L’Algérie est devenue la risée du monde. A l’incapacité de ses dirigeants à rendre sa fierté au peuple s’ajoute une répression impitoyable des voix libres.

L’Algérie est un grand paradoxe. C’est un pays riche d’une histoire plurielle et marquée par des luttes pour l’indépendance et la souveraineté, mais otage d’une oligarchie qui l’entraîne depuis quelques années dans une entreprise de déclassement international.

Après octobre 1988 et son bain de sang, on croyait l’Algérie immunisée contre l’arbitraire et l’autoritarisme. Que nenni ! Avec Tebboune et Chanegriha, le pays macère dans l’ère du parti unique avec en prime, l’incompétence à tous les étages du système, le mensonge devenu outil de communication et une répression systématique.

En effet, les voix dissidentes sont étouffées, surveillées et emprisonnées. Un exemple frappant de cette répression est le jugement rendu par le tribunal de Rouiba (cour d’Alger) en date du 20 janvier 2025, qui a condamné Mohamed Tadjadit à cinq ans de prison ferme, accompagné d’une amende de 200 000 DA et de la confiscation de ses biens saisis.

Mohamed Tadjadit : une Illustration de la répression de la liberté d’expression

Le cas de Mohamed Tadjadit est l’exemple récent d’une répression systématique des voix dissidentes en Algérie. Le 20 janvier 2025, Tadjadit a été condamné par le tribunal de Rouiba à une peine de cinq ans de prison ferme, une amende de 200 000 DA et la confiscation de ses objets saisis. Les charges retenues contre lui sont graves et multiples : atteinte à l’intégrité du territoire national, exposition à la vue du public des publications, vidéos et enregistrements sonores de nature à porter atteinte à l’intérêt national, incitation à l’attroupement non armé par l’utilisation des technologies de la communication et de l’information, ainsi qu’outrage à un corps constitué.

Les accusations sont fondées sur plusieurs articles du code pénal , notamment les articles 79, 96, 100 et 146, qui criminalisent toute forme de contestation jugée nuisible à l’ordre public ou à l’unité nationale. Dans un contexte où la liberté d’expression est extrêmement limitée, ces lois sont utilisées pour étouffer toute forme de critique ou de résistance contre le régime en place. À travers ce jugement, les autorités algériennes cherchent à envoyer un message fort : toute remise en question du pouvoir sera sévèrement punie.

Les accusations fallacieuses

Il n’y a nul besoin d’être un grand clerc pour comprendre que le tissus d’accusations qu’avance le pouvoir contre les activistes ne tient pas la route. En cela, celles portées contre Mohamed Tadjadit soulignent la nature répressive du système juridique algérien. L’atteinte à l’intégrité du territoire national et l’exposition de publications considérées comme nuisibles à l’intérêt national sont des accusations vagues, souvent utilisées pour poursuivre des individus dont les opinions dérangent. L’ »atteinte à l’intégrité du territoire national » peut couvrir un large éventail de comportements, y compris la critique des politiques gouvernementales, la dénonciation des violations des droits humains ou le soutien à des mouvements de protestation.

L’incitation à l’attroupement non armé par l’utilisation des technologies de la communication et de l’information est une autre accusation qui fait partie d’une répression croissante des mouvements sociaux et des manifestations populaires, en particulier celles organisées par le biais de réseaux sociaux. Dans un pays où l’internet est devenu un espace crucial pour le débat public et la diffusion de l’information, l’utilisation de technologies pour organiser ou soutenir des manifestations pacifiques est considérée comme un délit grave.

Enfin, l’accusation d’outrage à corps constitué est souvent invoquée pour réprimer toute critique des autorités, qu’il s’agisse des forces de l’ordre, des juges ou d’autres institutions publiques. Cette accusation est utilisée de manière abusive pour réduire au silence toute forme de protestation légitime, qu’elle soit sur le terrain ou en ligne.

La répression des voix dissidentes et la crise de la démocratie

Il y a une crise, voire une absence de l’Etat de droit en Algérie. Les condamnations de Mohamed Tadjadit, comme celle de Boualem Sansal, de Cherif Mellal,… ne constituent qu’un exemple parmi de nombreux autres de l’intolérance du régime algérien envers la dissidence. Depuis le déclenchement du Hirak en 2019, de nombreux militants, journalistes et activistes ont été arrêtés, emprisonnés, voire condamnés pour des faits aussi insignifiants que l’expression de leur opinion sur les réseaux sociaux ou la participation à des manifestations pacifiques.

