
POLITIQUE - Les chiffres sont têtus. Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, a été interpellé ce mercredi 19 mars dans l’après-midi au Sénat, par Olivier Paccaud, élu LR des Hauts-de-France, sur l’affiche publiée (puis retirée) par La France insoumise la semaine dernière. Les comptes insoumis ont partagé sur les réseaux sociaux un visuel généré par intelligence artificielle, avec le visage du présentateur Cyril Hanouna, reprenant les codes des caricatures antisémites du début du XXe siècle.
Accusant le parti de Jean-Luc Mélenchon de braconner « aux confins du champ républicain », et d’« incarner le fascisme en France en nourrissant la bête immonde », le sénateur Olivier Paccaud demande à Bruno Retailleau de saisir la justice. Dans sa réponse, le ministre de l’intérieur se range d’abord à l’analyse du sénateur concernant LFI, jugeant que, désormais « résiduel » à l’extrême droite, l’antisémitisme a désormais « muté » et présente « un double visage ».
« Le visage de l’islamisme politique et le visage aussi d’une extrême gauche très sectaire, qui utilise l’antisionisme pour attiser la haine raciste, la haine antisémite, en instrumentalisant d’ailleurs souvent la cause palestinienne et à des fins électoralistes », a abondé Bruno Retailleau en assurant qu’il n’avait jamais hésité à saisir la justice.
L’antisémitisme bat des records à l’extrême droite
Si avec cette affiche LFI s’est enlisé dans la crise que ce soit avec une défense bancale, évoquant une « maladresse sur la forme », ou la colère de Jean-Luc Mélenchon intimant à un journaliste de se taire, l’analyse du ministre de l’Intérieur est contredite par plusieurs données.
Dans son rapport annuel, publié en juin 2024, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) confirme bien l’existence de « l’antisémitisme à la gauche de la gauche et notamment chez les proches des insoumis, et des écologistes » mais « sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite et chez les proches du Rassemblement national ». Le positionnement politique « des antisémites ainsi définis », reste plus marqué à droite qu’à gauche et « continue à battre des records à droite et plus particulièrement à l’extrême droite ».
Enfin, dans un autre graphique l’étude montre que les sympathisants de l’extrême gauche et de la gauche restent les plus virulents à lutter contre le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie.

De son côté une étude menée par l’Ifop pour le Crif et la Fondation Jean-Jaurès, et publiée il y a quelques jours à peine, a montré que dans la proportion d’élèves adhérant à au moins un préjugé anti-juif, ceux qui se positionnaient à l’extrême droite sur l’échiquier politique étaient en première position, contre la deuxième position pour l’extrême gauche. En troisième, se trouvaient les élèves se positionnant à droite sur l’échiquier politique.
Dans un autre graphique, l’Ifop montre en revanche que ce sont les élèves se disant à l’extrême gauche qui sont - assez largement - les plus enclins à trouver acceptables des propos stigmatisants ou supposément humoristiques à l’égard des juifs. Ce sont ensuite les jeunes sympathisants de l’extrême droite. Pas vraiment résiduel donc.
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