Pourquoi Hamon câline les enseignants

Pourquoi Hamon câline les enseignants
Benoît Hamon, le visage souriant du PS dans les classes. (J.MARS/SIPA)

Le ministre de l’Education nationale a reporté le jour de prérentrée des profs. Un autre geste de bienveillance après l’assouplissement des rythmes scolaires.

Par Arnaud Gonzague
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L’hypothèse avait été émise au moment de la nomination de Benoît Hamon au ministère de l’Education nationale : si le président Hollande avait confié ce délicat portefeuille à une personnalité sans expertise particulière sur le système scolaire français, c’était pour calmer le jeu avec les syndicats enseignants.

Hamon, situé à la gauche du PS, possédait a priori un profil moins ambitieux et plus consensuel que son turbulent prédécesseur, Vincent Peillon. Plus apte en tout cas à apaiser, avant 2017, les tensions avec un milieu professionnel que les socialistes se doivent de ne pas trop rebuter.

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"Câlinothérapie"

Il semblerait que l’hypothèse de la "câlinothérapie" hamonienne se vérifie : ainsi, la prérentrée des enseignants, cette journée de réunion destinée à préparer l’année et les classes, qui était prévue le 29 août aura finalement lieu le 1er septembre. Du coup, a annoncé le ministre, les enfants reprendront, eux, le 2 septembre.

Rien de bien spectaculaire dans cette décision ? Sur le plan symbolique, elle est pourtant lourde de sens. Car le report de la journée de prérentrée était réclamé par les syndicats, notamment par le  Snes-FSU, qui exigeait de conserver ce qu’il nomme le "dernier avantage de la profession" – ne pas travailler au mois d’août. On le sait, le socialiste Hamon aime les congés payés, acquis de la gauche qu’il a déjà publiquement défendus.

Mais cette décision, très politique, doit être mise en relation avec une autre, bien plus importante : la possibilité laissée par le ministre Hamon, pour les communes rurales, de regrouper sur une demi-journée les activités périscolaires nées de la réforme des rythmes scolaires. Traduction concrète de cet "assouplissement" : laisser aux enseignants une après-midi de libre qui pourra "remplacer" dans leur emploi du temps la demi-journée de travail supplémentaire (la réforme Peillon impose en effet 4 jours et demi de classe hebdomadaires au lieu de 4).

Journée ô combien symbolique

Manifestement, Benoît Hamon a résolu de placer le bien-être des enfants derrière celui des profs. En effet, le fait de répartir les activités périscolaires sur plusieurs jours de semaine visait aussi – et surtout – à alléger leur temps de classe au quotidien. L’assouplissement, même s'il ne concernera assurément qu'une minorité d'établissements, vide la réforme de cette ambition - ce qui a d'ailleurs mis en colère la principale fédération de parents d'élève, la FCPE. 

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Certes, on reconnaîtra que le ministre a également ouvert aux communes le droit - fort mal vu des syndicats - de rogner les vacances des enseignants. Mais il semble clair que le nouveau locataire de la rue de Grenelle a choisi le parti des profs plutôt que celui des élèves.

C’est un fait partagé par la plupart des chronobiologistes : les petits Français souffrent de semaines de travail trop chargées et de vacances trop longues, notamment en été. Beaucoup estiment qu’il faudrait, comme Vincent Peillon l’avait envisagé, avant de se rétracter, réduire d’une semaine ou deux les congés estivaux afin d’alléger l’emploi du temps des enfants.

Le ministre Hamon tire donc dans le sens contraire en repoussant la rentrée d’une journée. Une seule journée, oui, mais ô combien symbolique.

Arnaud Gonzague - Le Nouvel Observateur

Arnaud Gonzague
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