Élections européennes : la schizophrénie du PS

Il n'y a pas qu'à l'UMP qu'on peine à s'accorder sur le programme pour l'Europe. À gauche, des divergences éclatent sur la ligne économique.

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Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. © AFP

Temps de lecture : 4 min

L'UMP n'est pas le seul parti à afficher d'importantes divergences sur la position à adopter vis-à-vis de l'Union européenne. Si le mouvement est divisé entre partisans d'une Europe renforcée sur le plan institutionnel et ceux qui, comme Laurent Wauquiez ou Henri Guaino ainsi qu'une quarantaine de parlementaires UMP, affichent une posture plus souverainiste, les divisions affichées au PS, et à gauche en général, résident plus dans une incapacité à s'accorder sur la ligne économique et budgétaire proposée pour l'Union. Résultat : les électeurs des deux partis ne voteront pas pour un programme clair, mais pour un agrégat de visions antagonistes, portées par des hommes et des femmes qui peinent à dépasser leurs désaccords.

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Exposé sur Choisir notre Europe, la plateforme des élections européennes mise en place par le PS, ainsi que dans le manifeste du PSE pour une nouvelle Europe, le positionnement du parti est clairement contre l'austérité. À ce titre, certaines figures de la majorité s'étonnent de la schizophrénie du gouvernement qui vient de faire voter un plan d'économies de 50 milliards d'euros de réduction des dépenses publiques pour respecter les 3 % de déficit imposés par Bruxelles. "Si on est contre les 3 % en Europe, il faut être contre en France. Il faut sortir de cette contradiction et vite. On ne peut pas prôner chez soi ce qu'on réfute à l'extérieur", s'insurge Pouria Amirshahi, député socialiste des Français de l'étranger, qui fut un des plus actifs meneurs de la fronde contre le plan d'économies présenté par Manuel Valls. Interrogée lundi sur France Inter, la députée EELV Cécile Duflot, galvanisée par sa sortie du gouvernement, a appelé à "sortir du bal des faux culs", "où l'on dit quelque chose en France et le contraire à Bruxelles".

"Abus de langage"

Un double discours que le parti a bien du mal à justifier. "Le plan d'économies prouve que le gouvernement respecte le sérieux budgétaire. Mais il est normal que l'on ouvre les discussions sur un traité négocié avant la crise, que les règles soient révisées et que les politiques budgétaires soient réaménagées", plaide Pierre Kanuty, candidat aux élections européennes sur la liste présentée par les socialistes en Ile-de-France. Pour répondre aux critiques, le parti a posté sur son site un argumentaire déployé par Henri Weber qui explique que des délais ont déjà été négociés pour respecter la règle et que les économies appliquées en France sont moins drastiques que celles des voisins européens comme l'Angleterre, l'Espagne, l'Irlande ou l'Allemagne. Le plan d'économies français ne relèverait d'ailleurs pas de l'austérité. "Amalgamer la politique de sérieux budgétaire menée par le gouvernement socialiste français aux politiques d'austérité conduites par les gouvernements conservateurs est peut-être de bonne guerre médiatique, mais relève de l'abus de langage", affirme l'eurodéputé socialiste, qui expose, par la suite, les mesures du gouvernement pour relancer l'emploi et l'activité des entreprises.

Autre facteur de divisions à gauche, la question de la suspension du traité transatlantique de libre-échange, baptisé Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) ou Transatlantic Free Trade Agreement (Tafta), qui fait l'objet de négociations discrètes entre la Commission européenne et les Américains depuis un an. Il a pour objectif de créer un marché commun entre l'Europe et les États-Unis. L'"aile gauche" du Parti socialiste ne veut pas en entendre parler, puisqu'elle le considère comme une porte ouverte vers l'économie dérégulée. Elle déplore, entre autres, les effets sur l'interdiction de l'exploitation du gaz de schiste en France ou l'importation de produits agricoles génétiquement modifiés. "Je ne comprends pas pourquoi il existerait un marché commun entre les États-Unis et l'UE. Que des dirigeants européens qui prétendent soutenir l'Europe soutiennent une telle dynamique me laisse coi. Il faut faire campagne sur le juste échange, pas sur le libre-échange", lance Pouria Amirshahi.

"Nous avons tout à gagner à aller vite"

Pourtant, François Hollande compte bien boucler le dossier. Conscient que le sujet pourrait tourner au clash au sein de la majorité, le président a lancé un message au gouvernement américain en février, lors de son déplacement à Washington : "Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu'il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations." Et le Parti socialiste ne compte pas non plus l'abandonner. Sur la plateforme Choisir notre Europe, le parti promet de garantir les intérêts de l'Union européenne dans le cadre de la négociation. Des divergences qui ne sont pas de nature à motiver les électeurs de gauche à se rendre aux urnes le 25 mai.

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Commentaires (17)

  • ClairSeg

    Ce que les journalistes appellent schizophrénie, n'est-ce pas tout simplement beaucoup d'hypocrisie à laquelle le parti socialiste n'a pas été capable de faire face. Le parti est "de gauche", mais en même temps un peu-beaucoup-passionnément "social-démocrate", et puis pour tout dire, avoue-t-on en coulisse : "on ne peut rien faire contre le capitalisme ! ", alors on navigue à vue entre les contraintes économiques et les discours servis au peuple... Et tout est à l'avenant... Claire Seguin Un Micro sous votre oreiller.

  • Ismaelle

    2/11 Réformer le statut de l’élu, avec interdiction du cumul des mandats fixée par une loi organique :
    Limiter à un seul renouvellement consécutif les mandats de parlementaires, conseillers régionaux et généraux. Poser le principe de l’examen périodique des conflits d’intérêts et celui de l’inéligibilité à vie d’un responsable public condamné pour corruption.
    2/12 [9/04] Inscrire dans la Constitution la liste des services publics non privatisables par nature.
    3/01 [2/03] Être les « Montesquieu du xxie siècle » en actualisant le principe de la séparation des pouvoirs et en reconnaissant le quatrième pouvoir : le pouvoir médiatique.
    - L’UPR présente une liste aux européennes dans chaque circonscrip-tion française. Ces analyses sur l'UE sont les plus poussées, même le FN exploite sans vergogne le travail de l'UPR pour sa communication. Si vous en avez assez de cette caste politico-médiatique, que vous êtes aussi contre le FN, l’UPR vous offre enfin une réelle alternative, démocratique et souverainiste. L'UPR est beaucoup plus capable que le FN d'expliquer aux français les dangers que l'UE fait peser sur nos libertés, l'UPR ayant réalisé un vrai travail de recherche et d'analyse. Plus que la sortie de l'UE, l'UPR propose un véritable programme de libération de la France, dont vous devriez prendre connaissance.

  • piedsgris

    Dangereux il nous faut = a) soit les enfermer à tout jamais ! - b) soit les éradiquer... Je propose la seconde solution !