Partager
Économie

Faut-il une Expo universelle ou des JO à Paris ?

Les deux projets s’affrontent. Le gouvernement pencherait plutôt pour une nouvelle candidature aux Jeux Olympiques.
réagir
Exposition universelle de Paris en 1867
Vue officielle a vol d'oiseau de l'exposition universelle de 1867.
(c) MARY EVANS/SIPA

Entre l’organisation des JO à Paris en 2024 et l’exposition universelle en 2025 il faudra choisir. "Seuls les ultra optimistes pensent que l’on pourra mener de front les deux chantiers en ces temps de disette économique" tranche un industriel concerné par les deux projets. Chaque camp affute ses armes.

Le temps presse: les dossiers de candidature doivent être bouclés avant septembre 2015 pour le Comité International Olympique (CIO) et en 2016 pour l’Exposition Universelle. Fin avril, Boris Johnson, le maire de Londres a fait monter la pression d’un cran en annonçant son intention de postuler à l’Exposition Universelle. Londres et Paris à nouveau en face à face 12 ans après l’affront des JO de 2012!

Redonner un élan à la France, la sortir de sa grisaille actuelle, lui offrir un projet de long terme en valorisant sa culture et ses savoir-faire ou encore la remettre en scène à l’international: les arguments portés par les défenseurs des deux projets se ressemblent. Avec une même priorité: minimiser la question des coûts financiers, qui restent d’ailleurs encore très flous, en misant sur les infrastructures existantes ou programmées au même horizon.

Une stratégie à bas coût

C’est clairement la stratégie de Jean-Christophe Fromantin, le député maire (UDI) de Neuilly-sur-Seine et Président d’ExpoFrance 2025, un club de chefs d’entreprises, d’élus et d’universitaires qui soutiennent le projet. "On n’aura pas à amortir des coûts liés à la construction de nouvelles lignes de métro par exemple puisqu’il s’agit de s’appuyer et de valoriser les infrastructures, notamment celles du Grand Paris Express (35 milliards d’euros engagés) qui doit être terminé entre 2020 et 2030, expliquait-il le 30 avril lors d’une présentation d’étape du projet à Paris.

Autre idée pour limiter la facture : "Plutôt que de faire construire des centaines de pavillons par les pays exposants, on leur proposera de s’approprier le temps de l’Expo les bâtiments historiques de Paris". En demandant par exemple aux Chinois de relooker la Tour Eiffel ou aux Brésiliens, le Louvre. Les métropoles régionales, rapprochées de Paris grâce aux nouvelles Lignes à grande vitesse (Bordeaux et Toulouse en 2017) doivent également pouvoir participer à l’Exposition.

Jean-Christophe Fromantin promet que son projet, dont il évalue le budget entre "3 et 4 milliards d’euros" ne coûtera pas un sou aux contribuables. Les entreprises seront appelées à participer. Une quinzaine ont déjà pris un "ticket d’entrée", à près de 100.000 euros l’unité, dans ExpoFrance 2025 avant d’investir plus si la candidature de Paris est retenue. Parmi elles: Renault, Safran, Bouygues, Suez Environnement, Air France, ADP, SNCF. Pas mal d’entreprises de transports dont les patrons y voient l’occasion de pousser leurs propres projets de développement à dix ans. C’est le CDG Express, reliant Paris à l’aéroport de Roissy, poussé par Augustin de Romanet, le patron d’ADP, dont le chantier pourrait démarrer dès 2017. Ou les bus électriques dont rêve Pierre Mongin, le patron de la RATP. "C’est le projet que j’ai lancé avec le Stif, le syndicat des transports d’Ile de France: toute notre flotte de bus sera électrique en 2025. C’est une image forte pour la RATP après la première ligne de métro inaugurée lors de l’exposition universelle de 1900".

Des JO sans excès

Du côté des partisans des JO 2024, on a également compris l’intérêt de se reposer sur les infrastructures existantes pour rassurer le contribuable. Les excès financiers des jeux de Pékin (25 milliards d’euros), mais surtout ceux de Sotchi en février (36 milliards) ont laissé des traces dans l’opinion publique française qui estime selon de récents sondages que la France n’a pas les moyens de s’offrir de telles agapes. Neuf ans après le cinglant échec de Singapour, le camp olympique tricolore s’est pourtant remis en marche. Des groupes de travail composés de sportifs, de hauts fonctionnaires ou de chef d’entreprises étudient la faisabilité du projet. Ils doivent rendre leur conclusion en octobre. Puis le gouvernement donnera ou non le feu vert pour préparer une vraie candidature. La prudence est de mise: "organiser une grande compétition sportive, ce n’est pas qu’une charge financière, c’est aussi des investissements de l’attractivité et un rayonnement international", expliquait le 24 avril la nouvelle ministre des Droits des Femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sport, Najat Valaud-Belkacem. "Mais, il ne faut pas partir bille en tête sans avoir un projet qui soit porté par l’ensemble des acteurs du monde sportif".   

Le contexte a changé depuis la dernière candidature olympique de Paris. En termes de budget, il est trop tôt pour donner une fourchette et dire si la France pourrait tenir celui de Paris 2012, estimé à plus de 6 milliards d’euros, sans les activités sportives. Pour les sites, les choses ont aussi changé dans la capitale: plus question de faire un village Olympique aux Batignolles qui ont été reconvertis en logements sociaux et en bureaux. En revanche Paris pourra compter sur un nouveau vélodrome à Saint-Quentin (Yvelines) et peut-être sur un nouveau grand stade de 82.000 places à Ris-Orangis (Essonne). Les représentants de la Fédération Française de Rugby (FFR), qui portent ce projet, sont rassérénés par l’arrivée de Manuel Vals, ex député de l’Essonne et maire d’Evry, à Matignon. Fin avril, le secrétaire d’Etat chargé des Sports, Thierry Braillard a d’ailleurs fait savoir qu’il y était "favorable".  

Cependant des doutes persistent sur le financement des 600 millions d’euros nécessaires à la construction du stade. La FFR assure pouvoir apporter un tiers sur ses fonds propres et le reste par emprunt privé. Mais c’est surtout la desserte du stade qui inquiète: un plan de modernisation des transports du sud de Paris est acté (entre 7 et 8 milliards), avec notamment la modernisation des RER C et D (500 millions d’euros). Problème: ces travaux pourraient n’être achevés après 2025…

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications