Actes antisémites en France : leur nombre atteint un niveau inédit depuis deux ans
Un jeune homme de 16 ans a agressé le rabbin d’Orléans (Loiret) samedi 22 mars, alors que ce dernier rentrait de la synagogue avec son fils âgé de 9 ans. Cette agression survient alors que les actes antisémites se multiplient depuis deux ans en France.
En résumé
Le 22 mars, le rabbin d’Orléans a été agressé alors qu’il rentrait de la synagogue avec son fils.
Le nombre d’actes antisémites a plus que triplé en France depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Dans les écoles aussi, l’augmentation des actes antisémites est constatée.
L’agression du rabbin d’Orléans (Loiret) le 22 mars 2025 par un jeune homme de 16 ans a provoqué une vive émotion, et de nombreuses réactions politiques. L’auteur présumé de l’agression a été interpellé et placé en garde à vue.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, cité par l’Agence France Presse, a indiqué au cours d’un déplacement à Belfort (Territoire de Belfort), que « les juifs représentent moins de 1 % de la population nationale. Et pour autant, ils sont victimes de près de 60 % » des agressions religieuses.
Bruno Retailleau souligne également que depuis les attaques terroristes du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les actes antisémites en France ont été multipliés par « plus que trois ».
Plus de 1 500 actes antisémites par an en France
Selon les données collectées conjointement par le ministère de l’Intérieur et le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), on a comptabilisé en France 1 570 actes antisémites en 2024, après 1 673 actes en 2023, une année record.
Ces deux dernières années, les actes antisémites recensés en France ont atteint un niveau inédit :
Depuis 2012, les actes antisémites oscillaient entre 300 et 850 faits selon les années. Depuis 2023, on dénombre plus de 1 500 actes par an.
Comme le souligne Bruno Retailleau, cela représente 60 % des agressions en raison de la religion recensées en France, quand les juifs représentent moins de 1 % de la population.
Selon le rapport 2024 du SPCJ, paru en janvier dernier, 65 % des actes antisémites recensés ont été des atteintes aux personnes (1 024 actes) et 35 % des atteintes aux biens (546 faits). Parmi les atteintes aux personnes, une centaine d’actes sont des violences physiques.
Certains faits ont été particulièrement marquants, comme l’incendie de la synagogue de Rouen (Seine-Maritime) en mai, le viol et les violences antisémites à l’encontre d’une jeune fille de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine), ou l’attaque de la synagogue de la Grande-Motte (Hérault) en août.
Une hausse également constatée en milieu scolaire
Le rapport recense aussi « 192 actes antisémites commis dans le milieu scolaire et ayant fait l’objet d’une plainte », soit 12 % du total. Mais une grande partie des actes antisémites survenus en milieu scolaire ne font pas l’objet d’une plainte et ne sont pas comptabilisés dans ce rapport.
Le ministère de l’Éducation nationale a lui aussi constaté dans un rapport publié à l’automne une forte hausse des actes antisémites pendant l’année scolaire 2023-2024.
Parmi les 3 600 actes racistes recensés dans les établissements scolaires (insultes, violences verbales et physiques, inscriptions…), 1 670 ont un caractère antisémite.
Le conflit israélo-palestinien, « un catalyseur »
Cette hausse est en grande partie expliquée par le conflit israélo-palestinien et les opérations à Gaza après les attaques terroristes du 7 octobre 2023. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) estime que « la thématique de la Palestine et la rhétorique anti-israélienne » ont été des « catalyseurs d’actes antisémites » et « responsables d’un climat d’hostilité envers les Juifs ».
Le rapport du SPCJ indique que « plus de 30 % » des actes antisémites recensés ont fait « explicitement référence à la question de la Palestine ».
Après l’agression survenue samedi, une marche silencieuse est prévue mardi 25 mars à Orléans. Elle est à l’initiative de la Licra, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, et de la communauté juive de la ville, « en soutien au rabbin agressé et contre l’antisémitisme ».