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Les français sont surtout des prédateurs

Les grands groupes français ont réalisé plus de grosses acquisitions qu'ils n'ont été rachetés, sur long terme.

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Par Marina Alcaraz

Publié le 12 mai 2014 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Les sociétés françaises seraient-elles condamnées à être des proies ? C'est la question qui peut se poser, dans le contexte du rachat possible d'Alstom. Pourtant, cet exemple pourrait n'être que l'arbre qui cache la forêt. Sur long terme, les grands groupes hexagonaux ont eu tendance à être des « prédateurs » plutôt que des cibles. Il y a eu plus d'acquisitions réalisées par des groupes français à l'étranger que le contraire, chaque année depuis 2000, à l'exception d'une année, selon Thomson Reuters. En valeur, la conclusion est la même. « Même si on a tendance à se rappeler les opérations visant des françaises, la réalité est que nos fleurons tricolores ont réalisé nombre d'acquisitions pour des montants plus importants. La plus grosse opération d'un étranger dans l'Hexagone ne serait même pas dans le Top 10 des achats réalisés par des groupes français depuis 2000 », explique Pascal Quiry, coauteur du « Vernimmen ». Danone est l'un des exemples les plus emblématiques : il a certes cédé ses biscuits LU en 2007, mais la même année, il a mis la main sur Numico, un proie bien plus importante. Dans les opérations plus récentes, on se souvient de Rhodia, acheté par le belge Solvay en 2011. A la même période, GDF Suez prenait le contrôle d' International Power et Sanofi celui de Genzyme, pour des montants environ trois fois supérieurs. Sans compter les méga-opérations du début des années 2000, à l'image de la prise de contrôle du canadien Seagram par Vivendi. « Dans plusieurs fusions-acquisitions de ces dernières années, les groupes français ont cherché à sortir de la zone euro et à s'étendre dans les pays émergents », remarque Hervé Mangin, chez AXA IM.

Des groupes de poids

L'une des explications de cette force de frappe des stars de la cote ? La France comprend des sociétés de taille plus importante que plusieurs de ses voisins, au regard du poids de son économie sur la scène mondiale. « Les entreprises du CAC 40 sont solides et disposent de plé thore de cash », rappelle Jean-Claude Rivalland chez Allen & Overy.

Toutefois, il ne faut pas seulement se réjouir. Le fait qu'il y ait moins d'opérations en France témoigne aussi de faiblesses. « En termes de culture et de langue, les Américains, par exemple, ont plutôt tendance à regarder des cibles britanniques. Surtout que le protectionnisme politique est bien plus important ici et peut décourager des groupes étrangers », reprend Hervé Mangin. « La France fait un peu peur pour ceux qui la connaissent peu », confirme Pascal Quiry. En témoigne la chute des investisseurs directs étrangers en 2013, selon la Cnuced.

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Au final, l'éventuel rachat d'Alstom par un étranger pourrait-il être l'annonce d'un changement de tendance ? Les spécialistes n'y croient pas. La volonté des ténors de la cote parisienne de grossir est intacte : certains réfléchiraient en ce moment même à des acquisitions transfrontalières. Si bien qu'à la fin de l'année, les volumes d'achats à l'étranger et ceux de rachats d'entreprises françaises pourraient n'être pas si éloignés que ça. Mais cela n'empêchera pas qu'il y ait d'autres cibles hexagonales à l'avenir, l'environnement étant devenu plus propice aux rapprochements. Les grands acteurs mondiaux sont, eux aussi, assis sur des montagnes de liquidités. « Il est classique qu'en sortie de crise, les groupes tentent de protéger leurs marges ou faire de la croissance, en faisant des acquisitions. En outre, la valorisation du marché français est attractive comparativement aux Etats-Unis », rappelle Hubert Preschez chez Société Générale. Parallèlement, après des années de crise, les cibles affaiblies seront plus enclines à vendre des actifs. « Certaines opérations auraient pu se faire il y a des années. Aujourd'hui, plusieurs groupes français sont prêts à étudier une vente ou un rapprochement, qui n'aurait pas été envisageable par le passé. »

Marina Alcaraz

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