Pékin accélère l'ouverture de ses marchés financiers
•Le gouvernement chinois veut favoriser l'entrée de capitaux pour redynamiser les marchés d'actions.•Mais il reste assez flou sur les détails de ce projet.
« Les marchés de capitaux de notre nation sont encore immatures et des problèmes systémiques et organisationnels demeurent. » C'est par ce jugement sans ambiguïté que le Conseil d'Etat chinois a justifié, vendredi, la publication d'un document qui promet de réformer ses marchés actions, ainsi que ceux sur lesquels se traitent les obligations et les matières premières. Dans ce texte relativement avare en détails, Pékin s'engage à supprimer une partie des limitations qui encadrent actuellement l'investissement étranger dans les entreprises cotées en Chine continentale. Il est question, plus globalement, d'augmenter les flux entrants de capitaux.
Attirer de nouveaux capitaux
Le régulateur boursier chinois, la CSRC, s'est fait plus précis, expliquant notamment qu'un investisseur étranger serait autorisé à détenir jusqu'à 10 % du capital d'une société cotée à Shanghai. Et que collectivement, les étrangers pourraient détenir jusqu'à 30 % du capital d'une telle entreprise. Le cap est clair : il s'agit d'attirer, autant que possible, de nouveaux capitaux en Chine. Car comme le notait, hier à Pékin, Patricia Cheng, qui dirige les études sur les finances chinoises pour le courtier CLSA, les banques chinoises n'assurent que très mal leur fonction de financement de l'économie chinoise, dirigeant notamment « environ 60 % de leurs prêts aux entreprises vers les groupes d'Etat ». Le système financier chinois se retrouve donc dans cette étrange configuration où la liquidité a beau avoir été abondante en valeur absolue, elle a créé des surcapacités dans certains pans de l'industrie, et si mal irrigué certains autres que la finance informelle s'est envolée.
Il est donc grand temps de doper les alternatives au financement bancaire, à commencer par la Bourse. Or la place de Shanghai a perdu 23 % de sa valeur au cours des cinq dernières années, soit la plus mauvaise performance parmi les dix plus grandes places boursières mondiales. Les capitaux étrangers pourraient redonner de l'air à cette Bourse abonnée à la déprime.
Mais là aussi, Pékin va devoir agir avec doigté. Car il redoute l'effet potentiellement déstabilisateur des flux de capitaux spéculatifs. La récente baisse du yuan, pilotée par les autorités, visait principalement à casser les anticipations haussières sur la devise chinoise. La liberté totale sur les flux entrants et sortants de capitaux n'est pas pour demain.
Correspondant à Pékin Gabriel Grésillon