Nucléaire : les États-Unis demandent au Conseil de sécurité une condamnation de l’Iran

Le drapeau de l'Iran flotte devant l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à Vienne.
Photo : Associated Press / Michael Gruber
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit être « uni » pour condamner clairement le comportement « éhonté » de l'Iran sur son programme nucléaire, ont plaidé mercredi les États-Unis à l'issue d'une réunion à huis clos.
À la suite du dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui estime que l'Iran a augmenté de manière très préoccupante
ses réserves d'uranium enrichi à 60 %, seuil proche des 90 % nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire, le Conseil de sécurité s'est réuni mercredi en privé à la demande de plusieurs membres (États-Unis, Royaume-Uni, France, Grèce, Panama, Corée du Sud).
Le président Trump a été clair sur le fait que le programme nucléaire iranien est une menace à la paix et à la sécurité internationale, que le Conseil de sécurité a la responsabilité de protéger
, a déclaré la mission américaine auprès de l'ONU dans un communiqué, accusant Téhéran de défier le Conseil
.
Le Conseil doit être clair et uni pour répondre et condamner ce comportement éhonté
, a-t-elle ajouté, promettant que les États-Unis allaient continuer d'appliquer la stratégie de pression maximale du président Trump
pour l'empêcher de développer l'arme atomique.
Changement de discours
Cette déclaration intervient alors que, depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump se dit prêt au dialogue avec Téhéran pour un accord sur le nucléaire. Il a révélé avoir écrit une lettre en ce sens aux dirigeants iraniens, avertissant de possibles actions militaires en cas de refus.
Dans ce contexte, l'ambassadeur britannique adjoint à l'ONU James Kariuki a évoqué mercredi une nouvelle fois la possibilité de déclencher le mécanisme qui permettrait de réimposer les sanctions internationales contre Téhéran.
Nous sommes clairs sur le fait que nous prendrons toutes les mesures diplomatiques pour empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire, et cela inclut l'utilisation du "snapback" si nécessaire
, a-t-il déclaré à la presse.
Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne avaient déjà envoyé en décembre une lettre au Conseil évoquant ce scénario.
Khamanei qualifie les menaces d’imprudentes
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a reçu mercredi une lettre de Donald Trump, remise à Téhéran par un haut diplomate émirati, Anwar Gargash, selon les médias iraniens.
Dans le même temps, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a qualifié d'imprudentes
les menaces américaines et a affirmé que des discussions avec Washington ne lèveraient pas les sanctions
.
Il a réitéré que l'Iran ne cherchait pas
à se doter de l'arme nucléaire. Il a jugé que l'invitation américaine à des pourparlers visait à tromper l'opinion publique mondiale
en prétendant montrer que les États-Unis veulent négocier [...], mais que l'Iran n'est pas disposé à le faire
.
L'ayatollah Ali Khamenei avait exhorté en février le gouvernement à ne pas négocier
avec l'administration Trump, après l'amère expérience de l'accord non respecté par Donald Trump lors de son premier mandat.
Donald Trump a rétabli sa politique dite de pression maximale
à l'encontre de l'Iran, avec de nouvelles sanctions contre son secteur pétrolier, et il a menacé d'utiliser la force.
En guise d’illustration de cette pression extrême
, l’administration Trump a interdit au gouvernement irakien de payer l’Iran pour sa fourniture de gaz, qui permet d’alimenter des centrales électriques.
Méfiance envers Trump
Le président américain est perçu avec une profonde méfiance par le pouvoir iranien depuis son retrait avec fracas de l’accord sur le nucléaire iranien.
L’accord a été conclu en 2015 et duquel la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine sont parties prenantes, prévoyait une levée de certaines sanctions et le retour en Iran d'investissements occidentaux en échange d'un contrôle accru des activités nucléaires du pays.
L'Iran respectait ses engagements selon l'AIEA, mais l'accord a volé en éclats lorsqu’en 2018 le président Trump s’est retiré unilatéralement de l’accord et a rétabli les sanctions américaines.
Avec les informations de Agence France-Presse