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Bien sûr, il y a les filières classiques (portails Web des entreprises, sites officiels, plateformes recensant les offres, cabinets de recrutement). Mais, dans l'univers de la recherche d'emploi, il existe un autre levier à ne pas négliger – d'autant plus qu'il prend, d'année en année, une place de plus en plus importante : le marché invisible. « Il s'agit de tous les contrats (CDD de plus d'un mois ou CDI) signés sans publication préalable d'une annonce d'emploi », définit Benoit Labrousse, président du groupe Randstad France, qui a récemment réalisé une étude sur le sujet. Ainsi, sur les 9 millions d'embauches effectuées en 2024, 57 % l'ont été sans qu'aucune offre n'ait été publiée – contre 53 % en 2023, 51 % en 2022 et « seulement » 41 % en 2020.
La tendance est donc à l'accélération, même si, à l'échelle du pays, le phénomène n'est pas uniforme. Ainsi, c'est en Corse que le poids du marché invisible est le plus important (75 % des embauches). Sur la deuxième marche du podium, on trouve l'Île-de-France (en 2024, 64 % des recrutements ont été effectués par ce biais – le chiffre monte même à 70 % à Paris), suivie des Hauts-de-France (59 %).
En queue de peloton figurent la région Pays de la Loire (47 %) ainsi que les départements et territoires d'outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Réunion, Mayotte). « Ces écarts s'expliquent par la composition du tissu économique local ainsi que par la capacité et la volonté des entreprises à attirer – ou pas – des personnes qui viennent d'une région voisine, analyse Benoit Labrousse. En Corse, par exemple, le marché est essentiellement local, l'île privilégiant le recrutement de personnes originaires de la région. »
Des TPE et PME qui misent sur le réseau
Les données de Randstad montrent aussi que ce système – qui fait la part belle au bouche-à-oreille et à la cooptation – concerne surtout des secteurs d'activité peu qualifiés : employés de libre-service ou de ménage, ouvriers d'exécution de travaux publics, maçons, agents administratifs, agents de service hospitalier, plongeurs, commis de cuisine, etc. « Dans des professions comme le BTP, le nettoyage ou la restauration, il y a une culture de communauté et de talents, notamment parce que la logique de sous-traitance entre entreprises est très forte, fait remarquer l'expert. Les gens se croisent sur les chantiers ou dans les sociétés et se recommandent les uns les autres. Ces chiffres vont d'ailleurs à l'encontre d'un certain nombre d'idées reçues : de prime abord, on pourrait en effet imaginer que le réseautage touche davantage les populations de cadres ; or, on se rend compte que ce marché-là est finalement assez structuré. »
À quelques exceptions près toutefois : ainsi dans deux régions (Pays de la Loire et Auvergne-Rhône-Alpes), une bonne part des recrutements de comptables (respectivement 41 % et 30 %) a été réalisée sans annonce ; et dans les Hauts-de-Seine, le marché invisible a aussi très bien fonctionné pour les responsables/directeurs administratifs et financiers (80 % des embauches), les commerciaux (65 % des embauches), les développeurs informatiques (61 %) et les chefs de projet en bureau d'études et en recherche et développement (51 %).
« Dans le cas des Hauts-de-Seine, la structure du marché de l'emploi est très particulière, avec notamment la présence du quartier de la Défense, qui constitue un microcosme en soi, indique le président du groupe Randstad France. Mais, d'une manière générale, quand on regarde les profils concernés par le marché invisible, on se rend compte que leurs employeurs sont majoritairement des TPE et des PME.
Or, celles-ci ont l'habitude de faire confiance à leur réseau plutôt que de passer par des processus très organisés. Qui plus est, dans une période où le contexte économique devient plus compliqué, le recrutement d'une personne est un investissement très significatif. Les entreprises ne peuvent pas se permettre de se tromper : elles préfèrent donc faire appel à quelqu'un qu'elles connaissent déjà ou dont on leur a parlé. Car, au-delà des compétences techniques, la capacité à travailler ensemble et l'alignement de valeurs et de culture candidat/entreprise jouent beaucoup dans la réussite d'une embauche. »
« La candidature spontanée n'est pas morte »
Comment, alors, tirer son épingle du jeu dans ce marché invisible ? Quelles sont les bonnes pratiques à adopter pour en profiter ? « Le premier enseignement de cette étude – et la première bonne nouvelle –, c'est que la candidature spontanée n'est pas morte, sourit Benoit Labrousse. Dans certains secteurs, il y a un vrai intérêt à être proactif, c'est-à-dire à contacter des entreprises pour indiquer qu'on est disponible et mettre en avant ses qualifications.
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La deuxième piste à développer est de rester en bons termes avec ses employeurs passés (dans la mesure du possible) afin de pouvoir retrouver des opportunités à l'avenir. L'intérim permet aussi de construire une première relation qui peut se transformer en un contrat plus durable. Enfin, il ne faut pas hésiter à évoquer sa recherche d'emploi auprès de son réseau familial, amical, associatif, etc. Ce conseil est d'ailleurs valable quel que soit le niveau de qualification (cadre ou non-cadre). »
Faut-il pour autant s'attendre à ce que ce marché invisible prenne le pas sur les canaux de recrutement traditionnels et que les offres d'emploi deviennent peu à peu obsolètes ? « Je pense que les groupes ou entreprises de taille significative ne changeront pas leurs processus de recrutement organisés car ils sont soumis à un certain nombre de règles en matière de gouvernance, estime le spécialiste. Pour les professions qualifiées, répondre à une annonce reste la porte d'entrée la plus efficace. Mais cela n'empêche pas que, même dans une démarche cadrée, la cooptation et la recommandation existent ! Parmi trois candidats ayant le même niveau de compétence, celui qui aura déjà eu l'occasion de faire bonne impression – ou dont la candidature a été appuyée – aura sans doute plus de chances de succès… »
LinkedIn ratisse en permanence. Il ne se passe pas une semaine sans que mon mari n'ait un appel d'un recruteur. La nouve...auté depuis quelques semaines c'est que ce sont des recruteurs étrangers sans que l'entreprise n'ait aucune relation de près ou de loin avec son entreprise actuelle. Cela prouve qu'en plus ils vont fouiller dans les CV pour chercher les compétences particulières.
Ça chasse en permanence.
Manuscrites (par chatgpt) sont totalement désuets et inadaptés au monde.
Pas surprenant que le monde adresse le prob...lème avec un système parallèle !
Nuance à mon précédent post. Ce n'est pas rebutant de cultiver et d'élargir son réseau PERSONNEL ; ce qui est humainemen...t rebutant c'est d'élargir son réseau PROFESSIONNEL quand on travaille dans la finance. Je donne toujours promptement et avec très grand plaisir ma carte de blogueur aux gens que je croise dans le 14ème arrondissement de Paris. Mais cultiver son réseau dans la banque-finance, ça ne peut pas être bien perçu puisque 95% des gens ne sont là que pour l'argent.