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Versements de l'UIMM aux syndicats : ce que les enquêteurs ont établi

Les anciens responsables de l'UIMM ont refusé de préciser ce dont ont bénéficié les syndicats. Le juge d'instruction a mené son enquête.

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Par Leïla de Comarmond, Valérie de Senneville

Publié le 7 oct. 2013 à 01:01

C'est LA question qui est sur toutes les lèvres et à laquelle Denis Gautier-Sauvagnac refuse obstinément de répondre : qui, quelles organisations, et en particulier quels syndicats, ont bénéficié des largesses en liquide du patronat de la métallurgie ? Tout au plus, l'ancien président délégué général de l'UIMM a-t-il confirmé avoir poursuivi la « tradition », ajoutant que, « comme on le faisait depuis des décennies, l'UIMM a apporté un concours financier à des organismes qui participent à notre vie sociale » (lire notre enquête page 14). L'ancien responsable patronal, qui affirme qu'il avait l'intention de mettre fin à la pratique des enveloppes, ne va pas plus loin. Son bras droit, Dominique de Calan, cite, lui, pêle-mêle « les associations, les partenaires sociaux, les intellectuels, les médias, les pouvoirs publics bien évidemment ». D'anciens collaborateurs de l'UIMM ont confirmé un financement occulte des syndicats. Ce qui conduit le juge d'instruction, Roger Le Loire, à s'interroger. « On peut tout de même se demander comment les organisations syndicales pouvaient librement négocier les conventions collectives et s'affirmer de manière indépendante dans la gestion d'organismes paritaires tout en étant subventionnées par la remise d'espèces, de manière occulte, sans aucun contrôle de la base, par l'UIMM représentant les patrons », souligne l'ordonnance de renvoi.

Perquisitions

Le juge Le Loire a lancé des investigations dont celle-ci précise le résultat pour mesurer l'ampleur des versements du patronat de la métallurgie aux syndicats. Le serveur informatique de l'UIMM a été saisi, sur lequel ont été trouvées les données comptables des exercices 2003 à 2007 retraitées par un expert près la cour d'appel de Paris. Puis a été mené un travail d'identification de transactions entre l'UIMM et les centrales syndicales, à l'exclusion de celles d'un montant de moins de 500 euros. S'y sont ajoutées des perquisitions aux sièges des syndicats ainsi identifiés. Ils sont au nombre de quatre : CGC, FO, CFDT et CFTC, seule organisation où la confédération est concernée en sus de la fédération de la métallurgie. L'ordonnance précise qu' « aucun flux supérieur à 500 euros n'était identifié au profit de la CGT ».

Elle présente un tableau des transactions identifiées entre 2002 et 2007 pour un total d'un demi-million d'euros (voir graphique ci-contre) ainsi que le chiffrage suivant pour une période plus large, allant du 5 avril 2000 au 20 septembre 2007.

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La CFTC-métallurgie, sur ces sept ans, est notée comme destinataire de près de 190.000 euros, dont quelque 90.000 au titre de la participation de l'UIMM à des tables rondes à l'occasion de comités nationaux ou congrès, le reste correspondant à des remboursements de frais de participants à des réunions paritaires. S'y ajoutent, pour la confédération CFTC, 221.000 euros. Les métallurgistes de la CGC viennent derrière avec environ 100.000 euros sur 2000-2007, dont un tiers pour une participation à deux congrès et le reste en frais paritaires. Ses homologues de FO ont touché quelque 85.000 euros pour des réunions paritaires, la CFDT-métallurgie arrivant très loin derrière à 25.000 euros environ, là aussi en remboursement de frais sur des rencontres paritaires seulement.

Tout cela représente un total d'un peu plus de 600.000 euros. Une infime goutte d'eau sur les 16,5 millions d'euros sortis en liquide entre 2000 et 2007.

L. de C. et V. de S.

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