L’Iran serait derrière les gangs qui recrutent des adolescents suédois pour commettre des meurtres et des attentats

Contrairement à ce qu’on pourrait croire en lisant les médias, le nombre d’homicides est en baisse constante depuis au moins les années 1990, dans la majorité des pays d’Europe. Mais la Suède fait exception, selon une étude publiée par Brå, le Conseil national suédois pour la prévention de la criminalité. Dans le royaume scandinave, le nombre d’homicides par balles a triplé entre 2012 et 2022, et la tendance se poursuit. En 2023, 53 personnes ont été abattues, ce qui équivaut à une par semaine. L’année dernière, les homicides par balles sont devenus la principale cause de mort violente dans ce pays de 10 millions d’habitants.

Une violence largement due aux guerres entre gangs rivaux ; outre les homicides, le nombre d’explosions attribués à des groupes criminels est passé de 49 en 2023 à 317 en 2024. Et pour procéder à ces basses œuvres, les milieux criminels recrutent des mineurs. Ceux-ci sont à la fois plus aisés à manipuler, et plus à même d’être condamnés à des peines légères impliquant les services sociaux plutôt que du temps derrière les barreaux.

Or, selon une enquête de CNN, cette violence mafieuse serait instrumentalisée par l’Iran. La république islamique aurait recours à ces réseaux criminels et à leurs très jeunes mercenaires pour s’en prendre aux intérêts de ses ennemis, et en premier lieu à Israël.

L’année dernière, en mai, un adolescent de 15 ans est sorti de chez lui en pleine nuit, à l’insu de ses parents, détaille le média américain. Il a suivi des instructions transmises par téléphone comme un véritable jeu de piste. A ceci près que celles-ci l’ont guidé vers une arme cachée dans des buissons. Et qu’il avait pour mission de s’en servir contre l’ambassade d’Israël. Il a heureusement été arrêté avant de passer à l’acte. Mais le lendemain, un autre adolescent, de 14 ans cette fois, s’est vu confié la même mission et est passé entre les mailles du filet.

L’attaque n’a pas fait de victimes, mais selon la Säpo, l’agence de sûreté de l’État de Suède, elle est représentative de l’instrumentation de la délinquance juvénile dans les pays nordiques. L’ambassade israélienne de Stockholm a de nouveau été prise pour cible le 1er octobre dernier, et celle de Copenhague, au Danemark, deux jours plus tard. Selon diverses sources policières et sécuritaires, ces attaques n’ont rien de spontané: elles sont commanditées depuis l’Iran, par l’intermédiaire de réseaux criminels qui recrutent des enfants.

Sur le sol suédois, pas moins de quatre attaques ou projets d’attaques peuvent être attribués à deux gangs rivaux, nommés Foxtrot et Rumba, qui offrent leurs services à Téhéran.

“Cela devient un gros problème pour nous lorsque c’est un autre État, comme l’Iran, qui utilise ces enfants par procuration”, a confirmé auprès de CNN Fredrik Hallström, le chef des opérations de la SÄPO. “Le crime organisé en Suède est actuellement une énorme vulnérabilité, qui est utilisée par des acteurs étatiques. Depuis l’attaque du 7 octobre, nous avons vu apparaître ce modus operandi.”

Les adolescents qui se retrouvent avec une arme en main n’ont aucune idée de pour qui ils travaillent. Leur recrutement par les gangs se fait d’abord par de petits boulots, qui, par un mélange d’appat du gain et d’attrait pour une certaine gloire, finit par mener des jeunes désœuvrés au crime. Tandis que les commanditaires restent discrets, derrière des instructions envoyées par messages.

Selon le témoignage anonyme d’un adolescent suédois, diffusé en octobre dernier sur Euronews, ces “petits boulots” sont proposés sur des messageries cryptées, avec une tarification établie: “ Faire sauter une porte à Malmö rapporte 3.000 euros. Ensuite, pour tuer quelqu’un, c’est 80.000 euros à Malmö, et 50.000 euros à Stockholm.” Lui-même disait avoir commencé à vendre de la drogue dès 14 ans, et se faire ainsi 7.000 euros par mois.

Si l’argent appâte les jeunes, ceux-ci ne sont pas pour autant des terroristes efficaces, et leur inexpérience fait qu’ils ont parfois pu être interceptés à temps, ou avant que leur attaque ne devienne réellement meurtrière. “Ce ne sont que des outils, et ils sont en quelque sorte pressés à faire cela, ajoute l’expert suédois en contre-terrorisme Magnus Ranstorp, qui enseigne à l’université de défense du pays.

D’autres cas de personnes instrumentalisées pour commettre des attaques commanditées par l’Iran contre les intérêts israéliens ou les communautés juives ont été signalés ailleurs en Europe. Un jeune homme, inconnu des services de police, a été arrêté pour des tirs contre une synagogue en Allemagne. Un sans-papier pakistanais a également été arrêté en Grèce après plusieurs coups de feu sur un restaurant juif d’Athènes. Dans les deux cas, les suspects ont dit avoir agi sous la contrainte, ce qui a été confirmé par après par les enquêteurs, grecs comme allemands.

Du côté iranien, on nie fermement: l’ambassade à Stockholm a rejeté les accusations de la Säpo comme “fausses et propagandistes”. Et la diplomatie iranienne a refusé de répondre aux questions de CNN dans le cadre de cette enquête.

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