Européennes. Laurent Wauquiez : « Ça suffit les caricatures ! »

 

Laurent Wauquiez en juin 2013.
Laurent Wauquiez en juin 2013. LP / Thomas Salomon

    Dans une interview à paraître mardi dans «Le Parisien»-«Aujourd'hui en France», Laurent Wauquiez, ex-ministre et député UMP de Haute-Loire, s’élève contre

    .

    En plaidant pour une Europe à six et en proposant que la France sorte de l'Espace Schengen, vous vous êtes attiré les foudres de l'UMP. Pensez-vous jouer contre votre parti dans cette campagne ?


    LAURENT WAUQUIEZ.

    C’est tout l’inverse. J’ai abordé cette campagne avec des propositions, parce qu’un vrai débat sur l’Europe est nécessaire. Arrêtons de vouloir cacher la réalité sur le fonctionnement de l’Europe. Une famille politique a besoin de débat. Comme l’avait fait Philippe Seguin il y a vingt ans, il y a des moments où l’on doit être capable d’avancer des idées neuves.

    Selon vous, cherche-t-on à étouffer le débat d'idées en ce moment à l'UMP ?

    Ce que je regrette, c’est que certains aient du mal à écouter des visions différentes sur l’Europe. On assiste à un concours d’adjectifs et de qualificatifs de ceux qui cherchent à étouffer toute voix qui ne serait pas dans le moule de la pensée unique sur l’Europe.

    Juppé, Fillon, Copé ne sont pas tendres avec vous…

    Que chacun fasse l’effort d’avancer des propositions au lieu de se livrer à des attaques. Ça suffit les caricatures et les tirs croisés dans notre famille ! On a l’impression que certains veulent délivrer des brevets de bien-pensance européenne. Est-ce un crime de dire que l’Europe à vingt-huit ne fonctionne plus ? De quel droit veut-on nous imposer de nous taire ? Certains ont-ils peur de secouer les tabous ? Edouard Balladur et Valéry Giscard d’Estaing disent aussi que l’Europe ne peut pas continuer à fonctionner ainsi. Je respecte les idées des autres et je demande que les nôtres le soient aussi. Elles représentent une sensibilité importante au sein de notre mouvement, que l’on aurait tort de mépriser.

    En affirmant que «l'Europe ne marche plus», n'êtes-vous pas allé un peu loin ?

    J’ai une ligne plus exigeante et plus directe que celle d’Alain Juppé car j’estime que l’Europe doit changer en profondeur. Les Français se posent des questions sur l’Europe de l’immigration quand ils voient Lampedusa. Ils comprennent mal pourquoi elle est incapable d’imposer aux entreprises concurrentes des règles sur notre marché. Ils ne comprennent pas les normes inutiles. Ils ne sont pas contre l’Europe, ils sont contre ce qu’elle est devenue. Arrêtons de laisser penser que les élites savent et que le peuple n’a qu’à suivre.

    Vous ne craignez pas de faire le lit du Front national, qui risque d'ailleurs d'être devant l'UMP au soir du scrutin ?

    Je pense le contraire. A force d’avoir des politiques qui n’ont plus le courage de dire les choses, on ouvre la voix au FN. Les Français sont las d’entendre les mêmes slogans comme la convergence fiscale, répétés depuis vingt ans, sans que rien ne bouge. C’est quand on fait de l’eau tiède qu’on donne envie d’aller voir ailleurs.

    Certains vous soupçonnent surtout de vouloir occuper le terrain pour entretenir des ambitions personnelles…

    C’est assez paradoxal de me reprocher d’avancer de nouvelles propositions ! La politique qui se résume à des parcours d’égo, sans qu’il y ait derrière des convictions, ne m’intéresse pas. Si je suis engagé en politique, c’est pour faire bouger les lignes, sur l’Europe comme sur d’autres sujets.

    Henri Guaino, qui dit qu'il ne votera pas pour l'UMP, est très critiqué en interne. Alain Juppé lui suggère de quitter le parti…

    Henri, pour qui j’ai estime et amitié, a exprimé une position personnelle qui n’est pas la mienne. Mais il a le courage de ses idées et a toute sa place à l’UMP.