Violences sexuelles Affaire Bétharram : François Bayrou serait bien intervenu, selon un ancien gendarme

Un ex-gendarme, entendu jeudi par la commission d'enquête parlementaire sur l'François Bayrou, a répété qu'un magistrat lui avait parlé d'une « intervention » de François Bayrou quand il enquêtait sur des faits de viol visant un religieux de l'établissement en 1998.

La rédaction avec AFP - 10 avr. 2025 à 13:28 | mis à jour le 10 avr. 2025 à 18:49 - Temps de lecture : 4 min
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Alain Hontangs persiste et signe : entendu, ce jeudi, par la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Bétharram, cet ancien gendarme affirme de nouveau qu'un magistrat lui avait parlé d'une « intervention » de François Bayrou quand il enquêtait sur des faits de viol visant un religieux de l'établissement en 1998. Il avait déjà tenu ces propos à la mi-février dans le cadre de l'émission de TF1 « Sept à Huit », puis ultérieurement dans la presse.

Le 26 mai 1998, enquêteur à la section de recherches (SR) de Pau, il devait présenter à un juge d'instruction le père Pierre Silviet-Carricart. Cet ancien directeur de l'institution catholique du Béarn, au cœur aujourd'hui d'un vaste scandale d'agressions sexuelles, était accusé de viol par un ancien élève, le premier à avoir dénoncé de tels faits. Ce jour-là, à 14h, « Le juge Mirande m'attendait devant la porte de son bureau, il m'a dit : "La présentation est retardée, le procureur général demande à voir le dossier, il y a eu une intervention de François Bayrou" », a relaté l'ancien gendarme, sous serment, devant les deux corapporteurs de la commission, les députés Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (LFI).

Un courrier confondant

Mi-février à l'Assemblée nationale, après la diffusion du reportage de TF1, le Premier ministre avait affirmé n'être « jamais » intervenu, « ni de près, ni de loin », dans cette affaire. « Je ne suis pas le seul enquêteur » à avoir été informé d'une éventuelle intervention, a poursuivi Alain Hontangs jeudi. « Dès le lendemain du reportage de Sept à Huit, un de mes ex-collègues m'a envoyé ce message : "J'étais au courant, le juge Mirande me l'avait raconté à l'époque" », a-t-il révélé.

Ce dernier se rappelle bien que le procureur général lui a « demandé de différer la présentation de Carricart », ce qui était « surprenant ». Mais il dit n'avoir « aucun souvenir » d'avoir parlé d'une intervention de François Bayrou. Sans pour autant remettre en cause les dires des deux anciens enquêteurs, en qui il a « toujours toute sa confiance ». Le juge Mirande a répété aussi que François Bayrou était venu le voir chez lui durant l'affaire de viol, en 1998, pour évoquer cette dernière, ce que l'intéressé a d'abord nié, avant d'évoquer une rencontre fortuite. « Il a parlé de son fils pour lequel il était inquiet », a raconté le témoin, et « il n'arrivait pas à croire la réalité » des faits reprochés au père Carricart, « qu'il semblait connaître ». 

Bétharram va faire l'objet d'une enquête administrative plus poussée, indique Borne

La ministre de l'Education Elisabeth Borne a annoncé jeudi le lancement d'une enquête administrative visant l'établissement catholique privé Le Beau Rameau, nom actuel de Notre-Dame-de-Bétharram, après la publication du rapport d'une inspection menée en mars qui a mis en lumière plusieurs « manquements ».

« Des témoignages d’élèves mettent en cause les agissements de deux enseignants » qu'on « ne peut pas accepter », et « d’autres éléments » ont été « relevés lors du contrôle effectué par le rectorat » dans l'établissement au coeur d'un scandale de violences sur des enfants pendant des décennies, a notamment expliqué la ministre dans une interview au journal La Croix.

Devant la commission d'enquête, Alain Hontangs a dit avoir été « surpris » à l'époque, le procureur général n'ayant pas selon lui à intervenir à ce moment de la procédure. Deux heures plus tard, le juge d'instruction, Christian Mirande, était revenu lui dire que la présentation du prêtre pouvait avoir lieu, le procureur général lui ayant fait savoir qu'il pouvait « prendre toutes les dispositions » qu'il jugeait utiles.

Le père Carricart fut mis en examen et écroué, avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire deux semaines plus tard, au regret du gendarme. Interrogé sur cette décision, Alain Hontangs a exhibé un courrier du 15 juin 1998, adressé par le procureur général de Pau à la garde des Sceaux de l'époque, Élisabeth Guigou. Le magistrat lui rendait compte de la remise en liberté du religieux, ordonnée par la chambre d'accusation « conformément » aux réquisitions du parquet général qu'il représentait.

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