Selon Le Canard enchaîné, Pierre Gattaz s'est augmenté de 29% en 2013. Mais le patron de l'entreprise de composants électroniques Radiall et du syndicat patronal Medef s'est justifié dans une note de blog dans laquelle il affirme que son salaire n'a en réalité crû que de 3 %. Qu'en est-il réellement ? Qui a raison ?
Pourquoi Le Canard enchaîné a raison
D'après le rapport annuel de l'entreprise (page 90), le montant versé au dirigeant pour l'exercice 2013 était en hausse de 29,4 % par rapport à celui de 2012 (426 092 brut l'an dernier contre 329 189 euros en 2012).
Le dirigeant ne touche pas d'intéressement. Le bond de sa rémunération est essentiellement lié à la progression de sa part variable. Le bonus attribué au patron s'est en effet amélioré de 610 % en un an. Pendant cette même période, le chiffre d'affaires de l'entreprise n'a lui augmenté que de 6,8 %.
La rémunération de Pierre Gattaz comprend aussi des avantages en nature (5 700 euros par an), qui correspondent aux frais liés à sa voiture de fonction.
Pourquoi Pierre Gattaz a raison
Le même rapport précise que la rémunération fixe n'a, elle, augmenté que de 2,9 %, passant de 309 120 euros en 2012 à 318 230 euros l'an passé.
D'ailleurs, pour sa défense, le patron de l'entreprise, privée rappelle que le seuil fixé pour les dirigeants d'entreprises publiques (450 000 euros) n'est pas atteint.
En effet, le décret du 26 juillet 2012 a plafonné à 450 000 euros la rémunération brute annuelle des dirigeants d'entreprises publiques. Ce plafond représente vingt fois la moyenne des plus bas salaires des principales entreprises publiques.
Même si Radiall ne fait pas partie des entreprises ayant une participation publique, le salaire du représentant des patrons, qui s'est fait chantre de la modération salariale et prône un « smic intermédiaire temporaire », inférieur au smic en réponse au chômage de longue durée, semble compliqué à justifier. D'ailleurs, chez Radiall, le salaire total moyen (et pas le plus bas salaire) est 16 fois moins important que celui de son PDG.
La masse salariale désigne le cumul des rémunérations brutes (salaires, primes, et avantages) des salariés versées au cours de l’exercice écoulé.
40 % Hodiall, 60 % Radiall
Autre chiffre qui pose question dans le rapport, le versement d'une rémunération de 1,36 million d'euros par l'entreprise à la holding Hodiall (page 79). Cette holding possède la majorité de l'entreprise (51,4 % des actions) et emploie cinq personnes, dont M. Gattaz.
Hodiall est une holding de tête (entité détenant une participation majoritaire de l'entreprise) qui facture à Radiall des services d'audit, de direction générale et de direction financière. Elle ne verse pas de rémunération supplémentaire à Pierre Gattaz mais assure une partie du salaire de ce dernier (40 %), le reste étant versé par Radiall.
Une autre holding détient Radiall (à 32,6 %), la SIR (Société d'investissement Radiall), mais elle ne verse aucun salaire.
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