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Billet de blog 9 mai 2014

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Comment la gauche peut-elle survivre à Hollande ?

La question est posée.  A gauche, l’accord est presque unanime sur la faillite de la politique menée par François Hollande. La déroute du PS aux municipales en étant l’expression  manifeste et prévisible. Perte de son électorat que l’on retrouve chez les absentéistes, l’autre partie se répartissant entre les écologistes, le Front de Gauche et … le FN. Comment la gauche peut-elle se recomposer sur ses valeurs ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La question est posée.  A gauche, l’accord est presque unanime sur la faillite de la politique menée par François Hollande. La déroute du PS aux municipales en étant l’expression  manifeste et prévisible. Perte de son électorat que l’on retrouve chez les absentéistes, l’autre partie se répartissant entre les écologistes, le Front de Gauche et … le FN. Comment la gauche peut-elle se recomposer sur ses valeurs ?

Depuis plusieurs  années celle-ci s’est transformée. La création du Parti de Gauche, son alliance avec le PCF et des fractions de l’extrême gauche fut un premier élément de sa recomposition. Force est de constater que le Front de Gauche, tout en occupant une place importante, n’a pas été le catalyseur de tous les déçus d’un PS sans projet,  ni celui des écologistes en rupture avec le néo-libéralisme, ni de citoyens sans doute rebutés par l’image autoritaire donnée par son leader. A la veille des prochains désaveux aux élections européennes, une frange importante des élus PS ruent dans les brancards. Le renoncement d’EELV à participer au gouvernement marque un peu plus l’isolement du pouvoir.  Le départ fin 2013 de la tendance Stéphane Hessel-Larouturou, qui avait recueilli plus de 11% au dernier congrès du PS et la création de Nouvelle Donne est aussi symptomatique de sa perte de crédibilité. L’ensemble de ces modifications organisationnelles a changé le rapport de forces au sein de la gauche.  Le PS aujourd’hui est minoritaire dans le pays, minoritaire dans la gauche, et la politique de Hollande très contestée dans son propre parti.

Alors que le pouvoir ignore avec arrogance ceux qui l’ont porté aux responsabilités, il ne s’appuie pas plus sur toutes les expériences accumulées dans le pays. De nouvelles façons de travailler, de consommer, d’échanger, de s’organiser se mettent en place, jeunes pousses de formes alternatives de société. Ce bouillonnement créatif démocratique se reconnaîtra  dans un projet de transformation sociale et politique.  En même temps que s’écroule ce qui était la plus grande organisation de gauche, apparaissent  les éléments disparates d’une résistance et d’une possible reconstruction. Le Parti de Gauche en parlant d’écosocialisme et en s’alliant victorieusement à Grenoble avec les écologistes  s’est montré sensible à la nécessité de l’union. Face aux fractures, de plus en plus apparentes, du PS au pouvoir, se construisent des rapprochements embryonnaires.

Les convergences doivent, à n’en pas douter, se focaliser sur les conditions de sortie crise et pour contrer la dictature de la finance. Taper là où les privilèges se sont accumulés depuis des décennies avec comme conséquence d’un côté l’accumulation des richesses par une petite frange d’hyper riches, et de l’autre le développement de la pauvreté et de la précarité. Pour cela, lutter contre la fraude fiscale, appelée par anti-phrase "optimisation fiscale", mettre fin à l’existence des paradis fiscaux, maintes fois annoncée jamais réalisée, arrêter cette politique de diminution de baisse de cotisations sociales qui permet l’augmentation des dividendes et pas des embauches supplémentaires – et qui détruit sciemment la solidarité sociale.

Contrôler la finance, arrêter les discussions sur le traité transatlantique, mettre en place une taxation des transactions financières (pas à minima comme prévu), investir dans la protection de l’environnement et dans la transition énergétique, passer à la sixième république.

Le PS, en bout de course depuis plusieurs années, Hollande l’a achevé. Son arrivée à la tête du pays marque la fin de l’illusion qu’il portait un projet politique alternatif au néo-libéralisme. Paul Krugman parle «  de l’effondrement intellectuel du PS », Henri Emmanuelli « d’un PS en coma avancé ». Le danger, dont il nous faut prendre la mesure, est qu’il a ouvert les portes du pouvoir à l’extrême droite. Loin d’avoir donné une perspective au désespoir d’une société en souffrance, il a ajouté la révolte contre les hommes politiques dans leur ensemble, donnant ainsi matière au slogan du FN. Les promesses de campagne, non tenues, génèrent le sentiment d’avoir été trahi et le refuge dans l’abstention ou le vote de désespoir.

 Les atermoiements de Gérard Filoche misant sur un sursaut d’une partie du PS, apparaissent comme les pleurs au chevet d’un mourant ; une manifestation d’impuissance.

La question aujourd’hui est  de savoir si cette disparition va  permettre l’émergence d’une  alternative de gauche fondée sur la confluence de courants gardant toute leur diversité mais capables d’agir, penser et imaginer ensemble.

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