Martine Aubry, chronique d'un exil

La maire de Lille préfère se taire plutôt que de commenter l'action de Hollande : elle en dirait du mal. Elle tiendra en revanche un meeting avec Valls jeudi.

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Martine Aubry a été réélue maire de Lille lors des dernières municipales.
Martine Aubry a été réélue maire de Lille lors des dernières municipales. © Fred Dufour / AFP

Temps de lecture : 3 min

Alors que revoilà Martine Aubry, deux questions se posent : que devient-elle, vers où va-t-elle ? Ancienne ministre du Travail, ancienne patronne du PS, ancienne candidate à la primaire présidentielle, la meilleure ennemie de François Hollande s'est, depuis la victoire de 2012, repliée sur ses terres lilloises. Et elle ne s'implique pas dans la politique nationale, à l'exception de très rares interventions, une tribune dans la presse, la création d'un club, Renaissance, auquel elle ne participe presque pas...

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Jeudi soir, à Lille, elle partagera la scène avec Manuel Valls pour un meeting consacré aux élections européennes. L'événement est de taille, d'autant que les relations que Martine Aubry entretient avec le Premier ministre ont toujours été tendues. Elles se seraient toutefois récemment apaisées. "Manuel s'est plutôt bien comporté avec elle lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Elle a demandé des effectifs de police supplémentaires, c'est lui qui a fait débloquer la situation", assure un proche de la maire de Lille.

"Hollande et Aubry, c'est de la psychologie inversée"

Avec François Hollande en revanche, "cela n'est pas terrible", euphémise-t-on dans l'entourage de Martine Aubry. De fait, au lendemain de la réélection municipale de cette dernière, le président lui passe un coup de fil pour la féliciter. "Je suis en train de consoler tous ceux qui ont perdu", lui répond-elle froidement. Le remaniement ministériel qui suit n'arrange rien. Dans la tête de François Hollande, un seul aubryiste peut survivre dans l'équipe resserrée. Ce sera Marylise Lebranchu, dont les liens avec Martine Aubry sont pourtant distendus. Hasard ou pas, le sacrifié est le plus fidèle des fidèles, le ministre délégué à la Ville François Lamy. Lorsqu'elle l'apprend, c'est au tour de Martine Aubry de prendre son téléphone et d'appeler François Hollande. Elle lui fait savoir son mécontentement. "Elle était très en colère", assure au Point un de ses amis.

Entre eux, rien ne semble pouvoir s'arranger. "Ils ne se sont jamais aimés. Ils ne s'aimeront jamais", assure un dirigeant PS. "Hollande et Aubry, c'est de la psychologie inversée. Lui, il a l'air sympa, mais il est très froid. Elle n'a pas l'air sympa, mais elle est affective", décrypte un proche d'Aubry. Voilà pour la forme. Sur le fond, un ancien ministre de Jean-Marc Ayrault résume la frustration de la maire de Lille, dont la fibre sociale ne vibre pas sous une présidence entièrement tournée vers les questions économiques : "Renoncer à élargir le champ des possibles ne passe pas".

"Paranoïa et pensée complotiste"

Alors que des aubryistes ont pris la tête de la fronde contre le plan de stabilité budgétaire, au premier rang desquels les députés Christian Paul et Jean-Marc Germain, le monde politique et médiatique se demande si Martine Aubry est l'ombre qui plane au-dessus du fameux groupe des 41 rebelles. Si c'est elle qui orchestre la révolte contre le gouvernement. "Le problème de la paranoïa et de la pensée complotiste, c'est qu'on finit toujours par tomber malade", s'étrangle François Lamy. "Les parlementaires sont assez grands pour faire ce qu'ils veulent."

De fait, les élus socialistes répondent généralement que ces "fantasmes" sont des foutaises. Avec Martine Aubry, rien n'est organisé, rien n'est structuré. Au mieux, cette dernière entretient des relations bilatérales, coups de fil et textos, avec certains élus. Ses partisans pensent que c'est trop peu. Que sa voix manque. Elle pense qu'il est préférable de se taire. Voilà un point d'accord avec François Hollande.

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Commentaires (23)

  • Soyons Citoyens !

    Pourquoi et comment on parle encore de la "dame des 35 heures", reforme que tous les partis politiques et economistes de tout bord définissent comme plus que néfaste pour le pays... N'oublions pas non plus que l’économiste que etait derrière cette reforme, c'etait DSK ! Qui essait de refaire surface dans un premier temps comme... Spécialiste de l'economie ! Au secour... Et je vous garantie que l'on verra DSK reapparaitre en 2017 ! Comme un autre chevalier blanc.
    Malheureusement les Français ont la mémoire bien courte et sélective...

  • castorbavard

    A force de se taire, on finit par cautionner les actions que l'on n'approuve pas. Dans le flou qui nous entoure depuis l'arrivée de Hollande, se taire ou parler ne changera pas grand chose. Il est acquis que le problème majeur de la France c'est Hollande et que peut-on faire ? Rien. Les seuls à pouvoir bouger de façon positive ce sont ceux de l'opposition... ça ne bouge pas beaucoup !

  • l'expat83

    Ne pas oublier qu'elle a été le maître d'oeuvre dans la mise en place des 35 heures dont la facture a été payée par le monde ouvrier, cette réforme a participé grandement à la mise à genoux de notre économie, le dogmatisme et les expériences socialistes on a donné merci ! Madame Aubry, le seul service que vous puissiez désormais rendre à notre pays c'est de prendre votre retraite !