourchette de montée des eaux qui en résulte est plus large, et s'étend ainsi entre 0,5 et 1,9 mètre dans un scénario d'émissions élevées. Soit, pour la fourchette haute, 90 centimètres de plus par rapport aux projections du Giec dans le même scénario.

"Nos nouvelles projections soulignent à quel point les incertitudes sont grandes en ce qui concerne l'élévation du niveau de la mer", a commenté le Dr Benjamin Grandey, premier auteur de l'étude, dans un communiqué de l'université nationale de technologie de Singapour (NTU Singapour) où il exerce.

Des applications en termes d'urbanisme

Si cette nouvelle méthode pose la question du consensus scientifique (comment s'assurer que les experts sont d'accord sur le poids à accorder à l'effet des évènements incertains ?), les auteurs estiment qu'elle fournit néanmoins des informations "précieuses" aux urbanistes et aux gouvernements pour décider des mesures visant à protéger les communautés vulnérables.

"La projection la plus élevée, de 1,9 mètre, souligne la nécessité pour les décideurs de planifier en conséquence les infrastructures essentielles", pointe ainsi le Dr Grandey. "Plus important encore, ces résultats soulignent l'importance de l'atténuation du changement climatique par la réduction des émissions de gaz à effet de serre", conclut-il.

Face aux inondations côtières liées à la hausse du niveau de la mer (le niveau moyen des océans ayant déjà augmenté de 20 cm depuis 1900, rappelle le DataLab du ministère de l'Écologie), les digues et les "barrières naturelles" telles que les mangroves, les récifs coralliens et les herbiers marins se complètent avantageusement, a montré une récente étude.

Nastasia Michaels Journaliste rédactrice web Environnement GEO.fr
Avant de devenir journaliste scientifique et de publier ses articles dans la rubrique Environnement de GEO.fr ainsi que dans les pages du magazine GEO, Nastasia a côtoyé les chercheuses et les chercheurs dans le cadre de plusieurs stages réalisés au sein des laboratoires du Muséum national d'Histoire naturelle à Paris. Désireuse de transmettre ses connaissances, elle a complété son Master 2 en "Ecologie, Biodiversité, Evolution" à Sorbonne Université (ex Université Pierre et Marie Curie - Paris VI) par un Master 2 en "Journalisme et communication scientifiques" à l'Université de Paris (ex Paris Diderot). À travers ses nombreux voyages en Afrique, en Amérique centrale et en Asie, elle a développé un vif intérêt pour les relations entre les sociétés humaines et les écosystèmes, terrestres ou marins. Sa maîtrise de l'anglais (langue maternelle de son père) et de l'espagnol lui ouvrent l'accès à des sources d'information variées, principalement des publications scientifiques dans les domaines de la biodiversité, du climat ou de la botanique par exemple. La complexité du vivant la fascine chaque jour davantage.
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