La cheffe de l’ONUSIDA Winnie Byanyima a mis en garde, lors d’une conférence de presse à Genève ce lundi 24 mars, contre un possible retour de la « pandémie de sida » si les États-Unis retirent leur soutien financier. Elle a exhorté l’administration Trump à rétablir l’aide internationale.

© ©Jiao Qian/XINHUA-REA
Le monde risque de revivre les heures les plus sombres de la pandémie de sida. C’est la crainte de Winnie Byanyima, cheffe de l’ONUSIDA, exprimée ce lundi 24 mars au cours d’une conférence de presse à Genève. Sans une reprise des aides états-uniennes, elle pointe du doigt « des pénuries de personnel et des perturbations dans les systèmes de diagnostic et de traitement », ainsi que « des systèmes de surveillance qui s’effondrent » dans 27 pays d’Afrique.
Les populations touchées à plus long terme pourraient être celles des « pays à faible revenu (…) d’Afrique », mais aussi les « populations clés » en Europe de l’Est et en Amérique latine. Une sinistre « recrudescence de la maladie » qui inquiète sérieusement le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida : « Nous verrons des gens mourir, comme nous l’avons vu dans les années 1990 et 2000 », déplore la cheffe de l’ONUSIDA. Déjà au début du mois de février, le programme de l’ONU, lui-même financé à 50 % par les États-Unis, alertait sur les risques de la suspension pour plusieurs mois de l’aide étrangère américaine.
L’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine menacées
En insistant sur la gravité des risques et en rappelant que « la soudaineté du retrait de l’aide vitale a un impact dévastateur dans tous les pays », en particulier « en Afrique, en Asie et en Amérique latine », la cheffe de l’ONUSIDA demande « un réexamen et un rétablissement urgent » des services « qui sauvent des vies ». Regrettant qu’aucun autre pays n’ait annoncé combler le vide américain, la cheffe de l’ONUSIDA « continue d’examiner des scénarios pour l’avenir ».
Il pourrait y avoir, au cours des quatre prochaines années, « 6,3 millions de décès supplémentaires dus au sida », soit « dix fois plus » qu’en 2023, alerte Winnie Byanyima. Sur l’ensemble du continent Africain, en 2023, 25,9 millions de personnes vivaient avec le VIH, soit près de 65 % du nombre de personnes atteintes à échelle mondiale (39,9 millions). Si 630 000 personnes dans le monde sont mortes du sida la même année, le nombre de décès liés au sida en Afrique était de 390 000, contre 150 000 en Asie et dans le Pacifique, et 30 000 en Amérique latine. Des chiffres qui soulignent l’urgence d’agir, sous peine de voir des décennies de progrès disparaître.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
- nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
- nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus
Les mots-clés associés à cet article