Opération transparence rue de Grenelle. Pour la première fois, le ministère de l’Education nationale livre le détail des salaires des 845.000 profs, en partant des véritables feuilles de paie et non de profils-types comme par le passé. Si la rémunération moyenne –2.469 euros net par mois– n’est pas une surprise, les inégalités entre enseignants éclatent au grand jour. Entre le jeune professeur des écoles et l’enseignant expérimenté de classes préparatoires, la fourchette s’étale de 1.658 euros à… 7.052 euros.
En bas de l’échelle, les instituteurs des écoles primaires et maternelles touchent en moyenne 2.174 euros par mois, contre 2.566 euros pour les profs certifiés des collèges et lycées et 3.505 euros pour les agrégés. Des écarts qui s’expliquent par les primes et les heures supplémentaires effectuées dans le secondaire. "La part des primes est trois fois moins importante pour les enseignants du premier degré", note ainsi le ministère. Autre motif: en moyenne, les professeurs des écoles partent plus tôt que leurs collègues du second degré à la retraite et n’atteignent donc pas les mêmes échelons de salaires en fin de carrière.
A plus de 50 ans, un agrégé gagne 4.000 euros
Avancement à l’ancienneté oblige, les écarts de rémunérations sont importants entre jeunes et âgés. Les plus de 50 ans touchent un salaire, hors prime, supérieur de 40% à celui des moins de 30 ans dans le primaire et de 60% dans le secondaire. Des chiffres qui viennent nuancer les comparaisons internationales toujours défavorables aux profs de l’Hexagone. "La France paie moins bien que la plupart des pays riches les enseignants débutants, mais la différence se réduit au fur et à mesure de la carrière", observe Catherine Moisan, la directrice de l’évaluation au ministère. La rémunération moyenne d’un professeur de plus de 50 ans en collège ou lycée s’élève à 3.027 euros par mois et à 3.993 euros s’il est agrégé.
Au sommet de la grille, on retrouve les enseignants de prépas, dont les rémunérations ont fait couler beaucoup d’encre au début de l’année. Parmi eux, les 2.139 "professeurs de chaires supérieures" perçoivent en moyenne 5.821 euros par mois, dont 36% provient des heures supplémentaires et des primes. Les 200 les moins payés émargent à 4.589 euros, tandis que les 200 les mieux payés touchent 7.052 euros.
Une aristocratie de l’enseignement qui compte moins d’un tiers de femmes, alors qu’elles représentent 69% de l’ensemble des profs. Et qui cache un phénomène plus large: "A corps ou catégorie et groupe d’âges donnés, les personnels de sexe masculin sont mieux rémunérés. De plus, ils sont plus représentés dans les corps et catégories qui rémunèrent le mieux", pointe le ministère. Peut mieux faire pour l’égalité salariale hommes-femmes…
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