Un gynécologue, poursuivi pour blessures involontaires, a été jugé ce lundi 3 mars devant le tribunal correctionnel de Senlis (Oise). Il est accusé par l'une de ses patientes de lui avoir retiré les ovaires contre sa volonté, alors qu'elle le consultait pour une ablation de l'utérus. Le substitut du procureur a requis six mois de prison avec sursis.
Elle s’était rendue à l’hôpital pour une ablation de l’utérus ; la quinquagénaire en est ressortie sans ovaires. Près de six ans après cette opération s’est tenu le procès d’un gynécologue obstétricien poursuivi pour blessures involontaires, ce lundi 3 mars devant le tribunal correctionnel de Senlis (Oise). Les faits remontent à juin 2018, comme le relate Le Parisien. À cette date, le praticien diagnostique à la victime des fibromes (des tumeurs bénignes développées à partir du muscle de l’utérus), nécessitant une hystérectomie – soit une ablation de l’utérus.
La patiente l’a répété à son médecin comme à l’infirmière de l’hôpital de Senlis, juste avant l’intervention : elle souhaite conserver ses ovaires. Problème : le jour de l’opération, la quinquagénaire n’est pas en possession de sa fiche d’information et de consentement, sur laquelle figuraient toutes ses volontés. « Normalement, la fiche d’information et de consentement aurait dû être transmise entre mon cabinet et l’hôpital. Et si la patiente ne l’avait pas avec elle lors de son admission, j’aurais dû en être informé », souligne le gynécologue au cours de son audience.
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Ce n’est que lors de la visite postopératoire, deux semaines après l’intervention, que le médecin se rend compte de son erreur. La patiente avait bien subi une ablation complète – ovaires compris. « Quand il s’est aperçu qu’il avait fait une erreur, il m’a dit qu’il avait fait une grosse bêtise mais qu’il ne pouvait pas me remettre mes ovaires, raconte la victime. Ça m’avait choqué. Car moi, on m’a enlevé ma féminité, on m’a amputé. J’ai perdu ma vie sexuelle et j’ai fait une ménopause forcée, qui a eu des incidences sur ma santé, notamment au niveau de la thyroïde. »
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Six mois de prison avec sursis requis
En conséquence, le substitut du procureur retient une « faute simple qui a entraîné une mutilation », et requiert six mois de prison avec sursis à l’encontre du gynécologue, âgé de 60 ans. Rappelons que ce praticien avait déjà fait l’objet de cinq réclamations de la part de patientes pour d’autres motifs mais aucune ne l’avait jusqu’alors amené devant un tribunal pénal.
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Du côté de la défense, Me Martine Mandereau, l’avocate du médecin, estime qu’il n’a commis aucune faute et demande la relaxe de son client. « La victime aurait sans doute dû entamer une procédure contre l’hôpital car l’infirmière n’a pas fait part au chirurgien de ce que souhaitait la patiente. Au lieu de cela, elle lui a fait signer une simple fiche, qui va ensuite faire office de consentement et entraîner la confusion. C’est toute une série de dysfonctionnements qui ont abouti à cet accident médical. » La décision du tribunal sera rendue le 17 mars prochain.