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En 2023, les pensions militaires versées à plus de 316 000 retraités de droit direct pesaient bien, hors dépenses d’invalidité, 9,17 milliards d’euros sur le budget de la défense.
En 2023, les pensions militaires versées à plus de 316 000 retraités de droit direct pesaient bien, hors dépenses d’invalidité, 9,17 milliards d’euros sur le budget de la défense.
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Plus longues et plus élevées, les retraites des militaires pèsent près de 10 milliards d’euros

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Sur Radio Classique, l'ancien directeur général des impôts Jean-Pascal Beaufret a martelé que sur les 60 milliards du ministère de la Défense, dix milliards « ne servaient pas du tout à nous défendre », mais à payer les retraites des fonctionnaires. C'est vrai, mais ça s'explique !

Commentant sur Radio Classique les dépenses de défense de 60 milliards d'euros annoncées par la France en 2025, Jean-Pascal Beaufret, ancien inspecteur des finances passé au privé, a cherché à édifier ses auditeurs en déclarant : « On est très fiers de dire qu'on a atteint les 2 % du PIB. Mais sur ces 60 milliards d’euros, il y a dix milliards qui ne servent pas du tout à nous défendre. C’est la subvention aux retraites des anciens militaires ! ». Si l'on note au passage l'utilisation du terme ambigu de « subvention », comme s’il n’était pas normal que l’État, comme tout employeur, cotise pour les vieux jours de ses fonctionnaires, ce chiffre de 10 milliards d'euros n'a rien de surprenant.

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En 2023, les pensions militaires versées à plus de 316 000 retraités de droit direct, pesaient bien, hors dépenses d’invalidité, 9,17 milliards d’euros sur le budget une armée, dont les effectifs sont légèrement supérieurs à 210 000 après s’être effrités dans les années 90-2000. On relève donc d'emblée que la Défense compte un retraité pour 0,7 actif, quand ce ratio est de 1,28 pour les fonctionnaires civils. Et naturellement, cette donnée démographique défavorable accroît le poids relatif des retraites dans son budget.

Une pension versée bien plus longtemps

Il est vrai aussi que les militaires sont plutôt bien traités. Le montant moyen de leurs pensions liées à l’ancienneté se monte à 1 676 euros, et varie du simple au triple par grande catégorie hiérarchique : 3 026 euros pour les officiers, 1 509 euros pour les sous-officiers et 1 053 euros pour les militaires du rang. Surtout, ils touchent leur pension plus longtemps : dès 27 ans de service pour les officiers, 17 ans pour les non-officiers, ou à 52 ans.

« L’âge moyen des anciens militaires nouvellement pensionnés pour motif d’ancienneté s’élève à 47 ans et 4 mois », relève le bulletin Ecodif Statistiques n° 233 du ministère des armées, de novembre 2023. En 2003, la Cour des comptes estimait même que les militaires percevaient en moyenne leur retraite pendant 34,2 ans, quand cette durée pour les hommes français, en 2023, ne s'élève qu'à 23,3 ans. Et en 2021, les hommes de 72 ans représentaient encore plus de 25,8 % du stock des pensions militaires de retraite de droit direct.

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Ainsi, le poids élevé des retraites dans le budget de l’armée s’explique principalement par deux facteurs : le niveau significatif des pensions d'abord, calculé comme pour les autres fonctionnaires au prorata des six derniers mois de rémunération, mais surtout le temps pendant lequel cette pension est servie. À noter cependant que les fringants haut gradés retraités de l’armée ne peuvent plus cumuler sans limite leur pension, et une nouvelle rémunération annuelle de plus de 8 124,92 euros (augmentée du tiers du montant brut de leur pension).

Les retraites des militaires doivent-elles être rabotées ? L'an dernier le Sénat s'inquiétait des difficultés de l'armée, en compétition avec d'autres employeurs, à recruter des profils de plus en plus qualifiés…

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne