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Amnesty dénonce la « glorification » de la torture à la télévision

Trente ans après la Convention de l'ONU contre la torture, l'ONG regrette que des séries télévisées comme « 24 heures » ou « Homeland » aient contribué à « presque normaliser » cette pratique.

Le Monde avec AFP

Publié le 13 mai 2014 à 02h12, modifié le 13 mai 2014 à 11h59

Temps de Lecture 3 min.

Un militant des droits de l'homme manifestant contre les actes de torture par l'armée américaine, en février 2005 à Washington.

Trente ans après la Convention des Nations unies contre la torture, Amnesty international a dénoncé mardi 13 mai la pratique « en plein essor » de ces sévices, « normalisés » par la guerre contre le terrorisme et « glorifiés » par des séries télévisées telles 24 heures.

L'organisation non gouvernementale de défense des droits de l'homme, dont le siège est à Londres, a lancé mardi une nouvelle campagne de deux ans visant à faire cesser la torture. Sur les cinq dernières années, Amnesty affirme avoir enregistré des incidents impliquant des actes de torture dans 141 pays dont 79 des 155 Etats qui ont ratifié la Convention des Nations unies de décembre 1984.

Une enquête mondiale auprès de 21 000 personnes dans 21 pays a également révélé une crainte très répandue de la torture, 44 % des sondés affirmant craindre d'être torturés dans le cas où ils seraient placés en garde à vue.

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Peut-être encore plus inquiétant, 36 % des personnes interrogées ont dit qu'elles considéraient la torture comme quelque chose de parfois nécessaire et acceptable afin d'obtenir des informations pour protéger la population.

« C'EST DEVENU LA ROUTINE »

La torture « a été presque normalisée, c'est devenu la routine », a regretté le secrétaire général d'Amnesty, Salil Shetty, au cours de la conférence de presse de lancement de la campagne « Arrêtons la torture ». « Depuis la soi-disant guerre contre le terrorisme, l'usage de la torture particulièrement aux Etats-Unis et dans leurs sphères d'influence (...) a été complètement normalisé », a-t-il ajouté, expliquant ce phénomène par « les attentes en terme de sécurité nationale ».

Trente ans après la Convention des Nations unies contre la torture, l'ONG regrette que des séries télévisées comme « 24 heures » ou « Homeland » aient contribué à « presque normaliser » cette pratique.

Le soutien à la torture est diversement populaire selon les pays, réunissant 74 % de partisans en Chine ou en Inde contre seulement 12 % en Grèce ou 15 % en Argentine, selon l'enquête de GlobeScan. Au Royaume-Uni, où la peur de la torture est la plus faible de tous les pays, 29 % des personnes interrogées soutiennent le recours à la torture. La France n'était pas concernée par cette étude.

Pour Kate Allen, directrice pour le Royaume-Uni d'Amnesty, ce soutien est lié à la popularité des séries télévisées d'espionnage, particulièrement violentes. « Des séries comme 24 Heures et Homeland ont glorifié la torture pour toute une génération, mais il y a une énorme différence entre la représentation dramatique créée par les scénaristes et son utilisation réelle par des agents du gouvernement dans des salles de torture », a-t-elle affirmé.

« ÉCHELLE INDUSTRIELLE » EN SYRIE

Amnesty, qui a remporté le Prix Nobel de la paix en 1977, largement pour sa lutte contre la torture, se concentre avec cette nouvelle campagne sur cinq pays dans lesquels l'ONG estime que cette pratique a le plus d'impact : le Mexique, les Philippines, le Maroc et le Sahara occidental, le Nigeria et l'Ouzbékistan.

Lire l'entretien avec le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture : « Au Mexique, la torture est devenue endémique »

L'ONG affirme néanmoins que la torture « fait partie de la vie » dans l'ensemble de l'Asie et qu'elle est également pratiquée « à une échelle industrielle » en Syrie depuis le déclenchement de la guerre civile. En Afrique, cette question n'a pas été traitée correctement par les législations locales, estime-t-elle.

Salil Shetty a également évoqué « la cruauté à l'égard des prisonniers aux Etats-Unis qui sont placés en isolement, sans lumière », l'usage de la lapidation et de la flagellation au Moyen-Orient et « l'échec persistant » des pays européens à enquêter sur les allégations de complicité de torture.

Pour Loretta Ann P. Rosales, qui a elle-même été torturée par le régime de Marcos aux Philippines en 1976 et préside désormais une institution de défense des droits de l'homme dans le pays, la torture persiste parce que « la nécessité d'une sécurité d'Etat » prévaut sur « la sécurité des individus ».

Amnesty appelle les gouvernements à prévenir la torture en fournissant un accès médical et juridique aux prisonniers ainsi que de meilleures conditions d'inspection des centres de détention. L'ONG appelle également à la multiplication des enquêtes indépendantes, en cas de soupçons de torture, afin de mettre fin à l'impunité. « Les gouvernements n'ont pas tenu leurs promesses, et à cause de ces promesses non tenues, des millions de personnes ont terriblement souffert », a conclu Salil Shetty.

Le Monde avec AFP

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