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«Liberté, égalité, accessibilité» : l'appel de 100 représentants handicapés

Des personnes handicapées ont manifesté mardi leur ras-le-bol face au report des délais de mise en accessibilité des lieux recevant du public.
par AFP
publié le 13 mai 2014 à 15h31

Sur la place symbolique de la République à Paris, cent représentants de l'Association des paralysés de France (APF) sont venus mardi témoigner de la colère des personnes en situation de handicap face au manque d'accessibilité et aux nouveaux délais annoncés. «Liberté, égalité, accessibilité», sont-ils venus réclamer, lors d'un rassemblement qui prévoyait une courte prise de parole de 100 représentants de l'association venus de toute la France.

«Après bientôt 40 ans d'attente et deux lois inappliquées en matière d'accessibilité» (1975 et 2005), l'APF déplore les délais proposés par le gouvernement pour la mise en accessibilité de la France : «jusqu'à 10 ans de plus !» Fin avril, le Sénat a donné son feu vert au projet de loi habilitant le gouvernement à légiférer par ordonnance sur de nouveaux délais, allant de trois à neuf ans, pour rendre les lieux publics et les transports accessibles aux personnes handicapées.

«Ces délais sont beaucoup trop longs, s'agace la porte-parole de l'APF, Evelyne Weymann. Nous demandons un resserrement sur deux ou trois ans maximum avec des sanctions financières importantes en cas de manquement». «Il est inconcevable pour nous d'attendre encore», a aussi indiqué le président de l'APF Alain Rochon, en lançant l'événement. «Nous représentons entre 10% et 15% de la population», a-t-il rappelé, soulignant que les personnes handicapées aimeraient, «en ce lieu symbolique», être considérées «comme des citoyens de la République».

Des prêts à taux avantageux pour la mise en accessibilité

Puis les témoignages se sont succédé, comme celui de Delphine, de la délégation du Pas-de-Calais, venue exprimer son «ras-le-bol», sa «colère face à cette société qui n'applique pas ses lois», avec des «places de stationnement trop souvent occupées par des valides», et des «magasins, restaurants, cabinets médicaux encore trop souvent inaccessibles»«J'ai droit au logement mais les appartements sont mal conçus ou les ascenseurs trop étroits», «j'ai droit au travail mais les entreprises ne respectent pas les quotas d'embauche des personnes handicapées», a aussi lancé Eric, de l'APF du Loiret.

Une pétition, portée par le sportif Philippe Croizon, pour dire «oui à l'accessibilité», a récolté près de 200 000 signatures en quelques semaines. D'autres manifestations avaient lieu dans plusieurs villes de France. A Bordeaux, une vingtaine de personnes, handicapées et valides, se sont rassemblées mardi en fin de matinée sur le parvis du tribunal de grande instance où une pyramide constituée à l'aide de plusieurs fauteuils roulant avait été disposée.

Dans un communiqué, la secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées, Ségolène Neuville, a indiqué que la Caisse des Dépôts et Bpifrance allaient pouvoir bientôt proposer des prêts à des taux avantageux pour accompagner les acteurs publics et privés dans le financement de leurs travaux de mise en accessibilité. «Mille jeunes en service civique, ambassadeurs de l'accessibilité, seront recrutés à partir de 2014 pour orienter et accompagner les acteurs dans leur démarche d'accessibilité», a-t-elle rappelé. Le gouvernement présentera aussi «un plan de communication pour rappeler les enjeux de l'accessibilité universelle», a-t-elle promis.

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