
Les centristes de l'UDI, qui se sont massivement abstenus lors du vote sur la trajectoire budgétaire présentée le 29 avril par Manuel Valls, se disent prêts à faire un pas supplémentaire en votant pour la réforme territoriale voulue par François Hollande.
« Nous pouvons accompagner et voter une réforme territoriale parce que le pays l'attend, parce que le pays la veut, parce que le pays ne comprend plus l'organisation territoriale, parce que tout cela coûte trop d'argent à nos compatriotes », a déclaré, mercredi 7 mai, Yves Jégo, président par intérim de l'UDI, lors de l'émission « Questions d'info » sur LCP, proposée en partenariat avec Le Monde, France Info et l'AFP.
UNE MÉTHODE PROCHE DU GRENELLE DE L'ENVIRONNEMENT
L'UDI met cependant plusieurs conditions à son soutien : « Nous ne le ferons que si le gouvernement met un peu d'ordre et ne passe pas en force. Nous ne le ferons que s'il utilise la méthode qu'avait employée en son temps Jean-Louis Borloo avec le Grenelle de l'environnement », a précisé Yves Jégo.
Dans une lettre qu'ils viennent d'adresser au président de la République, les dirigeants de l'UDI lui demandent de convoquer des « Etats généraux des territoires » avant l'été, pour mettre autour de la table non seulement les chefs de parti, mais aussi les acteurs de la vie territoriale. « Le gouvernement s'honorait il y a encore quelques mois de réunir les partenaires sociaux ; je ne vois pas pourquoi on ne réunirait pas les partenaires territoriaux », fait valoir Yves Jégo.
A l'issue de la concertation, qui pourrait durer tout le mois de juillet, l'UDI demande au chef de l'Etat de fixer « un calendrier ordonné, clair, qui définisse l'orientation de la simplification territoriale, ainsi que son agenda d'application ».
OPPOSÉ AU REPORT DES ÉLECTIONS
Yves Jégo estime qu'il faut passer de cinq étages territoriaux à trois : « Aujourd'hui, nous avons le local, l'intercommunal, le départemental, le régional et le national. Demain, il faut passer au local, à l'intermédiaire et au national », plaide-t-il en réclamant beaucoup de pragmatisme dans l'application de la réforme. « Dans certains endroits, l'intermédiaire s'appellera l'agglomération, dans d'autres, ce sera le département, ailleurs, ce sera la région. » Il ne veut pas d'un modèle unique imposé par Paris, alors que le gouvernement envisage de réduire de moitié le nombre des régions et de supprimer les conseils départementaux.
Le président par intérim de l'UDI s'est par ailleurs déclaré totalement opposé à l'hypothèse avancée par François Hollande de reporter d'un an les élections régionales prévues en 2015 : « Le jour où le président annonce qu'il faut décaler la date des élections locales à 2016, l'OCDE affime que l'inversion de la courbe du chômage se produira fin 2015. Est-ce que ceci n'explique pas cela ? », s'est-il interrogé en soupçonnant une manœuvre politicienne. Pour lui, l'élection doit se dérouler comme prévu en mars 2015, quitte à réduire la durée du mandat des nouveaux élus.
Alors que l'UMP plaide pour un référendum sur cette réforme, le centriste n'y est pas du tout favorable : « Ne prenons pas en otage la réforme territoriale qui est fondatrice pour l'avenir de notre pays », a-t-il mis en garde, en soulignant que « quand on fait un référendum, en général, les Français répondent à une autre question que celle qu'on leur a posée ».
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