Violences intrafamiliales, vols, cambriolages, violences sexuelles, dégradations, escroqueries, stupéfiants : ce que révèle "l’atlas de la délinquance 2024" dans l’Aude

Que livre cet atlas ?

Chaque année, en janvier, le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publie sur Interstats une "première photographie" de l’insécurité et de la délinquance pour l’année achevée. Un état des lieux complété depuis 2024 d’un atlas départemental de la délinquance, livré l’an passé en juillet pour la délinquance 2023. En ce début d’année 2025, le SSMSI a pris de l’avance, publiant dès le vendredi 31 janvier l’atlas de la délinquance enregistrée en 2024.

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Un document qui, pour chaque département, compile les 17 principaux indicateurs de la délinquance issue des données enregistrées par la police et la gendarmerie nationale. Selon les crimes ou délits, l’atlas permet de dénombrer les victimes (plus particulièrement pour les atteintes volontaires à l’intégrité physique, les AVIP), les infractions, les victimes entendues, les véhicules touchés ou les mis en cause (pour les stupéfiants, Ndlr). Des chiffres mis en perspective par rapport à l’année précédente, mais aussi resitués dans une évolution moyenne annuelle depuis 2016. L’atlas offre enfin un ratio de faits enregistrés pour 1 000 habitants, comparés aux taux régionaux et nationaux.

Quelles évolutions dans l’Aude ?

411 700 crimes et délits à l’échelle nationale en 2023, 412 000 l’an passé : les données du SSMSI laissent entrevoir une stabilisation de la délinquance en France, avec une modeste progression de 0,07 %. Mais ce total masque des évolutions variables, entre hausse de 7 % des tentatives d’homicide (4 305 victimes en France), de 9 % des viols et tentatives de viol (46 300 victimes), et recul de 11 % des vols violents sans arme (48 400 infractions).

À l’échelle départementale, le cumul des crimes et délits est de 17 456 faits et/ou victimes, traduisant une hausse plus flagrante qu’à l’échelle nationale, de 3,2 % par rapport à 2023. Là encore, les évolutions diffèrent, puisque sept des indicateurs sont à la baisse (ils n’étaient que trois en recul dans l’atlas 2023, Ndlr). Mais comme pour toute statistique, les pourcentages sont à relativiser par rapport aux chiffres bruts : il en va ainsi du net recul des vols avec arme (-14,3 %, quand la tendance nationale est à la stabilité, Ndlr) recensés dans l’Aude, mais qui ne représentent "que" 24 infractions pour 2024. Même biais à éviter à l’heure de lire les + 92,3 % de tentatives d’homicides, à rapporter aux 25 victimes recensées.

Un trio de tête inchangé et des particularités

3 777 destructions et dégradations volontaires (nombre d’infractions), 2 766 vols sans violence contre des personnes (victimes entendues), et enfin 2 083 escroqueries (victimes) : le trio de tête des infractions audoises est occupé par les mêmes délits qu’en 2023, cumulant près de la moitié du total des infractions de l’année 2024 (49,4 %). Trois indicateurs audois qui sont, certes dans le désordre, identiques à ceux qui font le "podium" national, avec 608 000 vols sans violence, 527 800 destructions et dégradations volontaires, et 412 000 escroqueries et fraudes aux moyens de paiement.

Des chiffres bruts, que le nombre de crimes et délits enregistrés pour 1 000 habitants permet de lisser. De quoi constater que l’Aude se distingue pour certains indicateurs : il en va ainsi des destructions et dégradations volontaires (10 ‰, contre 8,3 en Occitanie et 7,8 en France) ; mais aussi des vols dans les véhicules, malgré le recul des infractions en 2024 (4,2 ‰ contre 3,8 en région et au national) ; ou enfin des coups et blessures volontaires, en recul l’an passé (- 2,4 %), mais avec un taux de 2,4 ‰ (2,1 % en Occitanie et 2,2 ‰ et France). Une différence également sensible, mais dans le sens inverse, sur le sujet des trafics de stupéfiants : avec 212 mis en cause en 2024, l’Aude affiche un recul de 10,9 % des infractions, mais aussi un taux de 0,6‰, contre 0,8 ‰ en Occitanie et en France ; et si, sur les usages de stupéfiants (1 210 mis en cause), une hausse est relevée (+ 7,4 %), le taux reste loin des niveaux régionaux et nationaux (3,2 ‰ contre 3,7 et 4,2).

Les atteintes aux personnes stables

Les forces de l’ordre l’avaient répété lors de l’épidémie de coronavirus : les confinements à répétition avaient pesé lourd dans les reculs, notamment, des vols sans violence contre des personnes, cambriolages ou vols de véhicules. Depuis 2022, l’effet Covid n’est plus qu’un souvenir, en témoigne le "boom" des cambriolages l’an dernier (+ 15,2 %), et même si certains indicateurs n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant-2020, comme les vols sans violence contre des personnes (3 500 en 2019 pour 2 766 en 2024, en recul, comme en 2023, Ndlr).

Mais le Covid avait en revanche marqué une rupture dans la structuration de la délinquance audoise : en 2019, les atteintes aux biens (AAB) représentaient alors 64 % de la délinquance globale, et les AVIP 18 %. Une répartition bouleversée, selon l’atlas départemental 2023, avec 46,3 % d’AAB et 33,3 % d’AVIP. Un nouveau paysage confirmé l’an passé (47,9 % d’AAB et 31,9 % d’AVIP). Cette évolution, police ou gendarmerie l’avaient notamment expliquée par une libération de la parole sur les douloureux sujets des violences intrafamiliales et des violences sexuelles : des infractions qui, en 2024, ont respectivement concerné 1 072 et 669 victimes. Avec de modestes hausses de 0,8 % et 2,9 % par rapport à 2023. Mais qui ne doivent pas faire oublier une évolution moyenne annuelle à deux chiffres depuis 2016 (+ 13,3 % et + 17,7 %).