Procès Gérard Depardieu : « Le dossier est solide »… De quoi est accusé l’acteur ?
PROCES•Gérard Depardieu comparaît ces lundi et mardi devant le tribunal correctionnel de Paris, accusé par deux femmes d’agressions sexuelles en 2021
Caroline Politi
L'essentiel
- Gérard Depardieu est jugé ces lundi et mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour agression sexuelle.
- Deux femmes qui travaillaient sur le tournage du film « Les Volets Verts », en 2021, l’accusent notamment d’attouchements. Ce que nie fermement l’acteur.
- « Sur le fond, ma cliente est sereine. Mais elle craint des incidents de procédure pour faire renvoyer le dossier », indique Me Carine Durrieu-Diebolt, l’avocate d’une des plaignantes.
C’est un autre type de scène que s’apprête à fouler, ces lundi et mardi, Gérard Depardieu. L’acteur, dans la tourmente depuis les accusations en cascade à son encontre, est jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour agression sexuelle. Deux femmes qui travaillaient sur le tournage du film Les Volets Verts, en 2021, l’accusent notamment d’attouchements. Ce que nie fermement l’acteur.
Tout démarre le 23 février 2024 quand Amélie, décoratrice sur le tournage du film de Jean Backer, porte plainte contre l’acteur pour « agression sexuelle », « harcèlement sexuel » et « outrages sexistes ». Les faits qu’elle dénonce se seraient déroulés deux ans et demi auparavant, en septembre 2021, dans un hôtel particulier du 16e arrondissement de Paris où était tourné le film. Dans un témoignage livré à Mediapart, cette femme aujourd’hui âgée de 54 ans raconte que l’acteur avait commencé par tenir des propos graveleux, hurlant qu’il voulait un ventilateur car il ne « pouvait même plus bander » à cause de la chaleur. Puis il se serait « vanté » de pouvoir « faire jouir les femmes sans les toucher ». Plusieurs témoignages, à commencer par celui de l’actrice Anouk Grinberg, ont confirmé un tournage rendu compliqué par les propos et le comportement de Gérard Depardieu.
« Chaque renvoi est un nouveau stress pour les victimes »
Amélie raconte que quelques heures après cette saillie, l’acteur l’aurait « soudainement et brutalement » attrapé par la taille, la maintenant ainsi, et lui aurait « pétri la taille pour remonter à sa poitrine », tout en tenant des propos obscènes. Apprenant les faits, la production a exigé que l’acteur s’excuse mais celui-ci l’avait insultée, la traitant notamment « d’emmerdeuse ». « Sur le fond, ma cliente est sereine. Mais elle craint des incidents de procédure pour faire renvoyer le dossier. Chaque renvoi est un nouveau stress pour les victimes », insiste Me Carine Durrieu-Diebolt.
Une inquiétude partagée par l’autre plaignante, assistante réalisatrice sur le tournage, qui a porté plainte un mois plus tard. Cette trentenaire affirme que l’acteur lui a touché les fesses et les seins et ce, à plusieurs reprises. Son avocate, Me Claude Vincent, redoute « la manière dont la défense de Gérard Depardieu traitera les parties civiles à l’audience ». L’acteur, lui, n’a eu de cesse de nier. Son avocat, Me Jérémie Assous, affirme que plusieurs témoins sont attendus à la barre afin de démontrer que ces accusations sont infondées. « Le dossier est solide », insiste de son côté Me Carine Durrieu-Diebolt.
Quadruple pontage
Mais avant d’aborder le fond du dossier, encore faudra-t-il se concentrer sur la forme. Le procès aurait initialement dû se tenir en octobre, mais il avait été renvoyé car l’acteur ne s’était pas présenté à l’audience, invoquant par la voix de son avocat son état de santé. Me Jérémie Assous avait indiqué que Gérard Depardieu avait subi un quadruple pontage coronarien et qu’il souffrait de diabète, précisant que le stress du procès aggravait son état de santé. Le président avait alors ordonné une expertise, laquelle avait conclu que l’acteur de 76 ans était apte à comparaître. Malgré tout, son avocat assure que les journées d’audience ne pourront pas excéder six heures. Le parquet, de son côté, précise que les modalités de l’audience seront discutées au début.
Quoi qu’il en soit, ce procès pourrait ne pas être le dernier. En 2018, la comédienne Charlotte Arnould était la première à porter plainte contre l’acteur, dénonçant des viols et des agressions sexuelles. En août, le parquet a requis le renvoi de l’acteur devant une cour criminelle. Cette plainte a ouvert la voie à une libération de la parole : une vingtaine de femmes ont dénoncé des comportements similaires. Si certains faits sont aujourd’hui classés car prescrits, d’autres procédures sont toujours en cours. Les ennuis n’arrivent jamais seuls : Gérard Depardieu est également, depuis près d’un an, visé par une enquête pour fraude fiscale aggravée et blanchiment.