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Assistants parlementaires fictifs du RN : Jordan Bardella perd un procès contre «Libération»

Le président du parti d’extrême droite avait porté plainte en diffamation contre le titre d’un article le qualifiant d’«assistant parlementaire fantôme».
Jordan Bardella, président du Rassemblement national, prononce son discours de Nouvel An devant la presse à Paris, France, le 27 janvier 2025. (Gonzalo Fuentes/REUTERS)
publié le 21 mars 2025 à 13h49

Jordan Bardella a perdu son premier procès contre Libération. Ce dernier avait porté plainte en diffamation contre le titre – et non le contenu – d’un de nos articles, paru en septembre 2023, qui le qualifiait d’«assistant parlementaire fantôme passé entre les gouttes de la justice».

L’enquête était la première d’une série sur l’emploi que Jordan Bardella est censé avoir occupé au Parlement européen en 2015. Elle a été publiée quelques jours après que le parquet de Paris a rendu son réquisitoire définitif dans l’affaire dite des «assistants fictifs du FN» devenu RN, un vaste système présumé de détournement de fonds publics européens. L’article relatait qu’à la différence de Marine Le Pen, Jordan Bardella n’était pas poursuivi, alors même qu’aux termes de l’enquête menée par Libération, aucune preuve de travail effectif pour son eurodéputé quand il était son assistant, n’avait pu être retrouvée, malgré une rémunération totale de 10 444 euros. Libération n’avait pas encore révélé que, pour maquiller cet ancien emploi spectral, de faux documents antidatés ont été fabriqués pour berner la justice, si elle venait un jour à l’entendre. Ces documents, en partie publiés en septembre 2024 par Libération, n’ont, eux, rien de «fantomatiques».

«Le fantôme étant par définition celui qu’on ne voit jamais»

Si Jordan Bardella a dû considérer l’expression contenue dans le titre de septembre 2023 comme portant atteinte à son honneur, son avocat David Dassa-Le Deist avait été en peine de le démontrer lors de sa plaidoirie devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, en janvier.

Ce jour-là, en l’absence de son client, maître Dassa-Le Deist a tenté d’affirmer que le mot «fantôme», serait diffamatoire, car sous-entendant que Jordan Bardella aurait eu une activité «fantomatique» quand il était assistant parlementaire, en 2015 – ce que tendait à démontrer notre article. «Fantomatique veut dire inexistant, irréel, voire spectral, avait plaidé David Dassa-Le Deist, son dictionnaire des synonymes en tête. Le fantôme étant par définition celui que, sauf à être un adepte du paranormal, on ne voit jamais.» Il avait aussi estimé que la locution «entre les gouttes» choisie dans le titre, serait négative. «L’origine de cette expression se base sur la métaphore relative à la pluie qui, de par ses gouttes, mouille», a-t-il très justement relevé. Avant de convenir que l’article était quant à lui «inattaquable, de très bonne facture, et très bien écrit». Le ministère public avait requis la relaxe.

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