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Textile, électronique : l’Amérique recrée des usines dans des secteurs inespérés

Pour la première fois, un groupe chinois, Keer, déplace une usine textile de Chine vers les Etats-Unis. L’Amérique offre des coûts de production parmi les plus bas des pays développés, indiquent plusieurs études.

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L’an prochain, les coûts de production aux Etats-Unis devraient être ainsi inférieurs de 8 % à ceux du Royaume-Uni et de 16 % inférieurs à ceux de la France et de l’Allemagne

Par Lucie Robequain

Publié le 11 mai 2014 à 13:58

Pour la première fois, un groupe chinois, Keer, déplace une usine textile de Chine vers les Etats-Unis, en Caroline du Sud. Le groupe Lenovo – un autre chinois – vient de s’installer non loin de là, en Caroline du Nord, pour assembler des ordinateurs et des tablettes. Du textile à l’électronique, les Etats-Unis voient ainsi rouvrir des usines dans des secteurs que l’on croyait définitivement acquis aux pays à bas coût de main­d’œuvre.

Ce n’est pas la seule preuve de la réindustrialisation américaine : les constructeurs automobiles asiatiques, qui sont implantés aux Etats-Unis depuis des années pour servir la demande locale, transforment ces usines en plates-formes d’exportation. C’est le cas de Toyota, qui assemble des véhicules dans le Kentucky et l’Indiana pour les exporter ensuite vers la Corée du Sud : « C’est le début d’une nouvelle ère, où l’Amérique du Nord devient une zone de production pour de nombreuses autres parties du monde », estime Yoshimi Inaba, président de Toyota Amérique du Nord. Siemens va également construire des turbines en Caroline du Nord, qui seront exportées vers l’Arabie saoudite pour la construction d’une centrale électrique.

« La roue est en train de tourner. Dans les prochaines années, ce devrait être à l’Amérique de profiter des mouvements industriels mondiaux », estime le cabinet BCG, ajoutant que le pays s’impose « comme l’un des moins chers pour produire » au sein des pays développés. L’an prochain, ses coûts de production devraient être ainsi inférieurs de 8 % à ceux du Royaume-Uni et de 16 % inférieurs à ceux de la France et de l’Allemagne, calcule le BCG.

Ce regain de compétitivité suppose beaucoup de sacrifices de la part des Américains : « Les salaires n’ont pas augmenté depuis vingt-cinq ans, en dollars constants », rappelle Jose W. Fernandez, qui a travaillé pendant quatre ans au sein de l’administration Obama. Adjoint d’Hillary Clinton, il était notamment en charge des investissements étrangers.

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Tandis que les salaires stagnent en Amérique, ils explosent en Chine. En 2006, une entreprise gagnait 17 dollars en moyenne en produisant un objet en Chine plutôt qu’aux Etats-Unis. Cet avantage n’est plus que de 9 dollars aujour­d’hui, indique le réassureur Euler Hermès dans une récente étude. Alors bien sûr, il existe de nombreux pays proposant des salaires moins élevés que la Chine (Bangladesh, Vietnam, etc.). Mais « l’instabilité de leurs monnaies constitue une réelle angoisse pour les investisseurs », poursuit Jose W. Fernandez, et la vitesse d’exécution est « devenue primordiale pour répondre aux envies des consommateurs. »

Faibles coûts de l’énergie

La faiblesse des coûts de l’énergie constitue l’autre point fort de l’Amérique : les prix de l’électricité offerts par les industriels sont actuellement 60 % inférieurs à ceux qu’ils acquittent en France. Les Etats-Unis se sont lancés sans état d’âme dans l’exploitation du gaz de schiste, ce qui assure aux industriels des ressources à la fois bon marché et abondantes.

Les Etats-Unis, qui n’ont jamais été un grand pays exportateur, se transforment de manière étonnamment rapide. Les exportations ont augmenté de 2 % au premier trimestre, soit la deuxième plus forte hausse jamais enregistrée dans l’histoire du pays. Depuis 2005, leur volume a augmenté sept fois plus vite que la croissance. Elles représentent désormais 10 % du PIB, un record historique.

Lucie Robequain, bureau de New York

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