« Tripatouillage électoral », « entourloupe », « République bananière », l'opposition s'étrangle pour dénoncer les méthodes de la majorité au sujet de la réforme territoriale.
Lors de son interview sur BFMTV/RMC, mardi 6 mai, le président François Hollande a évoqué un report des élections régionales de 2015 à 2016, afin « d'avoir le temps » de redécouper la carte des régions :
« Je pense que ça serait intelligent de faire des élections régionales et départementales avec le nouveau découpage. »
La droite ne partage pas cette logique et estime que le président socialiste cherche plutôt à éviter une nouvelle défaite électorale, après la déroute de son parti aux municipales de mars. Mercredi 7 mai, l'ancien premier ministre, François Fillon, également invité de Jean-Jacques Bourdin, a notamment réagi :
« Il n'y a que dans des pays totalitaires qu'on voit des choses comme ça. »
Pourtant, contrairement à ce que l'affirmation de François Fillon laisse entendre, le report des élections régionales n'est pas un fait inédit en France. En effet, sous la présidence de Jacques Chirac, les élections cantonales et municipales prévues en mars 2007 avaient été reportées à mars 2008. La raison invoquée par la loi de décembre 2005 prorogeant la durée des mandats des conseillers municipaux et des conseillers régionaux renouvelables en 2007 était alors « les difficultés de mise en œuvre » du calendrier électoral de l'année 2007. Cette année-là, devaient se tenir à la fois les scrutins présidentiel, législatif, municipal et cantonal.
Exercice « contraire à la démocratie »
Par ailleurs, les propos de François Fillon, et la réaction de l'UMP de manière générale, ne sont pas sans rappeler les dénonciations du PS au moment du redécoupage électoral lancé en 2009 par Nicolas Sarkozy : ce n'est pas la première fois que l'opposition accuse la majorité de façonner la réforme territoriale à son avantage.
Le projet de redécoupage électoral de 2009 porté par le secrétaire d'Etat aux collectivités territoriales, Alain Marleix, avait suscité la colère du PS qui avait alors qualifié le projet de « scandaleux ». Pour rappel, le gouvernement envisageait dans un premier temps de supprimer 33 circonscriptions, dont 9 seulement détenues par la droites et 23 par la gauche. Le projet final touchait 10 circonscriptions détenues par l'UMP, 19 par le PS, 2 par les Verts et une par le PCF.
Le président du groupe socialiste de l'Assemblée nationale d'alors, Jean-Marc Ayrault, avait accusé le gouvernement de procéder à un « tripatouillage » des circonscriptions. Selon lui :
« Il est évident qu'on n'est pas dans le cadre d'un exercice démocratique. »
Si nul ne contestait la réforme, étant donné l'urgence de remédier à des écarts démographiques exorbitants entre des circonscriptions obsolètes créées en 1986, la méthode employée avait été qualifiée par la gauche de « charcutage électoral ». Le même vocabulaire employé aujourd'hui par la droite, désormais dans l'opposition.
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