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Libération
à la barre

Le mobile raciste enfin retenu en appel pour la «battue aux clandos» d'Aix-en-Provence

Cinq clandestins tunisiens avaient été agressés dans un cabanon le 20 décembre 2011 par des hommes qui s'étaient donné rendez-vous avec des SMS explicites. En première instance, le tribunal n'avait pas retenu la circonstance aggravante du mobile raciste.
par Olivier Bertrand, Correspondant à Marseille
publié le 16 mai 2014 à 12h42
(mis à jour le 16 mai 2014 à 17h31)

La cour d'appel d'Aix-en-Provence vient de réformer un jugement du tribunal de grande instance de la ville qui n'avait pas retenu de mobile raciste après une ratonnade, le 20 décembre 2011. Ce soir-là, cinq jeunes Tunisiens dormaient dans un cabanon agricole du hameau des Baïsses, dans les environs d'Aix. Un paysage de champs, dans lesquels les paysans font souvent appel à des clandestins. Soudain, des coups sur la porte, sept hommes vêtus de treillis dehors, certains portant cagoules, plusieurs armés. Ils se font passer pour des policiers, se mettent à frapper, à coups de crosse, de rangers, de gomm-cogne… Puis ils repartent dans la nuit.

Auparavant, ils avaient pris le temps d'acheter le matériel nécessaire à leur ratonnade, et s'étaient donné rendez-vous en échangeant des textos, certains très explicites : «Poulet c bon pour toi ce soir on fai la mission on a acheté Tou si qui Fo.»

De retour chez lui, l’un des agresseurs avait ensuite fait ce récit, toujours par SMS, à l’un de ses copains, qui n’avait pu venir :

Pourtant, le parquet d’Aix-en-Provence avait choisi une «simple» convocation par officier de police judiciaire (procédure réservée à des faits mineurs), au lieu d’orienter par exemple vers une instruction. Contre l’évidence, il n’avait surtout pas retenu de mobile raciste. A l’audience, en première instance, la représentante du ministère public s’était cependant ravisée après les premiers papiers dans la presse et avait requis l’ajout de cette circonstance aggravante. Mais les juges ne l’avaient pas suivie et avaient prononcé des peines de dix mois avec sursis.

Du coup, ce vendredi matin, certains des mis en cause sont arrivés avec le sourire pour entendre l’arrêt de la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Celle-ci a infirmé le jugement clément. Elle requalifie les faits et reconnaît parmi cinq circonstances aggravantes le mobile raciste. Et six des agresseurs écopent de dix-huit mois de prison, dont six ferme. Les cinq jeunes Tunisiens, défendus par Olivier Lantelme, Laurent Bartholomeï et Clément Dalençon, se voient par ailleurs octroyer des sommes importantes en réparation.

Pour aller plus loin :

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