Turquie : l’opposition appelle à un mercredi sans achat en soutien aux étudiants détenus

Des gens manifestent contre l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu.
Photo : Associated Press / Emrah Gurel
Le principal parti de l'opposition turque fait appel au pouvoir d'achat de la population pour protester contre la détention d'étudiants ayant soutenu le maire emprisonné d'Istanbul.
Stop à tous les achats! Supermarchés, courses en ligne, restaurants, carburant, cafés, factures, n'achetez rien
, indique un visuel relayé sur X par Özgür Özel, le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate).
J'invite tout le monde à utiliser son pouvoir de consommateur en participant à ce boycottage
, écrit M. Özel, reprenant un appel lancé par des groupes d'étudiants.
Selon M. Özel, 301 étudiants ont été placés en détention provisoire depuis le début du mouvement de contestation déclenché par l'arrestation le 19 mars du maire CHP d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, accusé de corruption
.
Enquête pour incitation à la haine
Dans la foulée de ce message, le parquet d'Istanbul a annoncé l'ouverture d'une enquête, pour incitation à la haine
notamment, contre les personnes ayant lancé ou relayé des appels au boycottage, a rapporté l'agence de presse officielle turque Anadolu.

Les partisans du maire d'Istanbul manifestent devant la barricade de la police turque contre sa détention, le 19 mars 2025.
Photo : Getty Images / YASIN AKGUL
Le patron du CHP avait déjà appelé depuis une semaine à boycotter des dizaines d'entreprises et de groupes turcs réputés proches du pouvoir pour tenter de faire pression sur celui-ci.
M. Imamoglu, principal rival du président turc Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté le 19 mars et placé en détention provisoire quatre jours plus tard pour corruption
, une accusation qu'il rejette.
Son arrestation a déclenché une vague de contestation inédite en Turquie depuis le grand mouvement de Gezi, parti de la place Taksim d'Istanbul en 2013.
Les autorités, qui avaient interdit temporairement les rassemblements à Istanbul, Ankara et Izmir, les trois principales villes du pays, avaient annoncé jeudi avoir arrêté à ce stade 1879 personnes accusées d'avoir pris part à des manifestations illégales.

Des manifestants à Istanbul, le 24 mars 2025
Photo : Getty Images / AFP / OZAN KOSE
Amende pour Meta
Par ailleurs, les autorités turques ont infligé à Meta une amende substantielle
pour son refus de retirer de ses réseaux sociaux certains contenus, a indiqué mardi l'entreprise à l'Agence France-Presse (AFP), sur fond de mouvement de protestation en Turquie.
Nous nous sommes opposés aux demandes du gouvernement de restreindre l'accès à des contenus qui sont clairement dans l'intérêt public
, a expliqué un porte-parole du groupe californien, et nous avons été sanctionnés financièrement en conséquence.
Meta contrôle les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Threads.
Nous voyons la liberté d'expression comme un droit fondamental, et nos plateformes devraient être un lieu où les utilisateurs du monde entier peuvent l'exercer
, a fait valoir le porte-parole.
Parallèlement, selon Yusuf Can, du centre de réflexion Wilson Center à Washington, X a suspendu plusieurs comptes de personnalités de l'opposition turque, sur requête des autorités.
Sollicité par l'AFP, X n'a pas donné suite dans l'immédiat.