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Si les images de la manifestation de soutien à Boualem Sansal organisée ce mardi place Édouard-Herriot à Paris arrivent jusqu'à l'écrivain, détenu en Algérie depuis quatre mois et dix jours, on peut penser qu'elles lui feront chaud au cœur.
La foule n'était pas innombrable, mais la liste des orateurs qui se sont succédé à la tribune pour réclamer sa libération pendant 90 minutes est impressionnante : Gérard Larcher, président du Sénat ; Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale ; Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur ; Gabriel Attal, ancien Premier ministre ; Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l'Éducation nationale ; David Lisnard, président de l'Association des maires de France ; Christian Estrosi, maire de Nice ; Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l'Assemblée ; Arnaud Benedetti et Noëlle Lenoir, piliers de son comité de soutien, respectivement rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire et ancienne ministre et membre du Conseil constitutionnel ; Constance Le Grip, députée Renaissance ; l'avocat Thibault de Montbrial ; Kamel Bencheikh, écrivain et ami de Boualem Sansal ; le dessinateur de presse algérien Ghilas Aïnouche, etc.
Honte à ceux qui ont refusé de voter une résolution au Parlement européenBruno Retailleau, ministre de l’Intérieur
Marine Le Pen n'a pas pris la parole, mais elle était dans la foule, ainsi qu'Élisabeth Badinter, aux côtés de nombreux parlementaires comme Sylvain Berrios (LR, Val-de-Marne) et Christophe Marion (Renaissance, Loir-et-Cher). La gauche, du PS à La France insoumise, en passant par les écologistes, brillait par son absence, à l'exception notable de Raphaël Glucksmann, Jérôme Guedj et Laurence Rossignol. Elle a été prise à partie plusieurs fois. « Certains auront peut-être un jour devant eux leur conscience à examiner », a prophétisé Constance Le Grip.
Inquiétude et colère
Noëlle Lenoir a remercié la classe politique pour son soutien, « à l'exception de certains groupes que je ne nommerai pas et qui se reconnaîtront », a-t-elle ajouté, avec tout de même un mot de remerciement pour Anne Hidalgo. La mairie de Paris a apporté son soutien logistique à la manifestation. « Honte à ceux qui ont refusé de voter une résolution au Parlement européen » demandant sa libération, a ajouté Bruno Retailleau, rappelant que « la seule faute » de l'écrivain, « c'est d'être un esprit libre ».
Les orateurs n'ont caché ni leur inquiétude ni leur colère. Boualem Sansal a 80 ans. « On emprisonne un innocent, qui plus est âgé et malade », a résumé Jean-Michel Blanquer. Le parquet du tribunal correctionnel de Dar El Beïda a requis 10 ans de prison ferme contre lui. « Dix ans de prison, c'est sa tête qui est demandée », a résumé Gabriel Attal. Il a annoncé que la conférence des présidents des deux assemblées avait inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée l'examen d'une résolution demandant sa libération, qui conduira chaque député à prendre position. Celle de Laurent Wauquiez est déjà connue. « La violence qui lui est infligée est une façon d'humilier la France », a-t-il déclaré à propos de l'écrivain, emprisonné pour une interview ayant déplu au pouvoir. « La vérité est un droit, pas un crime », a résumé Kamel Bencheikh.
L'intervention de Gérard Larcher était brève, mais chaque mot était pesé. Il a commencé par une citation de l'ancien sénateur Victor Hugo (« les écrivains ont mis la langue en liberté »), avant de glisser ses tacles. « Le cours discret de la diplomatie » a ses mérites, a concédé le deuxième personnage de l'État, mais les discussions à huis clos ne suffiront pas.
Gérard Larcher remonté
« Sans notre mobilisation, Boualem Sansal ne sera pas libéré. » L'écrivain « n'a pas à être otage de la relation France-Algérie », et encore moins la victime d'un « esprit de nostalgie et de revanche » qui « n'a plus cours de ce côté-ci de la Méditerranée », a insisté Gérard Larcher. Le Sénat algérien a suspendu ses relations avec le Sénat français fin février 2025. S'il attend un geste du Palais du Luxembourg, manifestement, il risque d'attendre un peu.
« Tant que nous n'aurons pas retrouvé Boualem Sansal, nous n'aurons pas de répit », a insisté Yaël Braun-Pivet, rapprochant le sort de l'écrivain de celui des otages français en Iran, Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis plus de 1 000 jours. Leurs portraits sont affichés sur les grilles de l'Assemblée nationale. C'est une première dans l'histoire de l'institution.
« Sortir d'une petite prison pour une prison plus grande »
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Une des interventions les plus fortes, paradoxalement, a été proférée d'une voix douce et timide. C'était celle du dessinateur kabyle Ghilas Aïnouche. Il a évoqué le sort des 27 000 personnes arrêtées arbitrairement en Algérie depuis 2020, sur le fondement de lois iniques sanctionnant de simples opinions. Il a évoqué le sort méconnu des quelque 30 000 Algériens soumis à des interdictions de sortie du territoire national (ISTN) appliquées de manière arbitraire, sans décision de justice. Boualem Sansal « pourrait sortir d'une petite prison pour se retrouver dans une prison plus grande », s'est inquiété le dessinateur.
La cérémonie s'est conclue par une Marseillaise murmurée, comme la colère des intervenants. Le verdict de la justice algérienne, ou de ce qui en tient lieu, est attendu avant la fin de la semaine, peut-être dès mercredi.
Le PS de nouveau réaligné sur LFI ?
Les républicains y étaient, les autres avaient sans doute piscine (à Grenoble en burkini ?).
Enfin quand j'écris "le...s républicains" j'ai un gros doute sur l'inénarrable Glucksmann qui se prosternera devant Mélenchon en 48h00 chrono quand le temps des élections sera venu.
Les plus lucides d’entre eux finiront bien par la quitter