Européennes : Karima Delli, la « ch'tite » écolo qui défie Marine Le Pen

Scrutin. Eurodéputée sortante, 35 ans, elle est tête de liste EELV dans la région Nord pour l'élection du 25 mai.

Eurodéputée sortante, Karima Delli (EELV), 35 ans, est réélue au Parlement européen, mais cette fois pour la circonscription Nord-Ouest.
Eurodéputée sortante, Karima Delli (EELV), 35 ans, est réélue au Parlement européen, mais cette fois pour la circonscription Nord-Ouest. (LP/OLivier Corsan.)

    Le tract à la main

    et une militante jouant de l'accordéon derrière elle, Karima Delli interpelle les passants. « Vous avez vu, c'est moi sur la photo », sourit la tête de liste écologiste dans le Nord aux européennes. Hier, sur le marché populaire de Wazemmes à Lille, l'eurodéputée sortante sautille, crie à tue-tête à la façon des camelots. « Bonjour les Nordistes, votez Europe Ecologie, votez pour moi ! » répète-t-elle, munie d'une écharpe aux couleurs et aux étoiles européennes.

    A 35 ans, Karima Delli est candidate pour la deuxième fois et elle est même co-porte-parole nationale de la campagne. En 2009, elle était 4

    sur la liste en Ile-de-France et donc a priori en position inéligible. Jusqu'à ce que Daniel Cohn-Bendit amène la liste à 20,86 % et donne 4 sièges à EELV. Ce soir de juin 2009, quand elle apprend son élection, Delli en a le souffle coupé. « Comment je vais finir ma thèse ? » confie-t-elle.

    Cinq ans plus tard, la jeune femme née à Tourcoing dans une famille d'origine algérienne de 13 enfants,

    « Le FN, je n'en fais pas mon obsession, mais tout nous oppose, explique-t-elle. Je suis pour l'Europe et l'euro, elle est contre. » L'écologiste a déjà débattu deux fois contre elle. « Marine Le Pen a toujours été devant des pros de la politique ; moi, elle ne sait pas comment me prendre, crâne Karima Delli. Au premier débat, je lui ai dit que j'étais contente de la voir, car je ne la voyais jamais au Parlement. »

    Sur le marché, la candidate a droit à toutes les réactions. « Vous êtes écologiste ? Comme Ségolène alors ? » lui lance Fatou. « Ah non, elle est ministre de l'Ecologie, mais elle est socialiste », rectifie Karima Delli. Un peu plus loin, elle fait face au scepticisme d'un autre Lillois. « Je suis pour l'écologie, mais avec vos bagarres dans le parti, ce n'est plus crédible. » « Les européennes ? Qu'est-ce que ça va changer à ma vie ? » bougonne un retraité.

    Quand, enfin, elle croise des électeurs l'assurant de leur soutien, elle lance un « super », levant son pouce. « Les gens sont intéressés si on prend le temps de la pédagogie, raconte l'eurodéputée. Il faut parler de l'Europe de proximité, dire par exemple que, dans le Nord-Pas-de-Calais, l'Europe finance 5 000 projets. » Bataille pour un salaire minimum européen, pour un fonds d'indemnisation chômage, harmonisation fiscale, lutte contre le traité de libre-échange transatlantique... Les passants prennent pourtant peu le temps d'écouter ses arguments.

    Les sondages prédisent pour l'instant aux écologistes des scores bien en deçà de ceux de 2009, mais Karima Delli ne se démonte pas : « Il reste quinze jours, tout peut arriver. » La candidate se réjouit de la venue vendredi de Daniel Cohn-Bendit à son meeting lillois. Ses parents pourraient être là aussi. « Ce serait leur premier meeting politique, souligne-t-elle. En 2009, je n'y croyais tellement pas que je ne leur avais même pas dit que j'étais candidate. »

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    (LP/Tanguy de l'Espinay et Sébastien Lernould)