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L’humanité a bel et bien sauvé la couche d’ozone, et c’est une leçon cruciale

En montrant définitivement que c’est bien la réaction décisive de l’humanité qui permet au trou de la couche d’ozone de se refermer, les auteurs de cette nouvelle étude rappellent également que la lutte contre le changement climatique n’est pas perdue d’avance… à condition que nous nous en donnions les moyens.

Dans un contexte de crise climatique qui s’exacerbe un peu plus chaque jour, les bonnes nouvelles ne se bousculent pas au portillon. Voici une exception particulièrement enthousiasmante, pour plusieurs raisons : une nouvelle étude dirigée par le prestigieux MIT, la plus rigoureuse et documentée à ce jour, confirme que le fameux « trou de la couche d’ozone » est bel et bien en train de se refermer. Une excellente nouvelle qui devra aussi servir de leçon, dans un contexte de crise climatique qui ne cesse de s’aggraver.

Les CFC, une bombe à retardement

Pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette information, il convient de reprendre l’histoire depuis le début. En 1913, les chercheurs français Charles Fabry set Henri Buisson ont confirmé pour la première fois que notre atmosphère contenait une couche d’ozone, un gaz identifié pour la première fois 75 ans plus tôt. Dans les décennies qui ont suivi, d’autres scientifiques ont ensuite documenté son rôle absolument crucial dans le maintien de la vie sur Terre. Elle joue en effet le rôle de bouclier en absorbant plus de 95 % des dangereux rayonnements UV-B émis par le Soleil.

Mais en parallèle, un événement allait complètement bouleverser la dynamique de cette structure atmosphérique si importante : le développement des chlorofluorocarbure, ou CFC, les tout premiers gaz réfrigérants non toxiques et non inflammables.

Ces derniers ont rapidement été adoptés en masse un peu partout dans le monde, car ils ont ouvert la voie à de nouveaux systèmes de climatisation, aux bombes aérosol ainsi qu’à des tas de nouveaux processus industriels exceptionnellement utiles.

Aerosol
Les CFC étaient autrefois utilisés comme gaz réfrigérants ou comme propulseurs. Ils ont depuis été bannis à cause de leur impact sur la couche d’ozone. © Keiron Crasktellanos – Unsplash

Mais ce que l’on ignorait à l’époque, c’est qu’ils allaient aussi devenir les principaux acteurs d’une véritable catastrophe écologique.

Le couperet est tombé une quarantaine d’années plus tard, quand Mario Molina et Sherwood Rowland ont publié une étude historique, prouvant que les CFC détraquent complètement le cycle de l’ozone. Sur la base de ces travaux, trois autres chercheurs ont ensuite montré en 1985 que ces réfrigérants étaient même en train de percer un gigantesque trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique — un constat plein d’implications extrêmement préoccupantes.

Le Protocole de Montréal : un tournant décisif

Et une fois n’est pas coutume, la réaction des humains à cette menace grandissante a été aussi prompte que décisive. Seulement deux ans plus tard, en 1987, 46 nations ont signé le Protocole de Montréal, un texte destiné à bannir complètement l’usage des CFC à l’échelle de la planète. Molina et Rowland ont aussi été auréolés d’un Prix Nobel de Chimie pour leur travail crucial, montrant que l’humanité prenait la situation très au sérieux.

Les effets de cette initiative n’ont pas été immédiats ; il a fallu patienter une vingtaine d’années supplémentaire pour en récolter les fruits. Mais en 2016, la NASA a enfin détecté les premiers signes de régression des taux atmosphériques de CFC. Et depuis, l’ampleur du trou de la couche d’ ozone n’a plus cessé de diminuer.

Mais il y a toutefois un bémol substantiel dans cette histoire. En effet, il est relativement facile de détecter une augmentation de l’ozone atmosphérique. Par contre, il est beaucoup plus délicat d’établir une corrélation statistique solide entre cette tendance et les démarches entreprises par l’humanité. À ce jour, personne n’a réussi à le faire de manière satisfaisante… jusqu’au début du mois de mars 2025.

La confirmation scientifique tant attendue

C’est là qu’interviennent les chercheurs du MIT et leurs collègues. Dans leur nouvelle étude, ils ont fait appel à la méthode de la signature climatique, qui a permis au prix Nobel de physique 2021 Klaus Hasselmann de confirmer que le réchauffement global était bien dû à l’activité humaine. Les auteurs ont recyclé cette méthodologie pour établir un lien entre la régression du trou de la couche d’ozone et les mesures mises en place par l’humanité depuis le Protocole de Montréal.

« L’atmosphère présente une variabilité très chaotique », explique la co-auteure Susan Solomon dans un communiqué du MIT. « Nous cherchons à détecter le signal émergent d’une régénération de l’ozone indépendante de cette variabilité. »

Atmosphère Nasa
© NASA

En pratique, ils ont commencé par réaliser des simulations à très grande échelle de la Terre à partir de différents modèles décrivant la dynamique de l’atmosphère. Par exemple, ils ont effectué des simulations dans des conditions qui ne prévoyaient aucune augmentation des gaz à effet de serre ni des substances appauvrissant la couche d’ozone. Dans ces conditions, toute variation de la couche d’ozone devrait donc résulter de la variabilité naturelle du climat.

Ils ont ensuite comparé ces simulations avec les observations réelles de la couche d’ozone en Antarctique. Cela leur a permis de décrire très précisément la façon dont cette dernière a évolué mois après mois, année après année, pour identifier les changements spécifiquement dus aux mesures comme le retrait des CFC.

Et les résultats ont été aussi spectaculaires que rassurants : au terme de l’analyse, ils ont pu confirmer avec une grande rigueur que c’est bien l’action de l’humanité qui a conduit à la tendance actuelle. Le trou de la couche d’ ozone est toujours parti pour se refermer complètement, mais surtout, il est désormais quasiment certain que c’est la réaction de l’humanité qui a permis d’en arriver là.

Une lueur d’espoir pour l’humanité

C’est une confirmation aussi précieuse qu’encourageante. Et pour cause : à ce jour, le feuilleton de la couche d’ozone reste l’exemple plus spectaculaire qui soit que la communauté internationale est capable d’avancer main dans la main, sur la base de travaux scientifiques sérieux, pour corriger rapidement ses propres erreurs lorsqu’elles menacent directement son existence.

L’histoire de la couche d’ozone devra servir d’exemple pour s’attaquer une fois pour toutes à la lutte contre le réchauffement climatique. © Renzo D’souza – Unsplash

Or, c’est typiquement le genre d’action décisive dont l’humanité aura grand besoin aujourd’hui pour se sortir du terrible bourbier climatique où elle est en train de s’embourber. Force est de constater que la réaction globale a été particulièrement lente et timide jusqu’à présent.

Il ne reste donc plus qu’à espérer que cette confirmation rappellera enfin aux acteurs politiques ce dont les citoyens de la Terre sont capables, et que cela les convaincra enfin de prendre les décisions drastiques qui s’imposent désormais pour laisser un monde habitable aux prochaines générations.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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Source : MIT

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