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La radio veut se faire voir

Dossier. Pour attirer un public plus jeune et valoriser leur marque, les stations de radio se doivent d’offrir de plus en plus d’images sur Internet.

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Publié le 30 avril 2014 à 18h44, modifié le 30 avril 2014 à 18h47

Temps de Lecture 5 min.

Au début était la radio, média à l’évidente puissance évocatrice, la voix entretenant le mystère et le son laissant libre cours à l’imagination. Mais ça, c’était avant. Avant que les caméras n’envahissent les studios.

Dès le milieu des années 1960, la télévision filme les coulisses de rendez-vous radiophoniques populaires. Avec l’avènement d’Internet et la multiplication des chaînes d’information en continu, les liaisons entre radio et télévision deviennent banales. Et la radio filmée de plus en plus dans l’air du temps. L’image s’ajoute au son, les stations musicales diffusent leurs playlists, les coulisses, des tranches de vie de leurs animateurs vedettes, des extraits de concerts privés.

Les généralistes filment leurs rendez-vous politiques et de plus en plus d’émissions au fil de la journée. Le son, aussi bon et intéressant soit-il, ne suffirait donc plus à la radio. Il est amusant de rappeler que le premier clip vidéo diffusé sur la chaîne de télévision MTV lors de sa naissance, le 1er août 1981, était celui des Buggles. Son titre ? Video Killed the Radio Star. Prémonitoire ? Pas du tout.

A l’ère numérique, les radios évoluent vite. « Aujourd’hui, le débat philosophique sur “Doit-on ou non filmer la radio” est dépassé. Le vrai débat, c’est comment filmer la radio ! Il suffit de regarder ce que fait la concurrence ou comment nos enfants consomment la radio », assène Joël Ronez, directeur des nouveaux médias du groupe Radio France.

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86 % DES JEUNES ÉCOUTENT LA RADIO SUR YOUTUBE

Les réalités chiffrées lui donnent raison : une récente étude de la Sacem indique que 86 % des jeunes écoutent la radio sur YouTube. Concrètement, cela signifie qu’une majorité des 12-24 ans viennent au média radio par l’intermédiaire d’un écran. Qui dit écran dit image et toutes les études prouvent que l’utilisateur d’un réseau numérique ouvre plus volontiers un contenu vidéo que purement audio. Le jeune clique donc sur une vidéo avant de se laisser éventuellement séduire par le son. Aux Etats-Unis, si 75 % des adultes choisissent encore la radio pour découvrir de nouveaux artistes, 83 % des 12-24 ans passent par YouTube. Le message est clair : pour attirer un nouvel auditoire et séduire les jeunes élevés dans la culture de l’image, les radios doivent se lancer sans rechigner dans la production vidéo.

Au-delà de cet objectif de conquête des nouvelles générations, la vidéo est censée apporter d’autres avantages : visibilité accrue de la marque, notoriété amplifiée, reprises multiples sur les réseaux sociaux et les chaînes d’info en continu.

La vidéo, format vedette sur Internet, viendrait donc au secours de la radio. Même sur un très petit écran : « Le terminal numérique du téléphone portable, c’est le transistor d’aujourd’hui ! », estime Joël Ronez, qui ajoute : « La radio peut se passer d’images. Mais à travers des vidéos, des tweets, des éléments d’illustrations, des archives, les images peuvent enrichir la radio. »

Pour les stations musicales françaises dont l’audience est au beau fixe (entre janvier et mars 2014, 22,18 millions d’auditeurs ont écouté au moins une musicale, contre 21,61 millions en 2013), il s’agit de faire exister un lien visuel quasi permanent entre la station et ses auditeurs. 20 % des auditeurs de Oüi FM, la station rock de référence, viennent d’Internet, et ce chiffre ne cesse de croître. La vidéo leur permet d’écouter, de regarder et de commenter les programmes.

 

De son côté, Virgin Radio vient de lancer sa propre chaîne de télé et y diffuse les clips de sa playlist, en attendant des concerts. « Aujourd’hui, on porte sur nous des terminaux permettant de recevoir des images. La radio étant un média de l’instantanéité et de la mobilité, il est logique qu’elle propose de plus en plus d’images », souligne Tristan Jurgensen, à la tête des activités digitales du groupe RTL (qui comprend également les stations Fun et RTL2).

« Depuis septembre 2013, nous filmons douze heures par jour à RTL. On n’impose rien, le flux audio sans images est là. C’est fromage et dessert ! Nous savons qu’au-delà de deux minutes les gens se lassent et s’en vont. Nous essayons donc de limiter nos vidéos à 1 minute 30 et avons créé quatre formats pour le Web : éclairages, points de vue-éditos, décodeurs politiques et images amusantes. Concernant Fun, il y a moins d’attente sur le direct et plus sur le replay. Les séquences courtes de Bruno Guillon font un tabac. Sur RTL2, nous filmons des événements musicaux et les vidéos sont plus longues. »

Ambitieuse, RFI dispose de cinq studios équipés de caméras automatiques. Responsable nouveaux médias dans le groupe France Médias Monde qui possède les radios RFI, Monte Carlo Doualiya, mais aussi la chaîne de télé France 24, Frédéric Bonnard assure : « Chez nous, la radio ne sera jamais de la télé ! Il s’agit d’enrichir nos sons, de profiter des nouveaux médias en proposant sur les écrans soit de la radio filmée sans montage, soit des formats plus élaborés. Il faut être lucide : sans les vidéos, YouTube ne prendrait pas de programmes radios. Le son à l’état pur ne l’intéresse pas. »

De toutes les stations généralistes, Europe 1 est celle qui s’est impliquée le plus tôt dans cette relation radio-vidéo. Aujourd’hui, entre quatorze et seize heures de programmes sont filmées chaque jour. Avec une trentaine de caméras haute définition et une dizaine de professionnels de l’image dont des réalisateurs confirmés, les moyens humains et financiers sont à la hauteur des ambitions.

« Pendant longtemps, il ne s’agissait que de radio filmée, avec plans fixes. Aujourd’hui, nous proposons de multiples formats », explique Ophélie Wallaert, rédactrice en chef d’Europe1.fr. « Sur le Web, les vidéos d’humoristes maison comme Nicolas Canteloup ou Cyril Hanouna marchent très bien. Depuis mai 2012, notre “social radio” permet une interactivité efficace avec des murs de tweets accompagnant une vidéo, par exemple. Et nous allons développer de courtes vidéos d’une trentaine de secondes, envoyées par nos grands reporters sur le terrain. Sans jamais oublier que l’image est complémentaire du son. Nous faisons du Web, pas de la télé ! »

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