Le régime algérien représenté par la diarchie Tebboune et Chanegriha entretient un mépris souverain des libertés et de tout ce que le droit représente. Leur seule préoccupation est leur maintien au pouvoir et celui du système qui les a fait. Ils manient le double discours avec un cynisme consommé. Tout en clamant leur engagement à promouvoir les réformes, ils continuent de maintenir un contrôle strict sur la société civile, l’opposition politique et les médias. La répression des manifestations pacifiques, la surveillance des réseaux sociaux, la censure des médias indépendants et l’arrestation des dissidents témoignent d’une volonté de maintenir une mainmise sur les espaces publics et de museler toute forme de critique. Cette situation contribue à l’absence de démocratie véritable dans le pays et à la fragilité des institutions publiques.

Un système judiciaire inféodé au pouvoir

Le système judiciaire algérien souffre d’un manque d’indépendance et de transparence. Bien que la Constitution algérienne garantisse les droits et libertés fondamentaux, en pratique, les juges et les avocats sont souvent soumis à des pressions politiques, ce qui nuit à l’équité des procès. Le cas de Mohamed Tadjadit en est un exemple typique : la procédure judiciaire semble avoir été utilisée non pas pour rendre justice, mais pour punir un individu pour ses opinions et ses actions politiques. De plus, le recours à des accusations floues et à des peines sévères, comme dans ce cas, soulève des préoccupations sur la légalité et la proportionnalité des sanctions imposées.

Les organisations internationales de défense des droits de l’homme, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch, ont régulièrement dénoncé l’usage abusif du droit pénal algérien pour punir des actes de liberté d’expression et d’association. Ces accusations et condamnations, qui relèvent de considérations politiques plus que juridiques, contribuent à l’image d’une justice instrumentalisée et au manque de confiance de la population dans les institutions judiciaires.

L’Appel à la libération de Mohamed Tadjadit et la solidarité Internationale

Des voix courageuses s’élèvent (certaines timidement certes) pour réclamer la libération des détenus d’opinion et la fin de cet état d’exception qui ne dit pas son nom. L’embastillement de Mohamed Tadjadit, à l’instar de celle de nombreux autres militants appelle à une solidarité nationale accrue. il devient urgent que la classe politique, les défenseurs des droits humains, les avocats, la presse, les universitaires et les intellectuels, retrouvent leur liberté de parole et se ressaisissent.

Malgré un contexte mondial enclin aux autoritarisme, il est enfin crucial que les organisations de défense des droits humains et les gouvernements étrangers exercent des pressions sur le régime algérien afin de garantir la liberté d’expression et de demander la libération immédiate des prisonniers politiques. Le cas de Tadjadit devient ainsi un symbole de la dissidence courageuse d’une jeunesse éprise de liberté. Il est le nouveau parangon de lutte pour la démocratie et la justice en Algérie, et un rappel de la nécessité de défendre les droits humains partout dans le monde.

Conclusion

Le cas de Mohamed Tadjadit est révélateur d’une situation inquiétante en Algérie, où les violations des droits humains, en particulier celles liées à la liberté d’expression, sont devenues monnaie courante. L’absence de démocratie véritable et la répression systématique des voix dissidentes sont des problèmes majeurs qui freinent l’évolution politique et sociale du pays. Dans ce contexte, il est essentiel que des réformes profondes soient engagées pour garantir les droits fondamentaux et pour que la justice soit rendue de manière indépendante et équitable. En attendant, la solidarité internationale et l’attention portée aux cas de répression, comme celui de Mohamed Tadjadit, sont plus que jamais nécessaires.

Yacine K.

1 COMMENTAIRE

  1. Transformer les musulmans, en remplaçant

    – le Ramadan de l’estomac qui produit un peuple de tubes digestifs (où pdt un mois, les gens ne parlent que de bananes, batata etc..)
    « Supporte patiemment l’injustice sans chercher à t’en défendre, car l’injustice se retourne immanquablement contre son auteur. Et confie à Allah le sort de l’oppresseur, car mon Seigneur n’est pas inattentif à ce que fait l’injuste. »
    Ibn Muflih dans le livre Al Adab ash-Shariyyah
    PAR
    – un contre Ramadan du cerveau pour produire un peuple avec une conscience ( où pdt un mois, les gens ne parleront que de Philosophes )
     » Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous. » Montesquieu
    Je préfère délirer que de voir la réalité en face!

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