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Alstom : le gouvernement cherche encore à peser

•L'offre de GE expire dans deux semaines. Siemens devrait se prononcer vite.•Le gouvernement ne veut pas se laisser dicter de calendrier.

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Par Véronique Le Billon, Elsa Freyssenet

Publié le 19 mai 2014 à 01:01

Siemens va-t-il finalement déposer une offre pour Alstom ? La réponse devrait venir dans les prochains jours. Le groupe allemand, qui a accès à la « data room » d'Alstom depuis environ une semaine, a été reçu vendredi après-midi à Bercy, tout comme l'américain General Electric. Chacun est crédité d'une approche constructive. « Ils sont très actifs et très souples », commente-t-on à Bercy à propos de Siemens, tandis qu'on qualifie la visite de Steve Bolze, le patron de GE Power & Water, d' « assez constructive ».

S'il veut retourner la situation, Siemens doit laisser du temps aux équipes - notamment le comité d'administrateurs indépendants d'Alstom - pour instruire son éventuelle offre avant l'expiration de celle de GE, le 2 juin. Le gouvernement, qui estime s'être redonné des marges de négociation avec la publication du décret incluant l'énergie dans les secteurs stratégiques en matière d'investissements étrangers, ne veut pas se laisser imposer de calendrier.

« C'était une réunion d'entrée de négociation, indiquait l'entourage d'Arnaud Montebourg après la réunion avec GE vendredi. Nous n'avons pas encore forcément une vision claire des solutions, cela va prendre un peu de temps. » Autrement dit, dans l'esprit du gouvernement, les discussions avec GE pourraient déborder après le 2 juin. Formellement, le décret élargissant à l'énergie la liste des investissements étrangers soumis à autorisation préalable lui accorde deux mois d'instruction.

Interrogations

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A ce stade, François Hollande et Manuel Valls ont veillé à ne pas afficher de préférence, notamment parce que Siemens n'a pas fait d'offre officielle. A l'inverse, la préférence d'Arnaud Montebourg pour le groupe allemand est connue depuis deux semaines. Et Bercy ajoute, chaque jour, des éléments nouveaux. Le ministre de l'Economie avait déjà mis en avant l'existence de « corde de rappel politique » avec l'Allemagne et opposé « l'alliance » envisagée par Siemens à une « vente par pièces détachées » à GE. Il conteste désormais que le rapprochement avec le groupe allemand soit plus coûteux en emplois que la vente au groupe américain. Surtout, il ne se satisfait pas du sort qui sera réservé au nucléaire français.

Le détourage proposé par GE ne satisferait pas EDF ni Areva. Et puis, à Bercy, on craint que la technologie nucléaire d'Alstom ne soit in fine « pillée » par son concurrent direct, le japonais Hitachi, via GE. Les deux groupes ont noué une alliance dans le nucléaire en 2007 et visent, par exemple, la construction de réacteurs en Grande-Bretagne. « Siemens, c'est mieux. Ils ne sont pas des concurrents puisqu'ils ont abandonné le nucléaire », insiste-t-on dans l'entourage du ministre.

Les grandes manoeuvres en cours dans les télécoms avec le projet de rachat de Bouygues Telecom par Orange, vu d'un bon oeil à Bercy, ont suscité des interrogations. Arnaud Montebourg n'encouragerait-il pas un tel projet pour non seulement réduire à trois le nombre d'opérateurs dans la téléphonie mobile - ce qu'il souhaite de longue date - mais aussi renflouer Bouygues, par ailleurs actionnaire principal d'Alstom ? « Nous ne voulons pas créer de lien », assure le ministre aux « Echos ». Peut-être parce que, chaque acteur de ces dossiers connaissant la volonté et les besoins des autres, il n'est point besoin de formuler.

Elsa Freyssenet Véronique Le Billon

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