
Écosse : les plus beaux paysages de l'Île de Skye photographiés par la Communauté GEO
Parfois qualifiée de "Jurassic Park des Hébrides", l'île de Skye (nord-ouest de l'Écosse) honore aujourd'hui pleinement ce titre avec la découverte de 131 nouvelles empreintes de dinosaures. Mesurant entre 25 et 60 centimètres, ces traces fossilisées géantes révèlent les sentiers empruntés il y a environ 167 millions d'années par les théropodes carnivores et de sauropodes au long cou arpentant les lagunes écossaises. Une fascinante trouvaille remontant au Jurassique moyen, détaillée dans la revue PLOS One le 2 avril 2025.
#Newly discovered footprints on the Isle of Skye reveal that Jurassic dinosaurs, including theropods and sauropods, roamed ancient Scottish lagoons 167 million years ago, offering insights into their behavior and environment. @plos @PLOSONE https://t.co/Xa83L9dcfb
— Phys.org (@physorg_com) April 2, 2025
Des géants sur le sable de Skye
Il y a environ 167 millions d'années, la région de l'actuelle l'île de Skye, au climat océanique, était très différente : le climat y était subtropical, chaud et humide, avec des paysages dominés par des lagunes peu profondes ; des étendues d'eau salée proches de la mer, séparées par des bancs de sable ou des îlots.
Les géants qui y vivaient à cette époque ont marché sur leurs sables humides et ondulés, laissant des traces qui, grâce à des conditions spécifiques – une couverture rapide par de la boue ou des sédiments, par exemple – se sont vues préservées dans les couches de roche pendant des millions d'années.
L'équipe du paléontologue Tone Blakesley, de l'université d'Édimbourg (Écosse), a identifié deux types d'empreintes sur le site du Prince Charles's Point : des traces tridactyles (à trois doigts), laissées par des théropodes bipèdes ; d'autres, plus rondes, de taille comparable à un pneu, réalisées par des sauropodes quadrupèdes.
En comparant leurs formes avec celles de fossiles déjà décelés au Royaume-Uni, les chercheurs estiment qu'elles pourraient avoir été réalisées respectivement : par des bêtes similaires au Megalosaurus, mesurant entre 7 à 9 mètres de long ; et par des membres précoces du groupe des néosauropodes, comme le Cetiosaurus, atteignant les 15 à 18 mètres de long.
Théropodes et sauropodes en vadrouille
Beaucoup des traces apparaissent en séquences continues, les plus longues pistes atteignant plus de 12 mètres. L'espacement et l'orientation de ces "chemins" indiquent que les animaux se déplaçaient à des allures lentes, sans direction ou interaction cohérente ; ils évoluaient donc tranquillement et à des moments légèrement différents.
En outre, le site présente une plus grande proportion de sillages de théropodes que sur d'autres sites similaires. Sur Skye, ces dinosaures semblaient préférer les environnements lagunaires peu submergés aux zones de vase partiellement humides, accessibles à marée basse.
Aucune empreinte d'autres spécimens tels que les stégosaures – ces grands herbivores quadrupèdes aux grandes plaques osseuses sur le dos – ou les ornithopodes – ces herbivores souvent bipèdes parfois dotés de crêtes ou de becs en forme de canard – n'a été retrouvée. Il demeure toutefois difficile de savoir s'ils étaient véritablement absents de cet environnement… ou s'ils n'y ont tout simplement pas laissé leurs marques.
Pour les auteurs de l'étude, ces sillages offrent de précieux indices sur la répartition géographique et les comportements des théropodes et sauropodes de l'île de Skye durant une période clé de leur évolution, le Jurassique moyen, où les grands groupes de dinosaures sont en pleine diversification. Ils ajoutent dans un communiqué : "Fait intriguant, le site possède également une importance historique, car c'est un lieu de l'île où Bonnie Prince Charlie [Charles Édouard Stuart (1720-1788)] a débarqué et s'est caché durant sa fuite à travers l'Écosse après la bataille de Culloden [le 16 avril 1746]".