SANTÉ - Janvier 2013, gynécologues, sociologues et médecins craignaient un abandon massif de la pilule et une augmentation sensible du nombre d'IVG. Quelques semaines après la plainte de Marion Larat contre le laboratoire Bayer qui produisait sa pilule, un vif débat médiatique s'était installé, à charge contre la pilule.
La revue Population et Sociétés publie ce mardi 13 mai un rapport sur les conséquences de cette crise sur la contraception des Françaises. Les résultats montrent que les femmes n'ont pas abandonné tête baissée leur contraceptif mais l'ont remis en question pour se pencher vers d'autres moyens de contraception. Si le tout pilule est encore la norme, certaines femmes se sont tournées vers le stérilet, d'autres, vers les méthodes dites "naturelles".
Bonne nouvelle, "Aucune désaffection vis-à-vis de la contraception n'a été observée" constatent les chercheurs de l'Ined (l'Institut national des études démographiques) après la crise de 2013. Comme en 2010, seules 3% des femmes disent n'utiliser aucun moyen de contraception. Cependant, un vrai débat s'est installé puisque les études montrent qu' "une femme sur cinq déclare avoir changé de méthode depuis le débat médiatique de 2012-2013 sur les pilules".
Depuis une dizaine d'années, le recours automatique à la pilule a reculé. Entre 2010 et 2013, cette baisse a été plus nette encore. Les pilules de 3e et 4e génération ont abandonné de moitié en trois ans. Les femmes concernées ne se sont pas pour autant tournées vers des pilules de 2e génération mais vers d'autres moyen de contraception.
En l'espace de trois ans, les poses de stérilet ont ainsi augmenté de 1,9%, le recours au préservatif de 3,2% et celui à des méthodes dites "naturelles" (les dates du cycle moins risquées pour avoir des rapports sexuels et le retrait lors de la pénétration) de 3,4%. "Cette reconfiguration du paysage contraceptif ne devrait pas s'accompagner d'une hausse sensible des grossesses non prévues" rassurent les chercheurs dans leur rapport.
Cependant, ils remarquent que les femmes n'ont pas réagi de la même façon suivant leur classe sociale. Ainsi, les femmes non diplômées "ont davantage que les autres délaissé les pilules récentes au profit des méthodes les moins efficaces (dates, retrait). Celles qui détiennent un CAP ou un BEP ont opté pour le préservatif et les plus diplômées (BAC+4) pour le stérilet".
Du point de vue des catégories socio-professionnelles, les cadres se sont plus tournées vers le stérilet. Certaines d'entre elles, cependant, on abandonné leur contraceptif pour aller vers des "méthodes naturelles" par "rejet de toute contraception à base d'hormones". Les femmes non diplômées ont quant à elles délaissé la pilule pour des raisons financières, les "méthodes naturelles" étant par définition gratuites.
"On assiste aujourd'hui à de nouvelles inégalités d'accès à la contraception, qui n'existaient pas avant 2010", souligne Nathalie Bajos, l'une des co-auteurs du rapport. Les effets de la crise économique sur la contraception impactent désormais toute la population, non plus seulement les 20-24 ans comme en 2010. Les pilules de 2e génération, le stérilet et l'implant sont désormais tous remboursés, cependant, il reste à "avancer le prix d'une consultation médicale".
Mais la situation est en train de changer. Pour les mineures par exemple, la contraception est gratuite et elles n'ont plus à avancer le frais de consultation liées à la prescription d'un contraceptif depuis 2013. Le préservatif lui, l'un des moyens de contraception le plus utilisé au début de la vie sexuelle et l'un des plus sûrs reste payant malgré une baisse début 2014 de la TVA, de 10% à 5%.