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Billet de blog 14 mai 2014

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Ce que personne n’écrit sur le Musée National Picasso de Paris

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le musée, de l’ancien au moderne

Le Musée est né il y a plusieurs dizaines d’années, après la mort de l’artiste, et se voit doté d’une collection de 5000 œuvres. L’Hôtel salé, qui porte encore aujourd’hui si bien son nom, est mis à disposition pour exposer le maximum d’œuvres possible.

Madame Anne Baldassari entre dans les lieux à la naissance du musée. Elle franchira toutes les étapes en partant du bas, celui de documentaliste ou d’archiviste pour devenir le "souffle nouveau" du musée avec la décision d’un ministre de la Culture et de la Communication en 2005, Renaud Donnedieu de Vabres. RRDV voit grand, c’est son habitude, et du rêve partagé d’un musée de renommée internationale au petit hôtel salé, il y avait des montagnes à abattre pour construire un monument.

Car le défi a été, pour une raison totalement ignorée à ce jour, de rester dans un immeuble trop petit, dans un quartier aux rues exiguës, dont la majeure partie des trottoirs ne dispose pas d’un espace suffisant pour les poussettes, c’est dire la difficulté lorsqu’il faudra accueillir des personnes handicapées en fauteuils, ne disposant pas de place de stationnement pour les voitures, c’est dire la difficulté lorsque les autocars des scolaires devront déverser leurs têtes blondes … A chaque coin de rue, tout prend une tournure compliquée lorsqu’il faut accueillir les groupes qui auront entre une dizaine et un quart d’heure de marche à pied avant de franchir la porte cochère de l’Hôtel de la gabelle.

Les habitués diront qu’il existe un arrêt d’autocar devant ou derrière le musée, mais la rue Vieille du temple est impraticable pour un autocar tellement elle est étroite et encombrée…c’est dire que pour une visite de scolaires, le risque de ne pas tenir un horaire devient un handicap à la visite…de ce fait l’arrêt d’autocars n’est jamais utilisé par ceux à qui il est réservé, il sert à verbaliser les voitures qui s’y gare par mégarde…une pompe à procès-verbaux, mais pas une pompe à visiteurs.

En 2005 se décide la construction du "monumental musée", ce qui n’effraie pas Anne Baldassari. Bien évidement elle n’a pas la compétence en matière de construction, sa compétence est pourtant technique et scientifique mais autour et seulement des peintures, des dessins, des sculptures de Pablo Picasso, c’est là toute sa science.

La décision politique

Pour mener à bien ce projet digne du Roi Soleil, les services du ministère de la Culture vont doter Anne Baldassari d’un grand renfort de « gens de l’art ». L'art de construire des monuments culturels. Si Louis XIV avait voulu Versailles tel que nous le connaissons aujourd’hui, il était parti d’une zone marécageuse, par fierté et orgueil, mais aussi pour des raisons politiques. Il montrait au monde qu’il maitrisait les éléments, les marais, l’eau, et surtout la nature… il était le Roi qui maitrisait les éléments et pouvait faire pousser un jardin féérique, magique et surtout divin…lui le roi de droit divin qui maitrisait les marécages.

Construire un Musée de renommée mondiale dans le Marais de Paris, un quartier où seuls les « pauvres » habitaient, les riches habitant dans le 16iem beaucoup plus pratique pour faire passer les landeaux sur les trottoirs, plus policé, plus sûr, plus fonctionnel avec ses immeubles modernes équipés de garages pour les voitures, la voiture la vraie reine des années 70-80 des peuples fortunés de ces époques. C'est dans ce quartier du marais qu'allaient se bousculer les mentalités de ces dernières décennies, qu'allait pousser un musée dédié à un artiste du 20ieme siecle.

Le défi "royal" était relevé par Anne Baldassari dès 2005, elle avait reçu cette mission "divine" de la part du "dieu" politique RDDV.

Mais le roi Soleil était tout, à lui tout seul, alors que pour Anne Baldassari qui rayonne sur le monde par sa connaissance parfaite de Pablo Picasso, son rayonnement ne touchait pas les marais et les montagnes. Pour cela le mégalomaniaque Renaud se devait de lui fournir l’assurance de son rayonnement personnel, ce rayonnement qui porte jusqu’aux Emirats Arabes Unis, à minima, quand il n’explose pas plus loin.

Alors que s’est-il passé dans le marais, devenus les sables mouvants où s’est enlisée jusqu’au 13 mai 2014 Anne Baldassari ?

Si toute la planète se focalise sur l’Hôtel salé, trop petit, comment pouvait se construire le monument international du monde Picasso en plein marais ?

Pousser les murs

Il fallait accueillir un million de visiteurs et la manne financière d’équilibre financier qui allait avec l’œuvre planétaire de l’artiste,, tête d’affiche de son  « One Artist Show » d’un musée qui allait rivaliser avec ceux qui ont des distributions énormes à leur affiche. Un musée permanent qui rivaliserait avec les expositions à affiche unique, temporaires, de la Galerie de la Réunion des Musées Nationaux, au Grand Palais, devenu depuis l’EPA Grand Palais des Champs Elysées en 2007 puis GP-RMN en 2010

Un million sur une année, c’est possible, et Anne Baladassari n’a rien d’une incompétente encore sur ce chiffre, son programme scientifique, sa scénographie, la qualité de sa pédagogie permettait d’aller à la rencontre de ce public millionnaire.

