Les épandages aériens de malathion n'ont lieu qu'à Nouméa et de manière ciblée.

Vue aérienne de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.

afp.com/Marc Le Chelard

Marquées par une mobilisation en baisse , les élections provinciales qui se sont tenues en Nouvelle-Calédonie ce dimanche 11 mai ont débouché sur une progression globale de la coalition indépendantiste et une alternance au sein du camp loyaliste favorable à une large autonomie au sein de la République française.

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Sur les 54 sièges que compte le Congrès, le parlement du territoire, les indépendantistes raflent 25 sièges. Mieux que dans l'assemblée sortante élue en 2009 où ils étaient 23 élus. En 2004, ils n'avaient que 18 sièges. Cette belle progression s'explique davantage par leur stratégie d'union électorale (une liste unique dans le Sud, pour la première fois) que par une augmentation sensible des suffrages recueillis. A l'inverse, les partis loyalistes profrançais paient cher leurs divisions : deux listes dans le Nord, cinq dans le Sud. Dans la province des Iles, où ils avaient réussi à se regrouper tous derrière l'ex-sénateur RPR Simon Loueckhote, ils n'auront toutefois aucun élu. Au total, au Congrès, les non-indépendantistes obtiennent 29 sièges. Même si les dirigeants loyalistes de Nouvelle-Calédonie se rejettent tous la responsabilité de ces divisions et en appellent désormais au dialogue, nombre d'électeurs désavouent cette politique du pire coûteuse en sièges et qui n'est pas de nature à apaiser les inquiétudes alors que le débat sur l'avenir institutionnel de l'archipel doit s'engager.

Calédonie ensemble, première formation

Dans le fief loyaliste de la province Sud (40 sièges), comme attendu, Calédonie ensemble, le parti des deux députés Philippe Gomès et Sonia Lagarde (UDI) devient la première formation avec environ 36,4% des suffrages et 16 sièges. Elle devra cependant composer avec l'un des trois autres groupes d'élus pour former une majorité dans cette province qui est la plus peuplée de l'archipel (75% de la population). Affaibli par une scission, le Rassemblement, tout en étant allié à l'Avenir ensemble au sein du Front pour l'unité, est en net recul et perd de nombreux sièges pour n'en décrocher que 9. Il devra abandonner la présidence de la province qu'il dirigeait. Nouveau venu sur la scène provinciale, l'Union pour la Calédonie dans la France, créé il y a sept mois, issu d'une scission du Rassemblement et renforcé par son alliance avec Isabelle Lafleur, la fille de l'ancien député, obtient un bon score (18,35% des voix) et remporte 8 sièges. Sa faible implantation en "brousse", en milieu rural, a limité toutefois son essor. Le Front National de Bianca Hénin et le petit parti de centre gauche Convergence pays de Stéphane Hénocque ne réussissent pas à dépasser la barre des 5% des inscrits qui donne accès à la répartition des sièges. Les indépendantistes conduits par Roch Wamytan font un bond et récupèrent 6 ou 7 sièges.

Dans le bastion indépendantiste du Nord (22 sièges), le duel entre le président sortant Paul Néaoutyine (UNI, Palika) et Gilbert Tyuienon (UC) a finalement tourné à une égalité en sièges (9 pour chacune de leurs listes). Les 4 élus loyalistes pourraient se retrouver en position d'arbitres, ce qui devrait avantager le sortant avec lequel Philippe Gomès entretient de bons rapports.

Dans la province des Iles (14 sièges), le président sortant Neko Hnepeune (UC) arrive largement en tête avec plus de 38% des voix et obtient 6 sièges sur 14.

L'éparpillement des forces qui siègeront au sein du Congrès laisse à prévoir une forte instabilité tant sont âpres les querelles de personnes et vives les divergences des programmes économiques au sein du mouvement loyaliste. Quoique traversé, lui aussi, par de nombreux clivages personnels, idéologiques ou géographiques, le camp indépendantiste paraît plus soudé par son objectif avoué d'accéder à la pleine souveraineté. Au total, il ne serait pas étonnant de voir des majorités de circonstance varier selon les sujets dans les cinq prochaines années de la mandature.

Les trois assemblées de province éliront leurs présidents vendredi 16 mai.

Le 23, les 54 élus du Congrès provenant des trois assemblées (32 pour le Sud, 15 pour le Nord, 7 pour les Iles) éliront le président du Congrès.

Début juin, le Congrès élira le nouveau gouvernement de la Nouvelle-Calédonie dont les membres éliront ensuite le président.



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