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La prochaine cible de la droite trumpiste: les personnes handicapées

Des programmes de soutien aux élèves sont menacés tandis que des activistes tiennent des propos s’apparentant à de l’«eugénisme»

CHSLD
Photo d'archives

Certains appellent à stériliser les «humains de faible qualité», d’autres s’opposent à la présence d’interprètes de la langue des signes. Les personnes handicapées sont déjà dans la mire de la droite trumpiste.

• À lire aussi: Gare aux coupes de cheveux masculines et aux kidnappings en pleine rue: de nombreux droits menacés dans l’Amérique de Donald Trump

«On dénigre les Américains les plus vulnérables pour faire des gains politiques», déplore Christian Généreux.

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Ayant lui-même une limitation orale, il a consacré son mémoire de maîtrise en sciences politiques à la situation des personnes ayant un handicap aux États-Unis.

Comme plusieurs observateurs, il remarque que les droits de ces personnes sont de plus en plus menacés par l’administration Trump et ses supporteurs. On parle ici de gens qui peuvent avoir une limitation physique, un déficit d’attention ou une simple surdité développée en vieillissant.

Christian Généreux, qui a lui-même une limitation orale, s'intéresse à la situation des personnes handicapées aux États-Unis. Il a fait son mémoire de maîtrise sur le sujet à l'UQAM.
Christian Généreux, qui a lui-même une limitation orale, s'intéresse à la situation des personnes handicapées aux États-Unis. Il a fait son mémoire de maîtrise sur le sujet à l'UQAM. Photo tirée de Facebook

«On navigue dans un nouveau territoire», remarque-t-il à propos de la «déconstruction de l’édifice des droits» [...] que nos voisins du Sud ont mis près de 50 ans à ériger.

En janvier dernier, plusieurs activistes de droite ont pris la parole pour se plaindre de la présence des interprètes en langue des signes lors des conférences de presse d’urgence, dont l’animateur de podcast Charlie Kirk.

«C'est trop, c'est une distraction», se plaignait l'animateur de podcast Charlie Kirk en janvier à propos de la présence d'interprètes de la langue des signes lors de conférences de presse. Ici, en compagnie du vice-président J.D. Vance.
«C'est trop, c'est une distraction», se plaignait l'animateur de podcast Charlie Kirk en janvier à propos de la présence d'interprètes de la langue des signes lors de conférences de presse. Ici, en compagnie du vice-président J.D. Vance. Photo tirée de X

À un niveau plus grave, Darren Beattie, sous-secrétaire aux affaires publiques, a publié sur X des propos incitant au «contrôle de la population» et à la stérilisation de masse.

Darren Beattie, sous-secrétaire à la diplomatie publique des États-Unis.
Darren Beattie, sous-secrétaire à la diplomatie publique des États-Unis. Photo tirée du site web du Département d'État américain

«Les humains de haute qualité subventionnent la fertilité d’humains de moindre qualité», gazouillait-il en mai 2024.

Donald Trump a lui-même manifesté son mépris face aux personnes handicapées à de nombreuses reprises (voir texte ci-bas).

Wokisme, vraiment?

Plusieurs agences qui finançaient des soins de santé, du soutien à domicile ou de l’accès au logement ont été restructurées par l’administration Trump dans les derniers mois, illustre M. Généreux.

En mars dernier, Trump a signé le démantèlement du département fédéral de l’Éducation, qui finançait toutes sortes de parcours scolaires adaptés et de programmes permettant d’obtenir du matériel en braille ou de construire des rampes d’accès, par exemple.

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«Le message envoyé au public, c’est que c’est pour faire la guerre au wokisme», rappelle Barry Eidlin, professeur de sociologie à l’Université McGill. Mais en réalité, le ministère fédéral ne s’ingérait pratiquement pas dans les curriculums scolaires, qui relèvent plutôt des États.

Si ça se trouve, le véritable but de ce démantèlement est probablement de couper dans ces mesures d’aide aux élèves à défi, soupçonne Barry Eidlin.

Lourd passé d’eugénisme

Toutes ces attaques dirigées vers divers groupes participent de la même mentalité selon laquelle les forts doivent dominer et les faibles doivent être abandonnés à leur sort, reconnaissent plusieurs experts interrogés.

Mais beaucoup de propos et de décisions sont aussi empreints d’eugénisme, pense Greg Robinson, professeur d’histoire américaine à l’UQAM.

Cette théorie soutient notamment que l’humain peut être amélioré par la reproduction sélective.

Au courant du 20e siècle, plus de 65 000 personnes ont été stérilisées de force aux États-Unis. Il s’agissait souvent de personnes ayant une déficience intellectuelle.

Et cette idée survit encore dans le discours de Trump, entre autres lorsqu’il parle des «mauvais gènes» des migrants, illustre M. Robinson.

TOUTES LES FOIS OÙ TRUMP ET MUSK SE SONT MOQUÉS DES HANDICAPÉS

Piqué au vif par un article critique à son égard par le journaliste du «New York Times», Trump s’est moqué de son handicap physique en l'imitant, le 24 janvier 2015.
Piqué au vif par un article critique à son égard par le journaliste du «New York Times», Trump s’est moqué de son handicap physique en l'imitant, le 24 janvier 2015. Capture d'écran YouTube
  • Été 2020: «Peut-être devrais-tu tout simplement le laisser mourir», aurait lancé Donald Trump à son propre neveu à propos de son fils qui a une maladie rare ayant affecté son développement.
  • Mars 2023: Elon Musk publie un billet justifiant le renvoi d’un employé de Twitter atteint de dystrophie musculaire en affirmant qu’«il n’accomplissait pas de vrai boulot». Il s’est par la suite excusé.
  • Octobre 2024: Trump traite son adversaire Kamala Harris de «retarded» (attardée) lors d’un dîner de donateurs.
  • Janvier 2025: Musk traite quelqu’un de «retarded» sur X. L’utilisation de ce mot sur ce réseau social connaît une hausse de 208% dans les deux jours suivants et de 185% dans la semaine suivante, révèle une étude de l’Université Montclair State.
  • Janvier 2025: à la suite de la collision entre un hélicoptère et un avion à Washington, Trump jette le blâme sur les candidats ayant «des handicaps intellectuels et psychiatriques» qui auraient été embauchés comme contrôleurs, sans fournir de preuve.

— Avec The Guardian, The Nation, Time, NBC, MSNBC, The Atlantic, New York Times, The New Yorker, Forbes, BBC, Newsweek, AP, Reuters, PBS, AFP, Vox, NPR, Media matters for America, The Independent, CNN

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