Le Marais est un musée, à lui tout seul, qui draine des milliers de touristes, de parisiens en quête de culture, allant flâner dans les rues, à elles seules, musée gratuit à ciel ouvert, avec les façades des multiples « Hotel Particulier », la place des Vosges, lieu de résidence du Roi Louis  XIII et de la Reine avec leurs immeubles abritant leur Cour, des nombreux musées gérés par la ville de Paris, autour de rues envahies de magasins « tendances » et maintenant par la prolifération des galeries proposant des nouveaux artistes. Le musée Picasso se devait de pousser les murs, ne pouvant de toute façon pas pousser les rues et les trottoirs, le baron Haussman n’ayant pas œuvré dans ce marais.

A la fermeture en 2009, quatre années (déjà) après le feu vert de RDDV, les bureaux de ce qui n’était pas encore un EPA, s’étaient déplacés sur le maigre trottoir d’en face, rue de Thorigny. Ce n’est seulement qu’en 2010 que nait l’établissement public national du musée Picasso Paris qui permettait d’avoir une personne morale capable d’agir auprès des tiers, d’acheter les murs, faire pousser le monument. Alors rappelons que c’est le ministère de la Culture l’initiateur du projet, le tuteur du musée Picasso et que cela ne va pas à la vitesse du Roi Soleil…cela va…au fil du « temps » de l’administration, du temps de la pluie qui tombe sur le Marais, gonflant les marécages, dans lesquels les ministres se suivent, sans se voir.

Il faut « pousser » les murs sur la parcelle de l’Hotel salé ; mais pas seulement.

Il faut repenser le musée sur les parties nobles du bâtiment du 17 ime siècle, repenser la scénographie, inventer les équipements moins nobles et plus techniques, un auditorium, des espaces d’accueil de scolaires…et surtout caser l’administration du Musée, ses bureaux, son poste central de sécurité, son local électrique, ses locaux techniques…tout cela avec des œuvres qui valent des milliards, des œuvres inestimables, qu’il faut assurer, qu’il faut encadrer par des contrats et des protections.

Un immeuble voisin est acheté

Il faut construire sur la parcelle 77, et c’est ce que tout le monde a vu, tant les riverains que les journalistes. Le jardin est massacré, le chantier n’avance pas, les bases de vie des ouvriers dans leurs algécos empilés sont déplacées de la parcelle de l'hotel salé, du jardin, à la voie publique…ce qui pour cette seule base vie et sa transhumance n’est pas le signe d’une bonne organisation dans la gestion, sur le long terme, du chantier.

Il est évoqué sans jamais le citer avec précision cet immeuble voisin. Il n’est pas seulement voisin. Il est limitrophe et cela change beaucoup de chose, car il est devenu partie intégrante du musée, il n’est pas de l’autre côté de la rue ou à l’autre bout dans le pâté de maisons. C‘est ce qu’il faut savoir et que personne n’écrit, c'est la seule raison du problème de livraison du chantier global.

Cet immeuble est au 20 rue de la Perle, parcelle 4 dans le pâté de maison du musée. Il est limitrophe de la parcelle 77 du musée au 5 rue de Thorigny. 

Le musée Picasso qui veut certainement ne pas parler de ses coulisses a ses raisons, peut être liées à la valeur des œuvres. Il cache l’objet exact des travaux dans cet immeuble et voudrait faire croire qu’il n’y a des travaux que de « clos et de couvert » tel que le montre le panneau sur la façade. 

Il n’en est rien.

C’est en fait le cerveau du corps de bâtiment global du musée national Picasso, la pièce maitresse névralgique, son administration, ses bureaux, son poste central de sécurité, sa liaison centrale électrique, le "passage obligé" du musée pour son fonctionnement, ses coulisses. Vous pensez que c’est une répétition mais nombreux sont ceux qui croient qu’en matière de spectacle, pour un exemple, la scène illuminée de lumière existe a elle seule pour le fonctionnement d'un spectacle... ils oublient qu’il faut du temps pour monter un spectacle...et des coulisses, des personnes qui agissent dans l'ombre.

C’est similaire avec ce bâtiment, sans lui, pas de fonctionnement, pas d’assurances, pas de surveillance, il est dans le musée et pas à coté, ni voisin comme se plait à le dire la presse volontairement mal informée.

Ce bâtiment achève actuellement le gros œuvre, aucun plan d’aménagement, de distribution n’est connu des entreprises de gros œuvre qui finissent la première partie du chantier. Le liaisonnement avec le bâtiment construit dans le jardin de l’Hôtel salé, sur la parcelle 77, l’auditorium dans le bunker très discutable, est réalisé.

La vue du chantier pour le public

Le quartier s’enflamme sur des retards, sur une pergola, plantée comme un arbre qui masque la façade « forestière »de l’hôtel salé. Et voila tous les regards attirés loin de la rue de la perle, braqués aussi sur le bunker contigue à l'Hotel salé, en tous cas, ailleurs qu’au 20 rue de la Perle… cela semble voulu par le Ministère de la Culture qui cache son véritable dysfonctionnement, Anne Baldassari présidente du musée a un directeur général nommé par le ministère de la Culture, voire plusieurs DG qui se sont succédés comme les ministres. Ce sont eux les vrais responsables avec leur ministère de tutelle, Anne Baldassari n’est en rien responsable d’un défaut de moyen et de timing inhérent au ministère. Elle, pendant ce temps, fait son travail et fait gagner de l’argent au projet de construction d’un musée monumental en faisant tourner son « Picasso Show around the World ».

Et pourtant elle a accouché d’une montagne, toute petite souris qu’elle est, dans ce système administratif. Ce système administratif et politique qui ne veut pas reconnaitre sa propre faute et préfère la congédier comme une malpropre et une incompétente. Quatre ministres sont passés par là….avec les mêmes personnes qui sont restées à leurs chaises musicales aux manettes au plus haut niveau de l’administration centrale culturelle et fiscale.

Voilà le décor, celui des murs, à suivre….

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