Croissance : Hollande pris à contre-pied sur sa promesse de «retournement»
L’annonce d’une croissance nulle au premier trimestre tombe mal pour le chef de l’Etat, qui venait d’annoncer un «retournement». Le décalage entre le discours et la réalité risque d’altérer un peu plus la confiance
« Le retournement arrive. » C’était il y a onze jours seulement et, déjà, François Hollande se retrouve « les pieds dans le tapis » – selon la formule d’un responsable du PS –, en porte-à-faux dans l’opinion. Démenti par une croissance zéro au premier trimestre qui fragilise son scénario économique pour 2014 et donne du grain à moudre à ceux qui réclament une autre politique. Ses partisans font certes valoir que d’autres indicateurs sont plus favorables, comme les créations d’entreprises. Mais ils sont nombreux, dans la majorité, à s’étonner des propos du chef de l’Etat, qui ont créé pour lui une « forme d’obligation » difficile à gérer, alors qu’il avait en main tous les éléments pour penser que ce chiffre-là ne serait pas bon.
Ce faisant, le locataire de l’Elysée voulait montrer que s’ouvre une nouvelle page du quinquennat et envoyer un message d’optimisme. Un de plus. Donner une raison, aussi, d’accepter cette politique de redressement qui se poursuit. « Si les plus hautes autorités de l’Etat tiennent un discours mollasson, ce n’est pas mobilisateur », plaide un de ses proches. « Il faut recréer la confiance. En économie, tout n’est pas psychologie mais quand même, ça se joue aussi là-dessus ! » insiste un poids lourd du gouvernement. « Il n’a pas délivré une prophétie, défend un autre. On est sorti de la récession, c’est incontestable. La question, c’est comment on accélère. »
Le choix des mots
La limite de l’exercice, c’est que l’image de François Hollande est à ce point entamée, plus encore depuis l’échec de « l’inversion » de la courbe du chômage, que les Français ne croient plus à ses promesses. Au contraire, le décalage entre le discours et la réalité, même si la photographie date de quelques mois, risque d’altérer un peu plus la confiance des acteurs économiques, plus sensibles aux chiffres de la croissance que l’opinion (axée sur le chômage). « Hollande donne surtout le sentiment d’être comme la guêpe qui s’agite, prise au piège au fond du verre », lâche un socialiste.
Le problème, en l’occurrence, c’est le choix des mots. « Retournement, soupire un partisan du chef de l’Etat, c’est un terme très fort. » Il signifie, comme celui d’« inversion », un changement brusque et complet. C’est l’image de la descente après l’ascension du col du Tourmalet, alors qu’il ne s’agit en réalité que d’un plateau, d’une stabilisation. Quand François Hollande dit que « le retournement arrive » (« à partir de 2014, la croissance repart ») les Français entendent : « le retournement est là ». Ne l’ont-ils pas entendu dire, dès l’été 2013, que « » ?
Du coup, les mois qui séparent la France du retournement annoncé seront très compliqués à gérer sur le plan politique « Parce que depuis deux ans, c’est facile ? Ce sera difficile pour lui jusqu’en 2022 », glisse un de ses fidèles, s’amusant à considérer sa réélection acquise.