À Madrid, Barcelone et dans les grandes villes du pays, des centaines de milliers de personnes se mobilisent contre les vautours de l’immobilier et du tourisme qui empêchent l’accès à un habitat à un prix décent.

© Mateo Lanzuela/Europa Press/ABACA
Ils sont descendus dans la rue par centaines de milliers, samedi 5 avril, dans toutes les villes espagnoles, pour protester contre une explosion des prix des loyers qui ampute toujours davantage le pouvoir d’achat des plus modestes, jusqu’aux membres de la classe moyenne.
À Madrid, la manifestation à l’appel des organisations de locataires a rassemblé quelque 150 000 personnes. Dans cette manifestation monstre, des slogans hauts en couleur ont été repris par la foule, comme « Se loger doit être un droit et ne peut être un commerce » ou encore « Pas de logements sans personne, ni de personne sans logement ».
La colère a atteint un point culminant chez tous les citoyens victimes des surenchères pratiquées ouvertement par des propriétaires ou des fonds d’investissement, type Airbnb, qui profitent de l’arrivée des touristes pour augmenter les loyers ou transformer des logements dont le prix devient de plus en plus inaccessible.
Résultat : la plupart des moins de 35 ans doivent rester chez leurs parents, partager des appartements à plusieurs ou partir dans des banlieues de plus en plus lointaines pour accéder à un logement. Et même là, souligne l’une des manifestantes de Madrid, « les gens doivent se saigner pour payer les loyers ».
« Une vie impossible pour tous les travailleurs locaux »
Face à l’ampleur de drames qui sont devenus la norme, de nombreuses amicales de locataires et associations de citoyens se disent prêtes à lancer une grève des loyers. À Barcelone, les contrats dits « saisonniers » de un à onze mois, qui ne sont soumis à aucune régulation, représentent 40 % des locations. Dans les zones les plus touristiques, proches des côtes, « les prix des loyers dépassent le plus souvent 100 % du salaire moyen, cela rend tout simplement la vie impossible pour tous les travailleurs locaux », relève une des organisations.
« Un modèle de ville » qui reste quasi totalement « marchandisé » combiné au « surtourisme » est à l’origine de la descente aux enfers de millions de citoyens, dénonce la plateforme València no està en Venda (Valence n’est pas à vendre). « Nous sommes confrontés à une situation d’urgence sans précédent : expulsions, loyers inabordables et spéculation sur les logements se multiplient alors que la population ne peut accéder à ce droit fondamental », déplorent plusieurs collectifs des îles Canaries.
Plusieurs actions à haute valeur symbolique ont été organisées du nord au sud du pays. Ainsi, à Madrid, des stations de métro ont-elles été rebaptisées par les manifestants : « Casa del Banco » (maison de la banque), « Embargadores » (huissiers), « Precariedad » (précarité) ou « Derecho » (droit).
Comme en 2008-2009, quand, à la suite du krach financier, les expulsions immobilières battaient leur plein sous l’égide des banques, ce qui donna lieu à l’irruption du mouvement des indignados (indignés), le logement continue de hanter le quotidien des Espagnols.
Le gouvernement de gauche à majorité socialiste de Pedro Sánchez affiche sa volonté de combattre la flambée des prix. Il avance notamment une hausse de la fiscalité appliquée aux logements touristiques et une volonté de construire des logements sociaux. Mais beaucoup d’associations et de collectifs jugent sa réponse par trop timide compte tenu de la dimension prise par le phénomène.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
- En exposant la violence patronale.
- En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
- En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
Vous connaissez d’autres médias qui font ça ? Soutenez-nous !
Je veux en savoir plus.
Les mots-clés associés à cet article