
FRANCE - Un archipel méconnaissable. Le 14 décembre dernier, le cyclone Chido s’abattait sur Mayotte avec une violence inouïe, emportant tout sur son passage. Les rafales de vent, dépassant les 200 km/h, et les pluies torrentielles ont causé la mort de 39 personnes, blessé 4 000 autres et provoqué des dégâts matériels immenses, laissant derrière elles un triste paysage. Trois mois plus tard, Mayotte lutte encore pour se relever.
Ce vendredi 14 mars, la situation humanitaire à Mayotte reste « extrêmement préoccupante », indique au HuffPost Karine Meaux, responsable des urgences à la Fondation de France. Elle ajoute : « Nous intervenons dans des zones d’urgence partout à travers le monde, mais il est rare, trois mois après une catastrophe naturelle, de constater que les populations continuent de rencontrer des difficultés majeures pour se nourrir et même trouver de l’eau. C’est une situation vraiment exceptionnelle ».
Le passage de Chido a aggravé des crises déjà bien ancrées à Mayotte : celle de l’eau, du logement, de la santé… Trois mois après le cyclone, les défis restent colossaux. Le HuffPost fait le point sur la situation.
• L’accès à la nourriture toujours compliqué
Des boîtes de conserve, de l’huile, du riz, du sucre… Trois mois après le passage du cyclone, les associations poursuivent leurs actions de distribution alimentaire quotidiennement. « Les besoins sont encore très importants », explique Camille Guerin, du Secours Populaire. « À Mayotte, le prix de la nourriture est très élevé et beaucoup d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté », rappelle-t-il. Le cyclone Chido a amplifié cette situation.
Face à cette situation, l’État a également apporté son aide. Durant les sept premières semaines suivant le cyclone, il a envoyé 300 tonnes de denrées alimentaires à Mayotte. Mais cette aide, qui devait être distribuée par les communes, a eu du mal à arriver jusqu’aux victimes, souligne Le Monde. Le journal évoque des discriminations envers « les sinistrés étrangers sans papiers », et des « détournements de l’aide », notamment par certains élus.
• Des coupures d’eau et d’internet persistantes
Le cyclone Chido a provoqué une coupure massive de l’approvisionnement en eau à Mayotte. Trois mois après la catastrophe, l’accès à l’eau reste encore instable : « Il y a des coupures d’eau qui durent parfois deux à trois jours », indique Camille Guerin, du Secours Populaire. « Ce problème n’est malheureusement pas nouveau ; Chido a seulement aggravé une crise qui dure depuis des années », précise-t-il.
L’accès a internet est également instable. « Ces pannes techniques ont un impact direct sur la vie quotidienne des Mahorais, rendant difficile l’organisation de l’entraide, la reprise des activités professionnelles et même les tâches les plus élémentaires au sein des foyers », souligne Karine Meaux, responsable des urgences à la Fondation de France.
• La scolarité de 115 000 élèves perturbée
Les écoles de Mayotte ont été lourdement endommagées par le cyclone. Il a fallu attendre un mois et demi avant que les 115 000 élèves de l’archipel retrouvent le chemin de l’école. À ce jour, la situation reste problématique : plusieurs établissements sont partiellement détruits et le personnel manque.
« Beaucoup d’associations proposent des activités scolaires ou parascolaires pour essayer de remédier au manque de locaux et d’enseignants », indique Karine Meaux de la Fondation de France. « Il y a aussi une partie de la population qui a tout simplement envoyé ses enfants soit à la Réunion, soit en métropole, au moins jusqu’à la rentrée prochaine, ce qui crée des situations familiales assez complexes », ajoute-t-elle.
• Des tonnes de déchets, et des logements à reconstruire
Les écoles n’ont pas été les seules à avoir été ravagées par le cyclone. Au lendemain de la catastrophe, les routes étaient impraticables, car jonchées de débris en tout genre. Le déblaiement a été rapidement organisé. Il reste désormais des tonnes de débris à gérer, qui s’ajoutent aux 400 tonnes d’ordures ménagères quotidiennes de l’archipel, souligne Mayotte la 1re.
Côté logements, de nombreux Mahorais vivent encore sous des toits endommagés. Peu ont pu entamer des travaux, faute d’assurance : seules 10 % des habitations sont couvertes, précise Le Parisien. Une loi d’urgence, entrée en vigueur fin février, ouvre l’accès à un prêt à taux zéro pour la reconstruction. Mais une partie des sinistrés ne pourra pas en bénéficier, faute de papiers en règle.
• Le secteur de la santé à bout de souffle
Avant le passage du cyclone Chido, Mayotte était déjà confrontée à une crise sanitaire grave, marquée par un manque chronique de soignants et d’infrastructures adaptées. L’île ne comptait que 260 médecins pour 321 000 habitants, rapporte Sud Ouest, et un Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), situé à Mamoudzou, déjà saturé. Ce dernier, qui centralise une grande partie des soins, a subi des dégâts importants lors de la catastrophe naturelle.
Pour faire face à l’urgence, un hôpital de campagne avait été mis en place temporairement après le passage de Chido. De grands chapiteaux installés sur le stade de Cavani ont abrité durant plusieurs semaines un bloc opératoire, un laboratoire et un service de réanimation. Mais cet hôpital de campagne a finalement fermé le 21 février dernier, laissant Mayotte de nouveau avec des infrastructures déjà insuffisantes.
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